Accompagné de Sid Ahmed Dibono au piano, Rabah Azoug à la flûte, Chemsdine Miri au banjo, Abdelhadi Boukoura et Redha Tabti au violon, Djihad Labri au kanoun, Farid Hamache au luth, Rachid Eroukma à la derbouka, Rachid Aït Idir au tambourin, l'artiste de Blida a, devant une assistance assez nombreuse, interprété des extraits d'une nouba Mezmoum. Il a commencé avec des inquilabat, Dkhelt lel Riad medhouche et Jadak el ghaythou, puis a enchaîné avec un derdj Lilahi ma assaab rahil, un insraf farakouni et deux mkhilsat, Ya rouhi ouya rouhani et Ya moukabil. «Le Mezmoum est le plus universel des modes andalous. C'est le mode que l'on retrouve dans pratiquement toutes les musiques. En plus, c'est un mode qui sied à l'atmosphère de ce soir. Il est empli de sérénité et de sensibilité», a souligné Farid Khodja. Dans la deuxième partie de la soirée, le chanteur muni de son r'bab a choisi le qcid beit ou syah, Zenouba de Cheikh Benali qu'il a interprété en mode zidane selon la version de Dahmane Benachour, un autre enfant de Blida. Je voulais réhabiliter le bit wa syah. Depuis quelques années, j'incorpore un bit wa syah dans chaque programme. Dommage qu'on ne le chante que très rarement. C'est presque une nouba, mais d'expression populaire. Zenouba est un texte sublime qui chante la femme dans un vocabulaire recherché», a-t-il dit. Il a voulu rendre un petit hommage à Zenouba Baba Moussa, une grande fan qui a contribué à l'organisation du concert à la Basilique Notre-Dame d'Afrique. Il a ensuite enchaîné avec des khlassat en mode sika, avant de reprendre Nar hwakoum lahab en mode Sahli. Farid Khodja a invité les présents à chanter en chœur et en mode sika légèrement revisité Chems al achia que tous les chanteurs de la musique arabo-andalouse maghrébins interprètent. «Chanter de l'arabo-andalou dans une basilique est de nature à nous réconcilier avec nous-mêmes et nous réconcilier avec les autres religions. C'est une forme de dialogue. Nous avons besoin de cette tolérance pour pouvoir appréhender le futur. Nous vivons dans un monde où l'intolérance est reine. On veut qu'à travers la musique on arrive à apaiser les esprits et installer un dialogue», a-t-il déclaré à la fin du spectacle. Le projet d'animer un concert à la basilique est né depuis quelques mois. «Lors d'un déjeuner avec Mgr Teissier, nous avons parlé de l'idée d'organiser un concert. On avait le choix entre deux endroits, la bibliothèque catholique ou ici. Avec l'aide de Zenouba Baba Moussa, le choix s'est porté sur la basilique. Et animer un concert le soir d'un 5 Juillet est hautement symbolique. C'est un beau geste de l'équipe de Notre-Dame d'Afrique au peuple algérien», a soutenu Farid Khodja. Père Aldo, recteur de la basilique, a estimé que le choix de la date du concert était une manière de fêter «l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, la liberté retrouvée et l'unité du pays». «Le Vatican a envoyé, au nom de l'Eglise catholique, un message aux musulmans, hommes et femmes du monde, pour leur dire que le chrétiens sont de cœur et de prière avec eux en ce mois sacré du Ramadhan. Un mois durant lequel les musulmans s'adonnent à la prière, pensent aux pauvres et aux gens qui souffrent, se retrouvent entre eux dans une certaine harmonie. C'était donc pour marquer cela que nous avons organisé ce concert», a estimé Père Aldo. «La musique arabo-andalouse appartient au monde arabe et vient aussi de l'Espagne. Là, où pendant longtemps, chrétiens et musulmans ont su vivre ensemble en harmonie et en toute convivialité. Cette musique a un sens particulier donc», a-t-il ajouté. Narandj (Le bigaradier) est le titre du prochain album que Farid Khodja prépare en collaboration avec Denis Martinez. «Narandj fut frappé d'une espèce d'interdiction en Andalousie parce que le mot commence par ‘‘nar'' (feu) qui rappelle l'enfer. Il fallait attendre la période des Tayfas pour que le fruit soit réhabilité. Il faut savoir que les allées bordées de bigarades à Blida sont un héritage andalou. Donc, l'album sera un clin d'œil pour la cité de Blida et son patrimoine», a relevé le chanteur. L'album sera riche en chansons aroubi et hawzi, certaines écrites par Abdelhabi Boukoura. Pour ce mois de Ramadhan, Farid Khodja sera en concert le 13 juillet à la salle El Mouggar à Alger.