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«Je suis un Amazigh qui se sent chez lui partout en Algérie»
Publié dans El Watan le 15 - 04 - 2018


Montréal
De notre correspondant

Vous venez à Montréal une fois tous les trois ans en moyenne. Est-ce que votre public montréalais a des attentes particulières ?
Je viens quand on m'appelle. Si je suis disponible, il n'y a pas de problème. Mais je ne fais pas de calcul.
Parce que c'est loin, les gens ont peut-être moins l'occasion de voir leurs artistes. On leur propose un programme un peu spécial avec les chansons les plus en vue qu'ils aiment bien.
On est obligé de tabler un peu sur une nostalgie. Sinon la prestation est la même, avec les mêmes musiciens.
Pour moi, le public est le même où que je sois. Maintenant, je tiens compte du contexte sociologique de la ville. On ne parle pas à un public de Paris comme on parle à celui de Montréal, qui vivent des réalités différentes.
A Montréal, comme c'est une immigration choisie, il y a une bonne qualité d'écoute et d'échange entre le public et moi.
Les gens demandent les chansons du nouvel album pendant les concerts. La chanson avec Cabrel, celle avec Aznavour et aussi deux autres se démarquent.
Votre album a bouclé une année le 7 avril. Racontez-nous cette première année ?
Sur le plan commercial, il a très bien marché et il marche toujours bien d'ailleurs. Au niveau de la conception, il était normal que je fasse un album pareil.
Parce que je vis en France avec des réalités bien françaises – je suis Algérien de nationalité. C'est un pays que j'aime et j'aime ses enfants. C'est tout à fait naturel pour moi que je reprenne à ma manière avec des chanteurs français leurs chansons. Il n'y avait aucune raison pour que je ne le fasse pas.
Comment avez-vous vécu vos deux concerts en Algérie après 38 ans d'absence de la scène algérienne ?
Cela s'est fait parce que je l'ai moi-même décidé. Après des années de sollicitations pour venir chanter en Algérie, que j'ai toujours refusées.
Il y avait d'abord la reconnaissance de tamazight comme langue nationale. Mais c'est son officialisation qui a changé la donne. Elle signifiait pour moi l'arrivée de quelque chose que j'avais souhaitée depuis longtemps.
Je ne voulais pas chanter tant qu'il n'y avait pas ces deux choses-là. Parce que je pouvais venir chanter en Algérie en tant qu'Algérien, mais je n'étais pas un Algérien à part entière.
Depuis, il n'y avait pas de raison pour moi de dire non. Quarante ans sans chanter dans mon propre pays, je vous assure que ça m'a coûté cher émotionnellement. C'est mon pays et je me suis interdit d'y chanter. Je devais rester cohérent avec mes idées.
Le premier soir, j'étais mal à l'aise, peut-être que ça ne s'est pas vu, mais je l'étais. Vous vous imaginez rentrer chez vous et chanter devant des gens qui n'étaient même pas nés quand vous y avez chanté pour la dernière fois.
Et quand vous voyez des vieux qui viennent pleurer en vous disant : «Je ne pensais pas vous voir chanter avant de mourir», c'est émouvant.
Après, on se dit que finalement c'est la faute à tout le monde. C'est la société qui voulait ça. C'est le verrouillage des gens et le côté obtus de leur caractère qui ne veulent rien laisser passer.
Le deuxième concert, j'étais plus à l'aise. Il y avait énormément de jeunes. Ce n'est pas mal pour un papy !
On annoncé une tournée dans toute l'Algérie. Pour quand la prévoyez-vous ?
On m'a dit qu'en Algérie, il n'y avait pas partout de salles assez grandes pour contenir un grand nombre de gens, et donc il faut attendre les beaux jours pour des concerts en plein air. J'aimerais bien que ce soit pendant le Ramadhan qui est un mois propice aux spectacles.Il y aura des concerts à Alger, Oran, Annaba et Constantine, entre autres.
En allant chanter dans des contrées qui ne sont pas kabyles, j'exprime aussi le fait que je suis Algérien. En tant que Kabyle, je vais chanter où je veux en Algérie et il n'y a pas de raison à ce qu'on ne me reçoive pas à tel ou tel endroit en Algérie.
Comment se porte la revendication berbère en Algérie ?
Elle se porte un peu comme tout le reste. C'est-à-dire, les échantillons de population sont divisés en plusieurs groupes. Il y a les gens qui soutiennent pur et dur qui sont dans les extrêmes, que ce soit de ce côté ou de l'autre. Il y a ceux qui essaient d'être raisonnables avec la société dans laquelle ils vivent et avec eux-mêmes. Il y a les intellectuels.
Il y a les politiques. Tout ça ne va pas toujours bien ensemble.
De toute façon, quel que soit ce pour quoi on se bat, il y a une chose à laquelle il faut quand même déjà penser, c'est de créer un semblant d'Etat de droit.
Ce n'est qu'à partir de là qu'on peut parler de la liberté de l'autre, des échanges, de la culture.
Il y a beaucoup de gens de bonne volonté qui appartiennent aux arcanes du pouvoir et qui ont vraiment envie de faire des choses, il ne faut pas non plus leur jeter la pierre. Mais le manque de confiance fait que le doute s'installe.
Alors qu'est-ce que je fais ? Je continue mon bonhomme de chemin. Je continue à faire de la musique, à dire ce que je pense haut et fort sans tenir compte de quiconque. Parce qu'il n'y a rien qui est au-dessus de mon identité. J'aime ce pays, j'y ai fait mon service national, je l'ai servi. Donc, j'ai fait mes devoirs. Il faut bien que je revendique mes droits. C'est simple.
Vos concerts prévus un peu partout en Algérie aideront beaucoup d'Algériens à cheminer vers une réappropriation de leur culture berbère…
Si j'y arrive oui ! C'est l'acte de quelqu'un qui est amazigh et qui se sent chez lui partout en Algérie, comme il peut se sentir algérien en Kabylie.
Soit on partage nos rêves et nos aspirations, on a un horizon commun. Soit on ne peut rien faire.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes chanteurs kabyles ?
Aucun ! Je ne peux pas donner de conseil. Je peux donner un avis. Si je pouvais leur dire une chose c'est qu'ils soient eux-mêmes. Ne pas dire amazigh juste parce que c'est vendeur. Il faut aller au bout de son âme et être honnête d'abord avec soi-même pour l'être avec les autres.

