La pièce Révolution, qui sera jouée le 17 mars, est une adaptation du livre autobiographique de Maria Alekhina, qui est l'une des principales membres du groupe. Maria Alekhina sera sur scène, accompagnée notamment par un autre groupe punk russe, Asian Women on the Telephone (Awott). La représentation a été organisée dans le cadre du festival Spring Revolution, qui se tient au National Sawdust, une nouvelle salle new-yorkaise située dans le quartier de Brooklyn, à la programmation pointue et orientée vers l'avant-garde. «Cela semble être une évolution naturelle pour une artiste qui traite de thèmes très politiques», a commenté la compositrice, Paola Prestini, directrice exécutive et de la création de National Sawdust. Les Pussy Riot ont accédé à une certaine notoriété il y a quelques années en dénonçant frontalement le président russe Vladimir Poutine. Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina ont été condamnées à de la prison ferme pour avoir chanté un hymne anti-Poutine sur l'autel d'une église moscovite. Le festival Spring Revolution, qui dure tout le mois de mars, est axé sur «l'élévation» de la femme. Selon Paola Prestini, il sera «très marqué par la période dans laquelle nous vivons», a-t-elle expliqué, en référence à la présidence de Donald Trump. Fin octobre, les Pussy Riot avaient publié un clip intitulé Make America Great Again, qui imaginait ce que seraient les Etats-Unis en cas de victoire de Donald Trump. Cette vidéo, au contenu volontairement choquant, mettait notamment en scène des policiers, joués par des acteurs, qui humiliaient, voire violaient, des membres du groupe, parce qu'elles étaient russes, les marquaient au fer rouge quand elles étaient trop grosses ou qu'elles subissaient un avortement. Créé en 2011, Pussy Riot est un collectif féministe russe composé d'une trentaine d'activistes contestataires, dont une dizaine se produit sur scène. Leur nom et leur mouvement s'inspirent des Riot Girl, qui avait émergé aux Etats-Unis au début des années 90. Au travers de la musique punk et de performances artistiques, les Pussy Riot luttent contre le machisme et l'intolérance vis-à-vis de l'homosexualité de la société russe. Leurs slogans, clamés ou chantés, s'opposent au détournement des institutions démocratiques par Vladimir Poutine. Le 21 février 2012, les Pussy Riot sont soudainement projetées sur le devant de la scène internationale. Cinq membres du collectif donnent un concert-performance non autorisé dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. Vêtues – comme à leur habitude – de collants et robes de couleurs vives et les visages masqués par des cagoules, elles délivrent alors un message anti-Poutine et accusent l'église orthodoxe de soutenir le pouvoir du président de la Fédération russe. Dans leur chanson, elles demandent ainsi à la Sainte- Vierge de chasser Poutine. Quelques semaines plus tard, Nadejda Tolokonnikova, Ekaterina Samoutsevitch et Maria Alekhina (qui ont toutes trois participé à la performance) sont arrêtées, accusées de hooliganisme et d'incitation à la haine religieuse. Leur incarcé-ration est marquée d'une vague de protestations internationales, contre des méthodes jugées autoritaires et anti-démocratiques. Amnesty International les qualifie de «prisonnières d'opinion». De nombreux artistes affichent leur solidarité avec les trois jeunes femmes, on compte parmi eux Peaches, Jarvis Cocker, Yoko Ono, Kate Nash, Sting, Courtney Love, Patti Smith ou encore Madonna. Cette dernière ose même exhiber le nom du collectif en graffiti sur son dos, lors d'un concert à Moscou en août 2012. Encourant sept ans d'emprisonnement, les trois prévenues sont finalement condamnées le 17 août 2012 à deux ans de camp. Les capitales européennes jugent la sanction «particulièrement disproportionnée», tandis qu'Obama se dit préoccupé de la liberté d'expression en Russie. A la suite du procès, les jeunes femmes refusent de demander la grâce présidentielle, mais font appel en justice. Ekaterina Samoutsevitch est libérée en septembre 2012. Mais les deux autres jeunes femmes ne retrouveront la liberté qu'un an et demi plus tard, en décembre 2013. Lors des JO de Sotchi, en février 2014, plusieurs membres du groupe ont tenté de réaliser un happening contre Vladimir Poutine, mais ils ont été réduits au silence à coups de fouet et de bombes lacrymogènes, sans pour autant être arrêtés. Un film intitulé Pussy Riot – une prière punk, réalisé par Mike Lerner et Maxim Pozdorovkin, montre le procès et des interviews des membres en prison. Il a reçu le Prix spécial du jury au Festival de Sundance.