Des habitants des zones rurales se plaignent aussi de troubles, voire d'intoxications aiguës, susceptibles d'avoir un lien avec leur exposition aux pesticides utilisés à proximité de leurs domiciles. Les pouvoirs publics sont donc interpellés quant à l'usage des engrais et autres pesticides qui se fait dans une totale anarchie et avec tous les dangers qui s'ensuivent sur la santé publique en général. Ainsi, l'Association de protection des consommateurs, des agriculteurs consciencieux, des chasseurs, des médecins et des apiculteurs tire la sonnette d'alarme quant à l'utilisation anarchique des produits phytosanitaires à Mostaganem. Elle appelle au respect des doses de pesticides utilisés. «Ces produits, abusivement employés, menacent d'extinction les populations de lièvres, de perdrix et autres abeilles vivant dans les zones agricoles de la wilaya», déplore l'association. Des informations recueillies auprès de nombreux fellahs et de chasseurs font état de la découverte tout récemment de gibier et oiseaux gisant à même le sol à proximité des champs agricoles, où les produits ont été aspergés de pesticides. Une telle situation a soulevé une grande inquiétude chez les agriculteurs et les amoureux de la nature. Des agriculteurs et apiculteurs sont passés à notre bureau pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur cette utilisation immodérée de pesticides. Ces derniers qualifient le phénomène de «fléau». «Il est difficile de se faire une idée exacte du nombre d'animaux sauvages décimés par les pesticides, du fait que beaucoup, empoisonnés, passent inaperçus, se cachant ou allant mourir dans les buissons et les terriers», soupirent nos interlocuteurs. D'autres citoyens ajoutent que l'utilisation anarchique de ces produits toxiques est la cause principale de la rareté du gibier. De leur côté, A. Abderrahmane et Z. Nassim, des spécialistes phytosanitaires, ont indiqué que plus de 60% des agriculteurs utilisent des pesticides et produits phytosanitaires, alors que la culture dans la wilaya est cyclique, ajoutant que les services concernés et ceux de l'environnement doivent veiller sur l'utilisation modérée des pesticides et trouver une solution à cette menace qui pèse sur la faune et la flore en général. Un phénomène considéré comme «dramatique», regrettent-ils. Face à ce constat, des campagnes de sensibilisation sur les dangers de ces produits toxiques à l'intention des agriculteurs sont recommandées.