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Algérie : révolution ou évolution ?
Publié dans El Watan le 09 - 04 - 2019

Depuis le 16 février dernier et le début des manifestations contre le président Bouteflika, à Kherrata en Kabylie, la situation politique algérienne ne cesse de connaître des fluctuations, et ce, au gré des imposantes manifestations de rue, en Kabylie, à Alger et dans les autres grandes villes du pays, et des prises de position de la Présidence et de l'armée, entre fausses promesses d'une réelle transition démocratique et véritables sournoiseries et autres manipulations politico-médiatiques.
Ce 2 avril, au summum d'une insoutenable tension et d'un bras de fer avec le chef d'état-major de l'armée, fidèle parmi les fidèles du «cercle présidentiel», le président Bouteflika a «présenté» sa démission, conformément à la terminologie officielle. Un communiqué diffusé par l'APS (Algérie Presse Services), l'agence officielle, est venu confirmer les rumeurs qui n'ont point cessé de circuler ces dernières 48 heures.
Cette même agence, l'un des canaux d'expression de tous les pouvoir successifs, a publié, peu de temps avant l'annonce de la «démission» du président Bouteflika, un communiqué de l'armée algérienne rendant compte des décisions prises par son état-major qui était en conclave aux Tagarins, siège du ministère de la Défense.
A la lecture de ce communiqué, constat est fait que l'armée venait de décider du sort du Président et de son «cercle présidentiel», composé de sa fratrie et des membres de cette oligarchie qui a gravité autour de lui durant deux décades.
Dans son communiqué, le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, qui venait d'être conforté à ce poste la veille lors de la désignation du nouveau gouvernement, a tiré à boulets rouges sur le «cercle présidentiel» présenté comme une «bande» qui utilise la fraude et la corruption pour gouverner, tout en exigeant l'activation de la disposition de l'article 102 de la Constitution algérienne inhérente à l'empêchement du Président pour cause de maladie.
Cette exigence a été assortie d'une condition, celle de l'immédiateté de son application. Peu de temps après, le canal d'information a été utilisé pour annoncer donc la «démission» officielle du président Bouteflika.
De ce fait, avec ce communiqué de l'état-major de l'armée, son chef a prouvé, à considérer qu'on ait besoin d'une telle preuve, que l'armée a toujours été le socle du pouvoir en Algérie. C'est elle qui intronise ses présidents et c'est tout aussi elle qui les détrône. Et Bouteflika a vécu cela à quatre reprises durant sa longue carrière politique : en 1965, lors du coup d'Etat militaire qui a porté Boumediène à la présidence et Bouteflika au ministère des Affaires étrangères.
En 1978, à la mort du président Boumediène, quand l'armée avait décidé de placer le colonel Chadli Bendjedid à la tête de l'Etat, alors que Bouteflika était le dauphin tout désigné. Et en 1999, quand cette «grande muette» a rappelé le même Bouteflika pour donner une couverture politique à l'accord militaire négocié par le DRS avec les groupes terroristes islamistes.
Durant toutes ces années, la cohabitation entre les deux pôles, armée et Présidence, a été en dents de scie, la confrontation ayant culminé, en 2015, lors de la «mise à la retraite» du général de corps d'armée Mohamed Mediène, dit Toufik, l'omnipotent chef du DRS depuis 25 ans. Avec cette décision, présentée comme une victoire politique par le clan de Bouteflika, les observateurs se sont empressés de déduire que l'armée venait d'être domestiquée par le Président, qui s'est toujours targué de refuser d'être un 3/4 de président. Les événements de ces 48 heures leur ont donné tort.
Le président Bouteflika vient donc de faire les frais de cette triste réalité politique algérienne : la primauté du militaire sur le civil. Même si cette démission est présentée comme étant une décision personnelle du chef de l'Etat, alors qu'on le sait très malade, ce n'est un secret pour personne que c'est l'armée qui a pesé de tout son poids, fort lourd au sein des institutions de l'Etat algérien, pour faire bouger les lignes. C'est cette même armée qui a fait «démissionné» le président Chadli Bendjedid, en janvier 1992, pour imposer l'arrêt du processus électoral qui avait donné, après un scrutin biaisé d'avance, vainqueurs les intégristes islamistes de l'ex-FIS (Front islamique du salut) qui sont à l'origine des GIA (Groupes islamistes armés), qui ont commis des massacres à grande échelle et des crimes contre l'humanité.
