La population en âge d'activité (15 à 59 ans) continue de baisser, passant de 63,1% à 62,5%, entre 2014 et 2015. En revanche, celle âgée de 60 ans et plus continue à progresser passant de 8,5% à 8,7% entre 2014 et 2015. En d'autres termes, le ratio de dépendance des personnes concernées par la retraite par rapport à ceux qui sont en âge de travailler et de cotiser est en augmentation. L'Algérie est quasiment revenue à la période poste indépendance quand on comptait près de 15 retraités pour 100 personnes actives (voire graphe 1). En 2015, le rapport était de 14 pour 100, alors qu'il était tombé à 11,5 en 2008. En dix ans (2005-2010), l'accroissement du nombre de travailleurs affiliés s'est réalisé quasiment au même rythme que celui des retraités. En 2005, on avait un retraité pour 2.5 assurés sociaux, en 2015, on était à 2.4. Rapporté aux personnes occupées (affiliés et non affiliés), le gap se creuse davantage. En effet, en 2005, l'Algérie comptait 1 retraité pour 5 personnes occupées. En 2015, on est tombés à 3.8.L'amélioration de l'espérance de vie de la population en général et de celle des plus de 60 ans en particulier explique en grande partie cette tendance (graphe 2).La norme mondiale en termes de cotisation est de 4 salariés pour un retraité. En Algérie, on est à 3.5. Ca commence à poser des problèmes», observe le syndicaliste Amar Takjout. Et pour cause. L'économiste Nasreddine Hammouda notait dans une étude sur la démographie et la retraite une tendance à l'amélioration de l'espérance de vie chez les plus de 60 ans qui atteindrait 24 ans en 2020 et « qui poserait à moyen et long terme « de graves problèmes de financement aux systèmes de retraite». Selon ces projections, la caisse de retraite devrait prévoir «le versement des pensions pendant 24 ans à un taux de remplacement de 80% pour ses salariés, alors que ces derniers ont cotisé durant leurs vie active avec un taux de cotisation de 17.25%», écrivait le directeur de recherche au niveau du CREAD. Selon, lui, une comparaison entre les cotisations à 17.25% durant la vie active et les pensions à 80% du salaire «pourrait montrer que le système algérien de retraite est une loterie gagnante.» Pour l'économiste, Kouider Boutaleb, «il n'y a pas de doute que la donne démographique va se répercuter sur les équilibres financiers du système.» Du côté des pouvoirs publics, on se refuse à dramatiser. Le directeur général de la Sécurité sociale au ministère du Travail, Djaouad Bourkaïb, a récemment indiqué qu'une réflexion était en cours pour ajuster le système des retraites à la donne démographique, sans toutefois préciser qu'elles étaient les pistes de réflexions. L'idée d'un rallongement de l'âge légal de la retraite a été brièvement évoquée l'année dernière avant d'être balayée. L'étude de l'économiste Nasreddine Hammouda basée sur des hypothèses a permis de souligner que «l'augmentation de l'âge de la retraite à 65 ans permet d'avoir plus d'actifs pour un retraité et permet alors à la caisse des retraites d'être dans une situation financière plus confortable». Mais une mesure relativisée, l'économiste mettant l'accent sur «la nécessité absolue» de remédier au problème de sous couverture sociale des travailleurs qui permettrait d'augmenter le nombre de cotisants et réduire de le déficit de la caisse des retraites.
