Dans un communiqué rendu public la semaine dernière, le bureau local du Cnapeste de Biskra, syndicat autonome des personnels de l'éducation nationale, s'insurge contre l'anarchie «sans pareille» régnant à la direction de l'éducation de Biskra en cette rentrée scolaire, et l'accueil «déplorable et indigne du secteur», est-il précisé, dont sont victimes les enseignants des trois paliers du système éducatif national confondus venus demander des explications sur leur situation à leur tutelle. Face à la contestation et au mécontentement des enseignants, les membres du Cnapeste ont tenu une réunion extraordinaire à l'issue de laquelle un constat sans appel a été dressé. «Les dépassements et les décisions arbitraires concernant les affectations et le mouvement des enseignants dans les établissements scolaires sont entachés d'irrégularités, d'illégalités et d'absence de transparence, et cela au gré d'une carte scolaire mille et une fois modifiée pour la satisfaction de certains et le désarroi et le dépit d'autres fonctionnaires du secteur.», rapportent les syndicalistes. «Nous avons affaire à une administration publique désorganisée, refusant la neutralité et le professionnalisme ainsi que la participation de tous les partenaires sociaux comme les syndicats, pour le traitement rapide et juste des demandes, réclamations et recours des enseignants et enseignantes du secteur ne sachant plus à quel saint se vouer pour avoir un poste de travail en fonction de leurs aptitudes et ancienneté dans le métier ou définitivement régler leurs situations administrative et professionnelle. Les affectations sont signées en dehors du cadre réglementaire puisqu'elles devraient en principe l'être avec l'approbation et l'aval de la commission paritaire. Le bureau du service du personnel gérant les affectations ne peut être confié à de jeunes agents inexpérimentés et sujets à toutes les influences possibles. Cette rentrée est catastrophique. Des établissements scolaires subissent une déstabilisation et un chamboulement ayant des répercussions certaines sur le rendement et les résultats finaux des apprenants. Il y a des postes où 2, voire 3 enseignants ont été affectés. D'autres se voient muter en toute illégalité vers des villages qu'ils n'ont jamais sollicités et d'autres encore se retrouvent en surplus sans jamais avoir été avertis», a expliqué Fouzi Djoudi, président du Cnapeste de Biskra. Ce syndicat exhorte le nouveau directeur de l'éducation, Mohamed Louafi, à mettre fin à la pagaille caractérisant ces services et à placer des chefs de service chevronnés et compétents à la tête des départements sensibles tels que celui des affectations et gestion du personnel et des ressources humaines. Sur place, des dizaines d'enseignants et d'enseignantes visiblement dans le dépit et la colère font, en effet, le pied de grue devant les bureaux pour en savoir plus sur leur sort professionnel. «Je viens tous les jours sans pouvoir rencontrer un responsable pouvant m'expliquer pourquoi je me retrouve sans poste de travail cette année», raconte une enseignante du moyen tandis que son collègue du secondaire évoque l'existence d'une « mafia des affectations.» Il soupçonne certains fonctionnaires d'user de passe-droits, de népotisme et de favoritisme. À noter que le départ à la retraite de plus de 1200 travailleurs du secteur de l'éducation, le recrutement de dizaines de jeunes diplômés pour y suppléer, la réaffectation des enseignants du moyen détachés dans les lycées vers leurs postes d'origines et la modification de la carte scolaire en fonction des postes budgétaires disponibles ne justifient en rien le mépris et le défaut de correction dont se plaignent en majorité les enseignants et professeurs du secteur à Biskra, relève-t-on.