Nous sommes à la veille du 38e anniversaire du Printemps berbère. Récemment, Yennayer a été reconnu et promu fête nationale. Comment avez-vous vécu cette annonce ?
C'est une très très bonne étape pour nous (Algériens, ndlr). Parce qu'en officialisant Yennayer, on officialise toute l'histoire de l'Algérie. Pas simplement à partir du XIIIe siècle. Yennayer est là depuis la nuit des temps, qui n'a rien à voir avec l'arrivée des autres «visiteurs». C'est quand même un bon pas en avant.
J'ai été un peu surpris de l'annonce bien que j'avais eu des échos avant. J'ai su que la situation allait quand même être déverrouillée. Il était temps. Tamazight n'est pas là pour gêner une autre langue ou pour gêner le peuple ou pour l'empêcher d'avancer. Cette langue est là parce qu'elle doit être là, c'est sa place.
Parfois, on vous attaque sur les réseaux sociaux ?
Je gère en ne faisant pas attention. Même si c'est très dur. Mais je ne suis pas là pour essayer de plaire aux gens ou de faire ce qu'ils ont, eux, envie que je fasse.
Je suis un individu à part entière. J'ai ma position vis-à-vis de la Kabylie et de l'Algérie. Elle est mienne. Maintenant, les autres, ils font ce qu'ils veulent.
J'ai apporté des choses à la langue amazighe, à la culture, à la musique, etc. Qu'ils fassent de même. Qu'est-ce qu'ils attendent ? Les insultes n'ont jamais rien amené de toutes les façons.


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