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Ce que les prénoms de nos enfants disent de l'Algérie actuelle
Publié dans El Watan le 15 - 01 - 2015

Dans les crèches ou les écoles primaires, il est possible de croiser des enfants dont les prénoms étaient impensables il y a vingt ans. La tendance des enfants de l'an 2000 est aux prénoms à consonance universelle. Le prénom peut aussi être un signe des projections inconscientes — ou pas — des parents. «Quand il grandira, il volera de ses propres ailes et je n'essayerai pas de l'en empêcher.
Peut-être choisira-t-il d'aller sous d'autres cieux, et je le comprendrai. J'ai donc voulu lui donner un prénom passe-partout», explique Ali, père du petit Samy. «Mon épouse voulait l'appeler Ziad, un prénom que je trouve trop typé», explique-t-il. Pour Ali, il est essentiel de prendre en compte le fait que le monde a changé. «Aujourd'hui, le simple fait de s'appeler Mohammed fait de nous des coupables aux yeux du reste du monde. Il n'est pas question de laisser quiconque condamner mes enfants», considère-t-il.
D'autres parents tiennent à affirmer leur identité arabe et musulmane. «Il faut être fier de porter un beau prénom arabe et montrer que malgré tout on arrive à avancer. Même si tu appelles ta fille Caroline, elle restera algérienne, alors il faut assumer !» estime, de son côté, une mère de deux enfants, Kaouther et Raouf. Beaucoup d'autres parents puisent dans le Coran pour trouver des prénoms à leurs enfants.
«Ton nom est ton destin»
L'acte de donner un nom à l'enfant à naître est loin d'être anodin. Chérif Sini, enseignant à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, relate dans une étude intitulée «Des Algériens et leurs prénoms, éléments pour un protocole d'enquête socio-linguistique» parue dans un cahier du Crasc consacré aux noms et à l'état civil, le cas de Smina, angoissée par le contenu sémantique de son prénom, de Massinissa excessivement fier des références historiques de son prénom, mais peiné par sa lourdeur symbolique, de Akli, conscient du risque de porter un nom trop particulier, et de Sonia, heureuse dans le vernis que lui procure son prénom.
Selon l'auteur qui a mené une enquête sur le terrain, «le choix ou le rejet de tel ou tel prénom semblerait répondre tantôt à des croyances intériorisées, dont on est parfois inconscient, tantôt à des motivations de nature idéologique et qui fonctionneraient comme des prises de positions politiques».
Plus que tout, les parents disent rechercher l'originalité. C'est désormais sur le Net que les futurs parents trouvent l'inspiration. C'est ainsi que des prénoms longtemps tombés dans l'oubli reviennent au goût du jour, à l'exemple de Damya ou Mira. «J'ai eu l'idée du prénom Damya pour ma fille grâce à une liste de prénoms berbères dénichée sur le Net. C'est joli et c'est dans l'air du temps», explique un jeune papa.
Un noyau dur de prénoms berbères a traversé les siècles. Selon Mustapha Tidjet, de l'université de Béjaïa, qui a publié une étude sur les prénoms berbères (Crasc) la composition du prénom kabyle a connu une certaine stabilité depuis le moyen-âge jusqu'à la fin du XXe siècle. «Le Printemps berbère a fait prendre conscience aux Kabyles d'une existence d'une autre Histoire de l'Algérie, explique-t-il. C'est ce qui les a poussés à déterrer des prénoms longtemps oubliés.
En se réappropriant les noms des anciens guerriers et rois berbères, les militants de la cause amazighe voulaient montrer qu'ils connaissaient leur histoire et qu'ils tenaient à la réhabiliter.» Le chercheur précise que dans la foulée des revendications identitaires, deux types de prénoms sont apparus : des noms que l'histoire antique a retenus, ils ont été ressuscités mais avec leur forme altérée. En général, on retient la forme francisée telle qu'on la trouve dans les livres d'histoire : Massinissa, Juba, Jugurtha… Passées les premières années de militantisme, les Kabyles ont commencé à prendre conscience que ces noms berbères étaient des signes linguistiques avec leurs signifié et leur signifiant. «Les anciennes formes, écrit-il, sont reprises avec des formes berbérisées.
C'est ainsi que Jugurtha a donné Yougariten. On trouve des noms communs qui ont des qualités recherchées : Tilleli (Liberté), Tiziri (Clair de lune). On rencontre aussi des noms d'animaux qui, par métaphore, désignent des qualités recherchées : Tannina, Ghilas…». Le fait est que l'évolution des prénoms est intimement liée à l'histoire du pays. Au lendemain de l'indépendance, beaucoup d'Algériens ont donné des noms de maquisards à leurs enfants (certains quinquagénaires portent les prénoms Ben Bella ou Boumediene).
A la fin des années 70', l'Algérie s'ouvrait sur le monde, les films égyptiens et autres séries télévisées permirent d'agrandir le fonds des prénoms possibles. Aujourd'hui, de nombreuses mamans s'inspirent des feuilletons turcs (doublés en arabe syrien) pour trouver de beaux prénoms à leur progéniture. «La quête de l'originalité peut être nuisible, nous dit une trentenaire.
Je suis née au début des années 80' et ma mère a choisi de m'appeler Majda en référence à la chanteuse libanaise très célèbre en ce temps-là. C'était certes un prénom original pour l'époque, mais j'ai eu beaucoup de mal à l'adolescence, l'âge auquel nous voulons ressembler à tout le monde. Et je trouvais que ce prénom suintait l'arabité, moi qui reste attachée à ma culture kabyle.» Il n'empêche que si les prénoms universels ont valeur d'un phénomène nouveau dans la société algérienne, ils restent des faits immuables.
Farid Benramdane, toponymiste au Crasc, observe dans une étude sur «l'usage des bases anthroponymiques et des particules filationnelles dans les prénoms algériens que l'emploi des particules à caractère religieux sont — presque — inchangés. Se basant sur un mémoire qui porte sur les prénoms donnés dans une région de l'ouest (Mostaganem) de 1900 à 2000, il souligne que les prénoms composés avec «Abd» sont passés de 18,60% en 1900, à 14,40% en 1950 et à 16,40% en 2000.
Les prénoms composés avec «Eddine» ont connu une avancée exponentielle, allant de 0,20% en 1900, à 2,20% en 1950, et à 6% en 2000. «Ils représentaient en l'an 2000 le 1/5 de la nomenclature locale», explique M. Benramdane. Il fait remarquer l'attribution de plus en plus fréquente des noms composés avec Mohammed : 1,9% en 1900, 2,8 en 1950, et 11,8% en 2000. Sans doute n'y-a-t-il pas là lieu de s'en étonner, surtout comme le souligne le chercheur, Mohammed dans la communication sociale algérienne joue le rôle d'un appellatif : «Ya Mohammed !), équivalent de «Monsieur».


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