27 ans après donc, dans un contexte politique totalement différent, et à l'ère des Facebook, Twitter et Google, la logique du «président démissionné» prime chez les généraux algériens qui ont toujours été la colonne vertébrale du pouvoir et les marionnettistes de ses présidents.
Il est vrai que, cette fois-ci, la très forte mobilisation citoyenne, entamée le 16 février dernier, a donné une occasion à l'armée de se défaire d'un Président malade et d'un clan présidentiel fort encombrant qui, de par leur entêtement à garder le pouvoir, notamment en dehors des clous constitutionnels avec la prolongation du 4e mandat du Président au-delà du 28 avril prochain, empêchant de facto la désignation d'un candidat du «consensus», ont mis en danger les équilibres des clans au pouvoir (militaires, partis politiques satellitaires, oligarchie financière imbibée dans la rente pétrolière, certains cercles médiatiques).
Après avoir commencé par menacer les manifestants au début de la «prosta citoyenne», celle-ci – nous ne le dirons jamais assez – étant la résultante d'une longue et difficile lutte pour la démocratie depuis la répression du Printemps berbère en avril 1980, en passant par le Printemps noir de Kabylie, avec son lot de 126 jeunes assassinés par les gendarmes et des milliers de blessés, alors que le discours politico-médiatique veut l'imposer comme étant le fruit d'une génération Facebook spontanée sortie ex-nihilo, le général de corps d'armée a changé de fusil d'épaule (sans jeu de mots aucun) en lénifiant son discours au fur et à mesure que les cortèges des manifestants grossissaient par millions.
Vu la forte mobilisation, c'est lui-même qui a demandé l'application de l'article 102 de la Constitution inhérent à l'empêchement du Président pour cause de maladie, alors que cette demande a été formulée par l'opposition depuis 2013. Dans son communiqué d'hier, il a tressé des lauriers au peuple qui est devenu, subitement, la «seule source de pouvoir et de souveraineté». Pourtant, ce même peuple a été réprimé chaque fois qu'une tentative de mobilisation a point le bout de son nez, notamment lors des passages en force par le Président durant les mascarades électorales passées.
En se drapant des oripeaux de la légitimité populaire, par le discours et les mots choisis, par opposition au président Bouteflika qui s'accroche au pouvoir, le peuple est flatté dans le sens de ses revendications citoyennes subitement considérées comme «civilisées et patriotiques». Il ne restait donc qu'à faire siennes les revendications du «Système dégage», «Vous avez volé le pays, espèces de traîtres» (et autres slogans des manifestants). Ce Rubicon a été franchi, hier, sabots et treillis baissés.
Maintenant que cette victoire symbolique est acquise, l'Algérie entre dans le dur : celui de la rupture avec Bouteflika, son pouvoir et son système. Il se trouve que celui qui vient de «démissionner» le président Bouteflika est l'un des visages hideux de ce pouvoir dictatorial. C'est ce même Bouteflika qui l'a désigné à la tête de l'armée. Durant ces nombreuses années, il n'a rien trouvé à redire ni sur la gestion chaotique du président Bouteflika, ni sur la fraude érigée en système d'accession et/ou de maintien au pouvoir, ni sur la corruption généralisée, ni sur les violations à répétition des droits humains. Depuis hier, il tente de se donner l'image d'un héros.
Cette «démission» acquise, de facto, l'Algérie entrouvre donc les portes d'une période de transition qui est codifiée de jure par la Constitution. Le gros souci, et c'est là où le bât blesse, c'est que cette transition, sauf décision contraire qui surviendrait ces prochains jours, sera dirigée par un futur Président par intérim, Abdelkader Bensalah, le président actuel du Sénat, qui dirige le Parlement depuis 22 ans (Assemblée nationale puis Sénat) et par un Premier ministre, Noureddine Bédoui, ex-ministre de l'Intérieur, donc chef d'orchestre de la fraude électorale et de la systématique répression des militants démocrates, et qui vient d'être désigné par Bouteflika à ce poste. En résumé, le peuple exige par millions une transition qui se fera sans Bouteflika et son système et contre eux ; l'armée dégaine la destitution de Bouteflika mais en laissant ses larbins gérer la transition alors qu'ils sont honnis par le peuple. Trouvez l'erreur !
