Marqueur important de l'identité culturelle des Touaregs de la région de Djanet, S'beiba ainsi que huit des plus belles traditions vivantes du monde ont été inscrites ce mercredi sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l'humanité. Cette reconnaissance a été votée lors de la 9e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco qui se tient du 24 au 28 Novembre 2014 à Paris. Ce Comité intergouvernemental, composé de 24 États élus par l'Assemblée générale des États parties à la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée en 2003, se réunit tous les ans. Qu'est ce que la S'beiba ? La S'beiba est unrituel ancestral et une série de cérémonies pratiqués sur dix jours par les deux communautés vivant à Djanet au cours du premier mois du calendrier lunaire musulman ayant pour apothéose le 10e jour de Moharram, fête de l'Achoura. Àpartir du 1er jour de l'Hégire commencent les préparatifs appelés Timoulaouin à la placette de Kheila du Ksar d'Azzelouaz et à Deg Akhadadji du Ksar d'El-Mihan pour annoncer l'évènement annuel célébrant le pacte de paix entre les deux tribus d'El-Mihan et d'Azzelouazet le triomphe de Moise sur le pharaon egyptien. Le jour de Tilline,soitle 10e jour deMoharrem,les participants se réunissent sur la fameuse plaine de Taghazit à Doghia pour la cérémonie qui débute par Tanfars ( les tours de départ ), pour se terminer jusqu'au coucherdusoleil par Aghalay n'Aouatay (la tour de l'année. Les danseurs d'El-Mihan pénètrent à Doghia, du sud vers le nord, alors que ceux d'Azzelouaz du nord vers le sud, sous le rythme de gangas et Tissiouayes « poèmes » chantés par les femmes dans des mises en scène précises. La célébration de la Sbeiba se caractérise par des habits spécifiques. Les femmes portent des tenues d'apparat à double tunique dite Téleci tèn Tountawin. La première est appelée Takamist (Akhbay) wan Tari qui est une tunique aux manches très larges confectionnée à partir d'un tissu de couleur bleu foncé. La seconde est le Takamist Makhmoudi, soit une tunique traditionnelle très large confectionnée à partir d'un tissu de couleur bleu foncé également, mais qui se porte à l'intérieur. Le Tabarakèmte est l'autre accessoire vestimentaire, une sorte de pièce tissée rectangulaire de couleur violette et se connecte au niveau des épaules et enveloppe le corps sans couvrir la tête. L'Aleshou est par contre une cotonnade brillante de couleur uniforme (bleu nuit) importé du Niger, les femmes mettent Aleshou sur la tête. Les belles portent aussi de jolies sandales en cuir aux pieds, il s'agit des Ighatimen ou Temba. Après s'être habillées et maquillées, les femmes, munies de ganga (tambourin) chantent et jouent de cet instrument ancestral, elles sont d'ailleurs les seules à pouvoir en jouer durant la fête de la Sbeiba, en utilisant tagourbit. Les bijoux traditionnels de la femme targuie font partie de cet apparat de la Sbeiba où 7 bijoux sont indispensables, à commencer par le Boutir, un bijou en argent de forme circulaire, placé sur les cheveux, le Mjiditin en forme de disque placé sur la coiffure terminée, le Tijibawin qui est une médaille d'argent sous forme d'un triangle contenant des chaînes, également placées sur la sur la coiffure, le Ichaghria qui est un collier en cuivre placé sur le cou et qui pend au bas-ventre, des Tissighine ou bagues, Tizabatine, soit des boucles d'oreilles, et enfin Ezèbjan qui est une parure de bracelets et collier. Pour fêter la Sbeiba, les hommes ont eux aussi leur tenue d'apparat spécifique appelée Téleci tèn Midden. Takoumbout est donc un chapeau rouge avec un pompon appelé (Igaded) et une décoration triangulaire argent ou métal (Tera), Takoumbout est le symbole le plus important de Sbeiba, il couvre la tête du danseur. De nouveau, un Aleshou, sorte de chèche sur le visage, Tikemcine qui est le pluriel de Takamist), puisque les hommes portent aussi deux tuniques (Tari et Makhmoudi) ; souvent on porte sous cette Takamist une chemise à manches blanches. Achèkri Akerbaï est un pantalon fin, blanc ou noir, gaufré en bas et se connecte avec un fil en peau appelé T'manalt. Almakhermet est un foulard de différentes couleurs. Enfin, le Takoba épée, utilisé à cette occasion comme un symbole de force et de courage.