Lors du sommet du G8 à Deauville en mai 2011, ils s'étaient engagés à aider la Tunisie à hauteur de 25 milliards de dollars. Dans l'interview qu'il a accordée à El Watan (4 février 2015), le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, avait expliqué que cette promesse venait en réponse à une requête de financer le plan Jasmin tunisien. «Nous avons expliqué que nous avions des problèmes économiques parce que, d'un, nous venions d'avoir une révolution et, deuxièmement, pour redresser la situation en Tunisie, nous avons besoin de beaucoup de soutiens… On nous a promis de nous soutenir à hauteur de 25 milliards de dollars», avait dit le président tunisien, pas très optimiste puisqu'il a ajouté : «Jusqu'à maintenant, je n'ai pas vu grand-chose…» C'était en février 2015. Depuis, Béji Caïd Essebsi est revenu au G7 (Allemagne) en juin 2015, en tant que président de la République tunisienne qui a réussi sa transition démocratique. Mais les grands de ce monde n'ont pas tendu la main à ce pays. Raisons Selon l'économiste Sami Aouadi, il est clair que les donateurs ne misent pas sur la réussite de la Tunisie. «L'exemple tunisien ne les intéresse pas, car le pays ne présente aucun enjeu géostratégique pour eux», explique-t-il en ajoutant : «Regardez comment ces mêmes donateurs ont fait avec l'Egypte lors du sommet économique de Charm El Cheikh de mars 2015. Une centaine de pays et plus de 1500 investisseurs y sont venus. L'Egypte a bénéficié d'investissements directs grâce à des contrats signés, d'un total de 36,2 milliards de dollars et de crédits de l'ordre de 5,2 milliards de dollars en provenance d'organismes et de Fonds internationaux, et des accords pour des projets financés à hauteur de 18,6 milliards.» «L'Egypte a bénéficié au total de 60 milliards de dollars. Et personne ne peut me convaincre que la situation sécuritaire en Egypte tranquillise les investisseurs plus que celle de la Tunisie», a conclu l'expert économiste. Le secrétaire général du parti Al Massar, l'universitaire Samir Taïeb, justifie cette ‹situation par la faiblesse de l'impact de l'expérience tunisienne sur la région. «La société tunisienne est déjà atypique dans son environnement arabo-musulman. La réussite de l'expérience tunisienne n'intéresse pas les grands de ce monde dans la mesure où les autres pays de la région ne s'identifient pas à la Tunisie. C'est pour cette raison que le G7 n'a pas décidé un geste pour la Tunisie, alors que les mêmes pays ont aidé l'Egypte qui est loin d'avoir réussi sa transition», explique Samir Taïeb, qui comprend les difficultés rencontrées par le gouvernement de Habib Essid. «Le recours au Fonds monétaire international (FMI) n'était pas un choix. Mais un dernier recours. Tous les pays ont promis d'aider la Tunisie. Mais, finalement, seule la France a accordé un petit prêt d'un milliard d'euros sur 5 ans. Le gouvernement n'a pas d'autre recours», affirme donc cet universitaire, considéré comme l'un des leaders de l'opposition. Dernier recours Pour réussir à dépasser sa crise économique, la Tunisie est donc obligée d'obtenir un prêt de 2,5 milliards de dollars du FMI, pour l'appui de son programme de réformes économiques. Le Fonds a réagi favorablement à la requête tunisienne parce qu'il a constaté que la croissance économique est freinée par l'attentisme des investisseurs et l'incertitude régionale, le chômage est élevé et le déficit du compte courant reste considérable. Or il est important de «promouvoir le développement du secteur privé et de moderniser le secteur public. Des financements additionnels seront nécessaires pour reconstituer les marges de manœuvre, tout en corrigeant les inefficiences structurelles qui réduisent la capacité de création d'emplois et le potentiel futur de la croissance», a souligné le président de la mission du FMI, Amine Mati, un connaisseur du dossier tunisien. Le conseil d'administration du FMI siégera le 22 avril prochain pour la validation du prêt à accorder à la Tunisie en appui au futur plan qui s'étalera sur quatre ans, à la demande du gouvernement tunisien. Ce prêt relève du «mécanisme» élargi de crédit, destiné aux «pays qui sont aux prises avec de graves problèmes de balance des paiements à moyen terme en raison de faiblesses structurelles qui tarderont à être corrigées». Le site du FMI précise que la durée de 4 ans n'est pas usuelle pour les prêts. C'est une durée maximale, prévue notamment pour les pays avec «un besoin de balance des paiements dépassant une période de trois ans, d'un ajustement prolongé pour rétablir la stabilité macroéconomique, et de la présence de garanties suffisantes sur la capacité et la volonté du pays membre de mettre en œuvre des réformes structurelles profondes et soutenues». Le taux d'intérêt n'a pas été encore divulgué concernant ce prêt. Mais, il devrait se situer aux alentours de 3,6%, moyennant l'engagement de la Tunisie à mener des politiques destinées à surmonter des problèmes économiques et structurels, selon des sources du FMI. Ce ne sera pas facile pour la Tunisie.