Triste spectacle qu'offre le FLN, ce parti qui a déclenché la Révolution un certain 1er novembre 1954 et libéré le peuple algérien du joug du colonialisme. Au lieu d'être mis au musée de l'histoire après l'indépendance, il a été exploité «au nom de la légitimité historique» à des fins politiciennes. A l'époque, des hommes comme Mohamed Boudiaf et Hocine Aït Ahmed avaient compris le danger et créé, le premier le PRS (Parti de la Révolution socialiste) et le second le FFS, qu'il n'est plus utile de présenter. A partir de cette époque, la descente aux enfers, suivie de sa perte de crédibilité, a commencé. Le parti s'était érigé en ennemi absolu de la liberté d'expression et de la démocratie. Très infiltré par les baâthistes, il s'était toujours mis au service des puissants du moment, tout en faisant une guerre totale aux forces de progrès avec son fameux article 120 qui écartait de la gestion les cadres compétents formés dans les grandes écoles. Il avait même créé un service de Renseignement parallèle pour surveiller les citoyens, qui le craignaient sérieusement. Mouloud Hamrouche, pourtant membre du bureau politique, a été l'une des premières victimes du FLN. Un mois à peine après son limogeage de la chefferie du gouvernement, il était agressé par des «militants» à Ras El Oued. Il n'avait dû son salut qu'à la présence en grand nombre des membres de l'importante équipe qui l'accompagnait. Lorsque Mohamed Boudiaf a été désigné à la tête du HCE en janvier 1992, l'une de ses premières propositions a été de mettre le vieux parti au musée «parce qu'il appartient à tout le peuple algérien». Il n'a pas été écouté. La mafia commence alors à infiltrer l'appareil et ne recule pas pour montrer ses muscles. En 2003, des individus, menés par un certain Si Affif, attaquent les militants à Mostaganem avec des dobermans. Ils ne seront jamais inquiétés. Mais c'est avec l'indu secrétaire général Amar Saadani que les dérives vont s'accentuer. L'argent sale entre carrément dans le parti. Certains des nouveaux membres, des députés, se comportent en véritables voyous. L'un d'eux a proposé récemment d'interdire d'accès à l'APN un membre du gouvernement parce qu'il s'oppose à Saadani. Le seuil critique vient d'être atteint à Bou Saâda, où Abderahmane Belayat et un autre militant ont failli être lynchés, jeudi, par une cinquantaine d'hommes hystériques qui ont caillassé leur voiture et lâché sur eux des pitbulls et des dobermans en hurlant «Longue vie à Saadani». Ils n'ont dû leur salut qu'à un cortège de mariage qui passait par là et dans lequel ils ont réussi à s'infiltrer. On ne sait pas si la police ou la gendarmerie ont arrêté les agresseurs ; l'ancien pompiste, lui, se tait. Et qui ne dit mot consent. Des hommes prestigieux ont combattu sous sa bannière et, de ce fait, ont rehaussé le prestige et l'honneur des peuples algérien, africains et arabes. Aujourd'hui, il est tombé si bas qu'il est devenu infréquentable. Le moment est peut-être venu de discuter de son avenir. A condition que les potentats qui nous dirigent le veuillent.