La Russie, en outre visée par des sanctions occidentales en raison de la crise ukrainienne, ne fait pas exception. Face à la récession qui frappe depuis un an, le gouvernement a déjà procédé à d'importantes réductions d'effectifs dans l'administration ou le secteur de la santé pour consacrer ses efforts au soutien des secteurs en difficulté (banques, bâtiment, automobile, etc.). Et alors qu'elle espérait une amorce de reprise en 2016, la baisse soudaine des prix du brut européen à ses plus bas niveaux en plus d'une décennie est venue tout bouleverser. «L'année prochaine ne sera pas simple», a reconnu hier le ministre russe des Finances, Anton Silouanov à la télévision. «Les dernières prévisions montrent que le prix de vente de nos principales exportations pourraient être plus bas que prévu», a-t-il expliqué. La Russie tire plus de la moitié de ses revenus budgétaires de ses exportations d'hydrocarbures. Ses prévisions économiques pour 2016 ont été bâties sur un baril à 50 dollars, alors qu'il était d'environ 37 dollars hier à Londres. M. Silouanov a estimé que le baril pourrait rester autour de 40 dollars en moyenne l'année prochaine et que des mesures visant à réduire les dépenses et des «privatisation» étaient prêtes à être intégrées au budget dès le début 2016. Il a évoqué une possible baisse de la part de l'Etat dans le géant pétrolier Rosneft, actuellement de près de 70%. L'objectif fixé par le président Vladimir Poutine est de maintenir le déficit à un maximum de 3% du PIB au nom de «l'indépendance financière». Si le budget est resté dans ces limites cette année, avec un déficit évalué par M. Silouanov à 2,8% à 2,9%, la tâche s'annonce difficile l'année prochaine. D'ores et déjà, le gouvernement a décidé de n'augmenter les retraites que de 4% début 2016, face à une inflation de plus de 13% sur 2015. Il a aussi repoussé une baisse des taxes prévue pour les producteurs d'hydrocarbures mais prolongé des mesures de soutien du marché immobilier ou des ventes automobiles. Car au-delà du casse-tête budgétaire, l'aggravation de l'effondrement du marché pétrolier assombrit l'ensemble des perspectives économiques de la Russie. Reflétant ce renversement de tendance, le rouble a atteint hier, dernier jour de cotation de 2015 à la Bourse de Moscou, son plus bas niveau de l'année face au dollar qui est monté à 73,23 roubles. L'euro a atteint 80,12 roubles, un niveau pas vu depuis fin août. La monnaie russe a donc enregistré une perte d'environ 20% face au dollar sur l'année 2015, qui fait suite à une chute de 40% en 2014. Après avoir assuré que l'économie avait touché le fond pendant l'été, les autorités se montrent plus prudentes. Vladimir Poutine ayant prévenu qu'il fallait se préparer à «tous les scénarios». Le gouvernement prévoit pour l'instant un rebond de 0,7% du PIB l'année prochaine, après une chute évaluée à 3,7% cette année. Mais la Banque centrale estime que si les cours du pétrole restent à 40 dollars toute l'année prochaine, le PIB chutera de plus de 2%.