Avec ou sans charte d'éthique et de stabilité, la reprise des cours dans les établissements scolaires est toujours accompagnée ou précédée d'appels à la mobilisation syndicale des enseignants. Dans le système éducatif national, le triptyque n'est pas le savoir, l'élève et le maître, mais le ministère, le syndicat et la justice. On se rappelle du sort des élèves, lorsqu'il s'agit de chercher en catastrophe les moyens de rattraper les retards dans les cours, en leur affectant des enseignants vacataires pour remplacer les grévistes incidemment radiés pour «abandon de poste». Le scénario de l'année dernière, la grève illimitée qui avait été conclue par des lettres de licenciement, est proprement traumatisant, pas uniquement pour les élèves et leurs parents, mais aussi pour l'opinion publique qui avait suffisamment de motifs d'inquiétudes dans la vie quotidienne en temps de crise. Dans l'école algérienne, depuis de nombreuses années, le cycle des grèves, souvent infernal, a supplanté celui des enseignements fondamentaux qui promettent l'élève à une vraie formation, à son accomplissement et épanouissement. Au «charbon» depuis des années, la ministre de l'Education nationale dépasse en endurance tout l'Exécutif réuni. Pour garantir un enseignement régulier lors des deux prochains trimestres et une organisation apaisée des examens de fin d'année scolaire, elle n'hésite pas, comme hier, à charger ses propres subordonnés dans les directions de wilaya au sujet des prémices de tension sociale. Ils ne lui transmettraient pas en temps réel les doléances des syndicats et il y aurait défaillance dans la gestion locale. Il n'est pas dit que cela va rasséréner les organisations syndicales qui multiplient les réunions pour sérier des revendications restées en latence. Ces collectifs disposent sans doute d'une réelle représentativité au sein des personnels enseignants et les doléances formulées ne sont pas démenties par la réalité de leurs conditions de travail et de leur situation sociale, lesquelles ne diffèrent guère de celles des autres catégories professionnelles, en revanche moins accablantes que le sort des personnes au chômage. Cependant, les actions de protestation sont moyennement acceptées par la population lorsqu'elles concernent des secteurs aussi névralgiques que l'éducation et la santé, où les victimes collatérales sont particulièrement vulnérables. Aux mots grève et pourrissement qui ont tant prévalu ces dernières années, devraient succéder, précisément dans l'institution éducative, les notions de réformes et même de sauvetage. A ce niveau, l'agenda officiel n'annonce rien de nouveau. La seule réforme portée à bout de bras est celle du bac. Comprendre la réduction du nombre de jours d'examen et l'intégration de l'évaluation continue. La remise à plat des programmes scolaires pour les inscrire dans une démarche résolument moderne et scientifique n'est toujours pas à l'ordre du jour. Les derniers signaux envoyés par la tutelle n'inspirent pas une grande espérance. Elle assure simplement que les «sciences islamiques» et l'histoire seront maintenues dans les épreuves écrites avant de prétendre à un cursus universitaire. Le déficit notoire était celui des mathématiques et des langues étrangères.