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Un savant de père
Publié dans El Watan le 13 - 12 - 2014

La disparition du grand penseur algérien Mohamed Arkoun, en septembre 2010, a laissé un grand vide dans le domaine de l'islamologie. Il avait voué sa vie à donner de l'Islam un visage moderne en rupture avec la rhétorique passéiste du salafisme. Il a par ailleurs contribué au dialogue et au rapprochement des religions monothéistes.
Son œuvre est importante, innovante et n'a pas encore livré tous ses secrets. Le grand public connaissait ses prises de position intellectuelles, son érudition et sa pédagogie mais ignorait tout de sa vie privée. Comme tous les esprits brillants, il donnait l'impression de ne vivre que pour la science et la recherche.
Pour permettre au public de découvrir les territoires intimes de sa vie, sa fille, Sylvie Arkoun, vient de publier une biographie très originale sur son père qu'elle a intitulée Les vies de Mohamed Arkoun*. Cet ouvrage a été pour son auteure une manière de mieux connaître son père. Un père qu'elle décrit comme toujours absent, comme donnant l'impression d'une ombre furtive au service de la science et du savoir.
Par ailleurs, Les vies de Mohamed Arkoun se présente d'une façon très inattendue dans sa composition. Ainsi, on peut y trouver le journal de l'auteure, puis une partie de la correspondance de feu Mohamed Arkoun avec le père Maurice Borrmans qu'il a connu à Beni Yenni quand il faisait ses études dans la mission des pères blancs. Elle nous rappelle un peu cette correspondance intense inscrite dans la durée entre Albert Camus et son professeur Jean Grenier.
Ces lettres qui ponctuent le texte sont des embrayeurs qui permettent à la biographe de transporter le lecteur dans les différentes vies du penseur. Aucune chronologie n'est respectée dans le livre, le lecteur survole les époques et les territoires pour reformer les pièces du puzzle d'une vie riche et exaltante.
D'abord, on découvre feu Mohamed Arkoun à l'hôpital complètement éreinté par la maladie. Il est bien entouré par sa famille, avec la présence de sa dernière épouse et de sa fille aînée, née d'un premier mariage avec une Française. Sylvie Arkoun décrit les derniers instants de l'intellectuel, toujours à la recherche d'un article à lire ou à corriger et des notions qu'il n'hésite pas à débattre avec les différents visiteurs. Son esprit est toujours vif et son savoir intact. Mais, les médecins avertissent la famille que les jours de ce patient hors du commun sont comptés.
Le décès de Mohamed Arkoun met la famille dans un grand désarroi. La fille ne comprend pas pourquoi on a choisi le Maroc comme son ultime refuge, alors qu'il est né en Algérie. Mais la décision était prise par rapport à la nationalité de son épouse qui était marocaine. Il aura des funérailles grandioses à la hauteur de sa célébrité. Après cet épisode de l'accompagnement à sa dernière demeure, Sylvie Arkoun ramène le lecteur à l'arrivée du jeune Mohamed en France.
Son arrivée en métropole coïncide avec la date historique du 1er Novembre 1954. Il était venu à Paris pour préparer le concours de l'agrégation en lettres arabes. Il était décidé à réussir et il ne va pas lésiner sur les moyens, à savoir un travail assidu toute la semaine et sans répit. Pour souffler un peu après une année studieuse, il embarqua pour la Grèce dans un voyage entre étudiants. Il fera la connaissance d'une jeune étudiante parisienne qui prépare une licence en lettres classiques. Les danses et les longues promenades qu'ils partagent les rapprochent pour donner naissance à un mariage à Strasbourg, où il est affecté dans un lycée.
A côté de ses activités pédagogiques, il avait aussi des activités nationalistes car il avait adhéré à l'UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens). Son soutien actif au FLN lui vaut de voir la police débarquer chez lui, frôlant l'arrestation. Sylvie Arkoun propose aussi aux lecteurs quelques séquences de la vie intime du penseur et de sa famille. La fille biographe va de surprise en surprise, surtout quand un hommage est organisé à la mémoire du défunt par l'Institut du Monde arabe de Paris et la découverte de l'existence d'une certaine Helga Waeger. Cette dame révèle à la fille avoir eu une liaison avec son père pendant presque onze ans.
Lors d'une rencontre avec cette dame imposante, Sylvie égrène avec Helga les souvenirs des escapades des deux amoureux à travers quelques sites féeriques d'Europe. Le lecteur se rend compte que derrière cet intellectuel austère et brillant se cachait un séducteur.
Mohamed Arkoun avait aussi des relations très particulières et très fusionnelles avec son frère cadet Ameur qui est resté en Algérie. Enfin, le retour en Algérie pour Sylvie Arkoun s'impose comme une sorte de pèlerinage pour remonter aux sources et se ressourcer.
A Beni Yenni, elle rencontre la grande famille des Arkoun, se rapproche de ses ancêtres et des lieux fondateurs qui ont permis à Mohamed Arkoun de devenir le célèbre penseur. Hasard ou atavisme, Sylvie Arkoun, après une mini-carrière dans le marketing, fait une migration professionnelle pour réorienter sa carrière vers la création des bijoux.
Signe du destin, quand elle annonce ses nouvelles activités à son père, ce dernier lui apprend que sa grand-mère Dehbia descendait d'une grande lignée de bijoutiers. Cette biographie consacrée à feu Mohamed Arkoun ouvre des perspectives aux éventuels chercheurs pour vulgariser la pensée de ce grand intellectuel humaniste.


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