Quid donc de l'avenir le plus proche ? La nuit dernière, à l'annonce de la «démission» de Bouteflika, des milliers de personnes sont sorties à Alger pour fêter cet événement car, nonobstant le contexte politique actuel, c'en est un quand on regarde dans le rétroviseur : il y a de cela juste deux mois, Bouteflika et tous ses serviteurs allaient imposer, dans le mépris de la volonté populaire, un 5e mandat pour un homme gravement malade et totalement absent de la scène politique et médiatique, au point de se faire représenter par un cadre, symbole de la honte nationale.
Aujourd'hui, le Président a été obligé de titrer sa révérence et son oligarchie, interdite, officiellement, de sortie du territoire national, est sous le coup de mesures conservatoires et d'enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet compétent, ces dernières 48 heures, pour des faits de corruption, notamment. Vu la célérité de ces procédures, et connaissant la lenteur du système judiciaire et de sa dépendance au pouvoir politique puissant du moment, ce n'est point une erreur que de dire que ces procédures ont été diligentées sur instruction afin de les utiliser comme des leviers de pression contre le Président et son cercle. Au stade actuel, on peut dire que le message est passé comme une lettre de cachet. Ceci est de nature à annoncer de futures chasses aux sorcières, ce qui ne sera pas de bon augure pour un process politique qui se veut révolutionnaire dans ses méthodes et ses objectifs.
Cet enthousiasme doit donc être mesuré car les Algériens connaissent l'arrière-goût de cette soupe à la grimace. La vigilance est plus que jamais de mise, la destitution du président Bouteflika ne signifiant aucunement, au stade des éléments dont nous disposons actuellement, le lancement d'un véritable processus transitionnel pouvant mener vers l'édification d'une IIe République et vers la démocratie.
En janvier 1992, quand l'armée a décidé de «démissionner» le président Chadli Bendjedid et d'arrêter le processus électoral, empêchant de fait la prise du pouvoir par les islamistes, le peuple a applaudi, globalement. Des franges importantes de la population se sont engagées, à juste titre, dans ce processus de lutte contre l'islamisme politique et son corollaire, le terrorisme islamiste. Cependant, au moment où on militait pour sauver l'Algérie des griffes de l'islamisme politique et armé, le pouvoir militaire détournait notre mobilisation pour sauver le système. C'est ce système-là qui est à l'origine de l'intronisation du président Bouteflika en 1999 et de son maintien jusqu'à maintenant ; c'est ce même système qui a imposé une infamante «grâce amnistiante» en janvier 2000 et qui a libéré plus de 7000 terroristes islamistes.
C'est toujours ce système qui a permis le viol de la Constitution en 2008, afin de permettre à Bouteflika de lever le verrou constitutionnel de la limitation à deux mandats présidentiels pour en faire une présidence à vie. C'est ce système qui a ordonné aux gendarmes de tirer et d'assassiner 126 jeunes et d'en blesser des milliers d'autres en Kabylie, en 2001, sans que justice ne soit rendue aux familles des victimes à ce jour.
In fine, c'est ce système qui a imposé l'amnésie et l'impunité contre lesquelles nous luttons depuis des décennies, ce système honni par les millions de marcheurs durant les manifestations de ces dernières semaines, qui tente de s'imposer comme le gérant et le garant de la transition démocratique. C'est comme si on mettait l'extincteur d'une maison qui brûle entre les mains des pyromanes.
Cette «protesta citoyenne» a certes marqué des points, mais le plus important et le plus difficile sont à venir. Le dire n'est point être négatif ou fataliste, mais c'est faire preuve de réalisme politique et d'une prise de conscience face aux méthodes dilatoires qu'utilise ce pouvoir pour se régénérer à souhait et maintenir sa pérennité.
Dans un pays ravagé par les affres de la dictature et de l'arabo-islamisme, il ne sera point aisé, même si les joyeuses manifestations ont donné une image positive du peuple, d'édifier une réelle démocratie parlementaire à contre-courant des résistances de ce système présidentiel actuel honni.
