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Imakrien : Un village fantôme rattrapé par ses survivants
Publié dans El Watan le 26 - 08 - 2016


Ouardia Bouakaz, 86 ans
Le soir, l'armée française a placé des mines et des bombes pour détruire tout le village.
Je me souviens que dès 1956, les soldats français étaient venus une première fois afin de mettre le feu à notre village Imakrien (sur les hauteurs de Naciria, anciennement appelée Haussonvillers, ndlr). L'objectif de cette opération était la destruction de ce village qui a abrité beaucoup de moudjahidine. Les soupçons pesaient, l'acharnement s'accentuait. Le soir même après cette première destruction, des moudjahidine sont venus nous demander de reconstruire le village pour que la vie reprenne dans les foyers déjà anéantis. Il faut savoir que nous étions livrés à nous-mêmes, car notre village était enclavé et isolé. Les moudjahidine ramenaient des couvertures, des habits et de la nourriture qu'ils collectaient des villages voisins.
Par la suite, notre village a repris vie et est devenu un refuge pour les moudjahidine qui en ont établi un camp d'entraînement pour les nouvelles recrues ; il y avait même une infirmerie pour les soins. Nous étions soutenus par les maquisards et l'armée coloniale était au courant. Dès 1958, les militaires français sont revenus avec un hélicoptère qui balançait des tracts écrits en noir et rouge, où ils nous demandaient de quitter immédiatement le village, nous donnant un délai de 48h ! Dans le cas contraire, nous aurions fini en poussière sous les décombres. La nuit tombée, nous avons reçu un message des moudjahidine qui nous ordonnaient de ne pas quitter le village et que ces menaces n'étaient qu'un jeu pour effrayer les habitants.
On ne savait plus quoi faire entre les menaces de l'armée française et l'ordre des moudjahidine. Nous sommes restés. Le matin s'est levé avec une forte odeur de fumée, le bombardement a été exécuté. Ils ont commencé à attaquer les abords du village et les maisons. Un avion survolait la zone en balançant des grenades de gaz, on est sortis avec des foulards blancs et nos écharpes kabyles pour leur dire qu'il n'y avait que des femmes et des enfants dans le village, qu'il n'y avait pas de moudjahidine. Ce geste nous a sauvés, ils ont arrêté de tirer. Deux vieilles ont perdu la vie et une a été blessée, elle a survécu, mais avec un lourd handicap. Nous avons quitté le village emporté par la poussière en direction de Naciria. Dans la panique générale, il m'a fallu un peu de temps pour rassembler mes enfants et reprendre la route pour nous mettre à l'abri. Ceux qui avaient où aller sont partis vers Alger et Tizi Ouzou. Nous sommes allés au camp de concentration Tala Kouffi, à Naciria. Le soir, l'armée française a placé des mines et des bombes pour démolir tout le village.
De là où nous étions, on voyait nos maisons tomber une à une et à chaque fois qu'une bombe explosait on pleurait intérieurement, car ce village était le nôtre et il représentait les sacrifices de toute une vie. Le camp était fermé et la ville de Naciria était sous haute surveillance : pas d'accès ni de sortie sans autorisation, il nous fallait toujours un laisser-passer et on était soumis à une fouille sévère. A cette époque, ma vie était comme celle de tout le monde, on vivait de la terre. A 25 ans, j'avais quatre enfants, ils étaient en bonne santé, sauf Saïd que j'ai perdu des mois après le bombardement à cause d'une maladie qu'il avait contractée au camp de concentration. Mon mari avait une machine à coudre, et tout ce que portaient les moudjahidine c'était lui qui l'avait confectionné ; elle lui a été confisquée par l'armée. Elle a été brûlée. Quant à mon beau-frère Amar, les soldats lui ont coupé la langue, et selon des témoignages, sa peau a été brûlée par des décharges électriques. On ne sait rien de son sort jusqu'à présent.

Rezki Hamdi, 72 ans
Le sinistre général Challe avait ordonné la destruction d'Imarkien.
Notre village est enclavé et à proximité du massif forestier de Sidi Ali Bounab. Les premiers résistants de notre village ont rejoint le maquis en décembre 1954. Il s'agissait de gens pas du tout organisés, à leur tête Ali Bennour, devenu plus tard commandant. Les actions se limitaient à la coupure du réseau d'électricité, des attaques contre des forestiers jusqu'à la fin 1955. Ils ont alors commencé à se structurer en petits groupes représentant tous les douars d'Imakrien et à mener des batailles. A vrai dire, notre village était leur caserne. Je témoaigne à propos d'une histoire qui illustre la solidarité et l'engagement au sein de notre village. En octobre 1955, nos moudjahidine ont mené une action dans un douar, un déserteur de l'armée française originaire de la région oranaise a été blessé, et ce sont nos enfants qui l'ont sauvé ; personne au village n'était au courant sauf les moudjahidine.
On savait que les militaires viendront le chercher, on hésitait à le cacher dans la paille ou parmi les femmes. Finalement, il a été décidé de le cacher à l'intérieur de «tala» (une fontaine en tamazight), où il est resté 24 heures dans l'eau. Et comme prévu, les militaires sont arrivés, un soldat s'est mis en direction de tala, mais ils ne l'ont pas trouvé. Après 48 heures, on a fait sortir le déserteur qui était devenu tout bleu. En conclusion, jusqu'en 1958, toutes les opérations dans cette zone étaient commanditées à partir de notre village. En 1956, après le premier arrivage d'armes, les jeunes engagés ont attaqué des postes de contrôle et commis des attentats contre des policiers à Naciria, Tadmaït et Bordj Menaiel. Un mouchard de la région a indiqué que ces jeunes fellagas sont de notre village, alors l'armée française a débarqué, mis le feu, détruit les jardins et jeté tout ce qu'on avait comme produits de première nécessité : sucre, semoule, œufs, etc. Mais le village a été rétabli rapidement. Après le Congrès de la Soummam, une évolution a été ressentie dans la composition militaire de la zone. Le commandant Ali Bennour avait mis en place un système de vigilance sans faille.
En 1958, une attaque orchestrée par les moudjahdine a ciblé un train de marchandises venu d'Alger en direction de Tizi Ouzou, sur la voie ferrée du lieudit D'hous, à la sortie de Naciria. L'armée française ne savait pas de qui il s'agissait. Trois mois plus tard, une autre opération similaire et cette fois c'était un train militaire, l'action a causé beaucoup de dégâts. Les moudjahidine ont pris la fuite en direction du village. De ce fait, le village d'Imakrien devenu l'épicentre d'attaques, le sinistre général Challe avait ordonné sa destruction. n


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