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La mythologie est un trait d'union entre la civilisation berbère et les autres grandes civilisations antiques de la Méditerranée
Publié dans El Watan le 14 - 04 - 2017

– Quand on parle de mythologie, ce n'est pas à la civilisation berbère qu'on pense en premier. Avons-nous tort ?
Effectivement, quand on parle de la mythologie, on pense plutôt aux civilisations grecque et romaine. Or, c'est un important trait d'union entre la civilisation berbère et les autres grandes civilisations antiques de la Méditerranée : grecque, égyptienne, romaine, etc. Si on observe bien nos langues, nos rites et coutumes, on y trouvera facilement ses traces et empreintes.
Dans certaines régions en Algérie, il n'y a pas si longtemps, quand on s'apprêtait à enterrer quelqu'un, on glissait une pièce de monnaie dans son linceul. Selon les croyances anciennes, le mort en a besoin pour payer son passage à l'au-delà (pensée très répandue dans la Grèce antique, ndlr). Cette pratique et d'autres seront évidemment interdites au fur et à mesure pour des raisons religieuses.
Sur le plan linguistique, prenons comme illustration le mot Afdhis, qui veut dire marteau ou masse en kabyle, instrument très utilisé par le forgeron. Son origine étymologique vient en fait d'Héphaïstos, dieu de la forge chez les Grecs anciens. Par ailleurs, on parle d'Hergal en arabe populaire, une sorte de géant légendaire, pour qualifier quelqu'un qui dispose d'une force physique peu commune. Il s'agit en réalité du nom arabisé d'Héraclès ou Hercule, le héros de la mythologie grecque.
– Comment avez-vous eu l'idée de ce conte musical ?
Durant plusieurs années, le poète et écrivain Améziane Kezzar a fait un énorme travail de recherche sur les liens existant entre la civilisation berbère et les autres civilisations antiques de la Méditerranée, particulièrement en ce qui concerne la langue et les coutumes. Il a écrit une soixantaine de textes.
Il y a quatre ans, j'y ai choisi plusieurs poèmes pour faire un album : Tislit Anzar (La Fiancée d'Anzar), Atina (Athéna) ou encore Igenniwen (Les Génies), etc. Nous avons, avec lui, essayé d'imaginer le genre de musique qui pouvait exister chez nous durant l'antiquité. On est donc parti sur l'hypothèse que les gens utilisaient plutôt les mélodies traditionnelles qu'on retrouve aujourd'hui notamment dans les chants religieux. Mais nous les avons arrangées différemment pour leur apporter une petite touche de modernité. Dès les premiers enregistrements, nous nous sommes dit que c'était un sujet qui méritait plus qu'un simple disque. Il fallait lui consacrer un projet qui sorte de l'ordinaire.
Nous avons pensé à une comédie musicale, à une pièce théâtrale ou à un documentaire, mais c'était beaucoup plus compliqué à réaliser. On s'est finalement, avec nos amis du Théâtre d'Ivry, fixé sur l'idée d'un conte musical, à mi-chemin entre le théâtre et le chant. J'ai alors écrit un récit qui fait le lien entre les chansons. C'est ainsi qu'est née L'Odyssée de Fulay.
– Qui dit odyssée, dit Homère, narrant splendidement le fameux périple d'Ulysse. On imagine que votre choix n'est pas fortuit…
Il y a en effet cette référence à Homère, mais il y a surtout un grand clin d'œil à Apulée dont le nom berbère n'est autre que Fulay. Cet auteur qui se disait lui-même Gétule, natif de Madaure (actuelle Mdaourouch dans la wilaya de Souk Ahras, ndlr), était une référence dans la littérature latine des premiers siècles après Jésus-Christ. Il a été rendu célèbre par son livre L'âne d'or, considéré comme l'un des premiers romans de l'histoire, que j'ai lu et relu pour m'en inspirer.
Grâce à son écriture, j'ai pu mieux apprivoiser la manière de raconter les histoires à cette époque de notre civilisation. Elles sont pleines de péripéties, de rebondissements et font intervenir des divinités ; style qu'on retrouve d'ailleurs chez Homère. Ceci dit, L'Odyssée de Fulay n'est pas une adaptation des écrits d'Apulée. C'est juste une manière de dire que notre histoire est commune à l'histoire universelle que représentent des personnages illustres comme Apulée.
– Pouvez-vous présenter ce spectacle en quelques mots ?
Sur scène, je raconte en français les aventures fantastiques de Fulay que j'ai imaginé comme un artiste-sculpteur berbère, célébré par les rois et adopté par les divinités. Le récit est ponctué par une douzaine de chansons en kabyle qu'Améziane a écrites. Ces «chants berbères antiques» revisitent diverses mythologies méditerranéennes qu'on retrouve dans le répertoire traditionnel algérien et maghrébin d'une manière générale.
Afin de mieux mettre en valeur le conte et les chansons, Kên Higelin nous a concocté une mise en scène très sobre. Moi-même je vais chanter et jouer de deux instruments : tbel et guitare. Je serai accompagné par deux musiciens : Damien Fleau (piano, xylophone et flûte) et Maxime Fleau (percussions et clarinette). C'est vraiment une grande surprise qui attend notre public ! Ce sont des sonorités très particulières qu'on a introduit dans ce spectacle. C'est très spécial !
– Les trois premières dates sont programmées pour les 20, 21 et 22 avril au théâtre Antoine Vitez d'Ivry. On ne risque pas de se tromper en y voyant un lien avec la célébration du Printemps berbère de 1980 ?
Evidemment. Cette date, à mon sens, est l'une des plus importantes en Algérie après celles liées à la Révolution et à l'Indépendance. Les acteurs du Printemps berbère ont défendu les aspirations du peuple algérien à la démocratie, à la culture et aux libertés de pensée et d'expression.
Aujourd'hui encore, le combat culturel, dans le sens large du terme, est toujours d'actualité. Il y a un chantier immense sur ce plan : la langue, la musique, la philosophie, l'archéologie, l'histoire, etc. Je pense néanmoins qu'il faut cesser de polluer ce travail par les dogmes politiques. Nous devrons développer la culture et la langue amazighes par un enseignement de qualité, la littérature et la science. Il faut les sortir du statut de simple folklore et c'est là l'un des objectifs de notre spectacle.
– Justement, à ce propos, le public algérien aura-t-il la chance de savourer votre travail ?
Oui, nous y travaillons activement. Ce spectacle est inscrit dans un cycle qui s'appelle Archipel-Méditerranées, créé par le Théâtre d'Ivry en collaboration avec le Théâtre de Tunis et le Théâtre de Beyrouth, lieux où il sera donc présenté. On espère y associer un théâtre algérien pour pouvoir le faire tourner en Algérie aussi. En attendant, l'album des chants sortira en avant-première le 20 avril lors de la première du spectacle (la sortie officielle de l'album est prévue pour le 28 avril, ndlr). Il y aura un CD audio accompagné par un petit livret contenant le texte du récit que j'ai illustré par des dessins.
– En dehors de L'Odyssée de Fulay, avez-vous d'autres projets en cours ? Un nouvel album rock peut-être ?
Pour l'instant, je suis en train de préparer un autre spectacle avec Mohamed Fellag, autour des «Chants marins kabyles». Il sera présenté le 27 juin prochain à Lyon, dans le cadre du festival des Nuits de Fourvière. Ensuite, il y aura effectivement un nouvel album rock pour 2018. Ce sera le deuxième volume de Gourbi Rock. Je travaillerai encore avec votre confrère Sid Ahmed Semiane pour les textes.


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