Une démocratie qui garantira dans sa Constitution future les droits humains et l'égalité entre les citoyennes et les citoyens, avec la sécularisation de l'Etat en séparant le fait religieux du fait politique ; une démocratie qui mettra fin définitivement à l'apartheid identitaire, culturel et linguistique qui frappe l'identité amazighe (berbère) par l'octroi à la langue amazighe un statut constitutionnel officiel, identique de jure comme de fait à celui accordé à la langue arabe depuis la première Constitution en 1963 ; une démocratie qui extirpera l'Algérie des affres du centralisme jacobin, l'un des vecteurs porteurs des référents identitaires de ce système, et qui mettra l'immensité du territoire algérien au service de la diversité culturelle et identitaire de ce pays, en choisissant le système fédéral où les autonomies politique, linguistique, culturelle régionale comme mode d'organisation de l'Etat, à l'exemple de ce qui a été fait par le Congrès de la Soummam en 1956.
Ces lignes directrices d'un projet de société moderne mises en avant permettront de baliser le chemin à prendre pour une transition réussie. La désignation d'une entité politique indépendante, gage de sa légitimité, pour gérer les affaires courantes et l'élaboration d'une nouvelle loi électorale sont des chemins pratiques qui mèneront vers l'organisation d'une élection présidentielle «propre et honnête» et durant laquelle l'expression de la volonté populaire ne souffrira d'aucune nuance.
Tout en étant une voie technique, leur réalisation dans les prochaines semaines donneront un indice, sans préjuger du maintien de la mobilisation citoyenne, quant à la réelle volonté de l'armée d'aller vers une rupture totale avec ce système.
Les généraux algériens, maintenant qu'ils avancent à visage découvert dans l'arène politique et assument publiquement la primauté de leur décision politique, en faisant fi de la réalité constitutionnelle qui fait du président de la République le «chef suprême des forces armées», ont une opportunité historique à saisir, au prorata des leviers politico-militaires dont ils disposent.
Dans son communiqué d'hier, le général de corps d'armée Gaïd Salah a insisté sur le facteur temps : «Nous estimons qu'il n'y a plus lieu de perdre davantage de temps…» Nous lui renvoyons cette lapalissade, mais le temps n'est plus aux tergiversations, aux fausses solutions et autres manipulations. Au vice-ministre de la Défense, qui se targue de «soutenir le peuple jusqu'à ce que ses revendications soient entièrement et totalement satisfaites», de prouver qu'il est un homme de l'histoire et non pas un homme qui sera balayé par l'histoire, car la seule revendication de ce peuple, sans cesse réclamée dans la multiplicité des slogans récents et des périodes historiques de luttes, a trait à l'urgence de la rupture totale avec ce système liberticide, ses méthodes et ses hommes.
Les Algériennes et les Algériens, qui luttent, depuis le Printemps berbère d'avril 1980, pour un Etat civil, moderne et démocratique, malgré le sanglant piège idéologique et militaire de l'islamisme politique, ont applaudi, dans la vigilance, leur premier acte politique d'hier, en espérant qu'il soit le fruit de la mobilisation de ces dernières semaines et dont le combat est la résultante de sacrifices et de luttes pérennes, malgré les affres de la torture et de la répression. Ils ont donc l'expérience nécessaire pour surveiller la suite des événements. Ils sauront si le chef d'état-major a soufflé la fin de la dictature ou s'il n'a fait que signifier un «game over» de la protesta citoyenne.
Dans le focus populaire donc : maintenir la mobilisation, et ce vendredi sera une occasion supplémentaire de maintenir la pression sur ce pouvoir, afin de surveiller si la «démission» du président Bouteflika par l'armée algérienne est de nature à reprendre le souffle démocratique et fleuri de la «Révolution des œillets», dans la limite d'une telle comparaison historique, par l'édification d'une IIe République et l'élection d'un Président de rupture (comme nous l'appelions de nos vœux dans un article publié en janvier 1999 : «Algérie, République cherche Président de rupture désespérément»), ou si elle ne sera que l'ersatz d'une dictature à la «Sissi» qui prolongera encore le bail de ce système et de ses méthodes antidémocratiques, faites de larmes et de sang, mais qui nous imposera, de facto, le renouvellement et de nos analyses et de nos méthodes de lutte, car il est hors de question de perdre encore 30 années de nos vies broyées par la dictature et le terrorisme islamiste. C'est notre leçon historique à nous.
Au sein du mouvement culturel amazigh, mouvement d'essence démocratique et laïque, on a toujours eu, face à cette dictature, une maxime de vie, de lutte et d'espoir : «Ur Nettruzu, ur nkennu» (Nous ne plierons et ne nous inclinerons point). Elle est plus que jamais d'actualité. Dont acte !


Par Salah Hannoun , Avocat et défenseur des droits humains


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