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Algérie-Chine : Si loin de l'esprit de Bandung
Publié dans El Watan le 27 - 05 - 2016

Alors que la polémique sur le montage financier du futur port commercial à El Hamdania(1) a fait resurgir la peur de voir les Chinois mettre la main sur un secteur stratégique, Nadia Chettab, professeure d'économie à l'université Badji Mokhtar d'Annaba, a rappelé mardi lors d'une conférence présentée à l'Institut français d'Alger, combien la stratégie de la Chine en Afrique, «mondiale», est «bien loin de l'esprit de Bandung».
Youcef Benabdellah, professeur à l'Ecole nationale supérieure des statistiques et d'économique appliquée (Enssea), aussi présent à la rencontre résume l'idée plus crûment : «L'Afrique est en train de changer de maître avec l'illusion d'un meilleur partage venant d'un pays autrefois pauvre. Mais cette époque-là est revolue. Sur les 54% de croissance mondiale générés par les BRICS chaque année, 42 points sont réalisés par la Chine. Autrement dit, elle a aujourd'hui le rôle des Etats-Unis d'il y a 20/25 ans.» Depuis la crise de 2008, la Chine a mis fin au modèle de croissance extravertie pour se recentrer sur son marché intérieur et lancer de nouveaux processus de coopération à l'international.
Premier fournisseur de l'Algérie depuis 2013, Pékin a signé 15 protocoles d'accord avec Alger et réussi pour la première fois en 2015 à obtenir une participation de l'Algérie au sommet du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC). Les échanges commerciaux entre les deux pays sont passés de 200 millions de dollars en 2000 à 10 milliards en 2014 — avec un net avantage au profit de la partie chinoise. Faut-il se méfier de Pékin ? Voilà en tout cas ce qu'il faut savoir.
Les aides que la Chine accorde à l'Afrique n'en sont pas vraiment
Le dispositif d'aide à l'Afrique repose sur deux grands principes, la non-ingérence et des relations diplomatiques très fortes, et sur le Forum de coopération Chine-Afrique. Ce dernier dispose de fonds d'aide extérieure géré par deux institutions : le ministère des Finances et la banque publique China Exim Bank. «Pendant que le premier propose des prêts sans intérêt et des aides sans contrepartie, la seconde fait des offres très alléchantes de prêts à taux préférentiels, précise Nadia Chettab. Sauf qu'à l'arrivée, ces aides n'en sont pas vraiment. Car c'est la Chine qui désigne les projets qu'elle va financer dans le pays qui est censé profiter de l'aide.
Et elle ne choisit bien sûr que des projets rentables. Elle injecte de l'argent qui revient ensuite dans ses caisses par remboursement pendant que le pays à qui elle prête ne reçoit, lui, que des infrastructures.» Preuve que tout est pensé pour que l'argent reste en Chine : le mécanisme de prêt aux pays dits «à risques», ou prêt contre ressources. En clair, pendant que l'Exim Bank prête l'argent et que les entreprises chinoises réalisent les travaux, la Chine prélève les ressources naturelles du pays pour les revendre sur le marché international et ainsi rembourser la banque.
La Chine n'investit pas,elle fait de la prestation de service
Contrairement à l'image qu'elle cherche à donner, la Chine investit très peu – elle se classe 6e investisseur en Afrique – et ses IDE se concentrent sur très peu de secteurs : le minier, les industries manufacturières, et la construction. En Algérie, par exemple, la Chine n'investit que dans les hydrocarbures. Son déploiement s'appuie sur des leviers stratégiques qui sont ses entreprises publiques, très puissantes et très actives à l'international. Elles sont à l'origine de 70% des IDE dans le monde.
Si les chiffres officiels font état de 793 entreprises chinoises en Algérie, ce sont des entreprises-réseaux, c'est-à-dire des filiales. Au total, on ne peut vraiment compter qu'une centaine d'entreprises. La Chine regarde avant tout l'Afrique comme un réservoir de matières premières nécessaire à sa croissance et un débouché pour son industrie manufacturière. Le transfert de savoir-faire et de technologies ne fait pas partie des contrats.
Comme le soulignaient Serge Michel et Michel Beuret dans leur livre La Chinafrique, «La Chine voit plus loin. Ses objectifs dépassent les anciens précarrés coloniaux et elle déploie une vision continentale à long terme. Certains n'y voient qu'une stratégie (…). D'autres croient sincèrement aux partenariats «gagnant-gagnant», (…). De fait, la Chine ne fait pas que s'emparer des matières premières africaines. Elle écoule aussi ses produits simples et bon marché, retape les routes, les voies ferrées, les bâtiments officiels.»
La Chine a inversé la structure des importations algériennes
«Au fil des années, l'augmentation continue des importations a apporté des changements structurels dans notre économie, relève l'enseignante. Tout ce qui a été perdu par les pays de l'OCDE a été pris par la Chine.» Les importations en valeur ont été multipliées par 24, à un rythme annuel moyen de 37,6% contre 16,9% pour le reste du monde. Problème : avec la Chine, la balance commerciale est systématiquement négative et à partir de 2007, le déficit commence à se creuser, passant d'un peu plus de 264 millions à plus de 2,5 milliards de dollars.
L'Algérie n'est pas bien armée pour résister
«Contrairement à d'autres pays africains, l'Algérie n'a jamais profité des lignes de crédit accordées par la Chine. Elle a même financé sur son propre budget toutes le prestations de service, comme la construction de l'autoroute Est-ouest et la grande mosquée», relève Nadia Chettab. Pourtant, l'Algérie pourrait méditer «la façon dont un pays comme la Chine a opéré les transformations structurelles dans son économie», note par ailleurs Youcef Benabdellah. «La Chine est aujourd'hui capable de servir des marchés low-cost et des marchés plus sophistiqués en proposant deux types de produits. Pendant que nous, nous continuons à exporter nos ressources naturelles.» Nadia Chettab.en est pourtant convaincue : «L'avenir de l'économie algérienne est lié à la Chine.
Elle peut être un tremplin à condition qu'elle délocalise ses entreprises. Elle ne pourra pas se substituer eux partenaires traditionnels de l'Algérie que sont la France, l'Union européenne ou les Etats-Unis. La solution est dans la diversification. D'autant que la restructuration des parts de marché entre les fournisseurs traditionnels de l'Algérie et la Chine montre bien que le démantèlement tarifaire ne compense pas toujours le différentiel de compétitivité entre la Chine et l'Union européenne.»


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