Notre principal objectif demeure la qualification aux Jeux olympiques de Tokyo

Mustapha Lemmouchi. Président de la Fédération algérienne de volley-ball

La sélection algérienne masculine de volley-ball compte depuis samedi dernier un nouvel entraîneur en la personne du coach cubain Raoul Diago Izquierdo. L'occasion pour nous de faire le point avec le président de la Fédération algérienne de volley-ball, Mustapha Lemmouchi.
– Depuis samedi dernier, la sélection algérienne masculine de volley-ball compte un nouveau sélectionneur en la personne du Cubain Raoul Diago Izquierdo. Comment avez-vous réussi à mettre la main sur ce technicien ?
D'abord, il faut rendre à César ce qui appartient à César. Si nous avons pu engager l'entraîneur Raoul Diago Izquierdo avec nous, c'est grâce au concours du président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf. Ce dernier avait pris attache avec lui par l'intermédiaire d'un Algérien établi à La Havane.
Berraf m'a appelé par la suite pour me proposer ses services. Il m'a dit qu'il y a un très grand entraîneur cubain qui est intéressé pour travailler en Algérie. On a consulté son palmarès et on a très vite accepté cette proposition. C'est donc le patron du Comité olympique algérien qui s'est occupé de tout.
En plus des contacts, le COA lui a acheté le billet, l'a ramené et l'a hébergé pendant quatre jours l'hôtel Holiday Inn. C'est aussi le Comité olympique algérien qui se chargera de sa rémunération. Nous avons vraiment eu de la chance d'avoir un grand soutien de la part COA, que l'on remercie vivement.
– Quels sont les objectifs assignés au nouveau sélectionneur national ?
Nous lui avons fixé plusieurs objectifs. D'abord, la qualification au Championnat du monde à travers de la Coupe d'Afrique qui va se dérouler en Tunisie du 19 au 29 juillet. On espère, inch'Allah, être parmi les trois premiers afin de valider notre qualification.
Cette année, il y aura également les Jeux africains qui vont se dérouler au Maroc, à Rabat, à la fin du mois d'août. En tant que médaillés d'or de la dernière édition, on espère garder notre titre. Cette compétition reste un objectif intermédiaire.
Toutefois, notre principal objectif demeure la qualification aux Jeux olympiques de Tokyo de 2020, et cela à travers un tournoi qualificatif qui va se dérouler fin novembre, début décembre. Les dates exactes et le lieu n'ont pas encore été déterminés. Là, il va y avoir un seul représentant africain. Ça va être très difficile avec la présence de l'Egypte, la Tunisie, le Cameroun et aussi la Maroc.
Nous restons néanmoins ambitieux et confiants. Il y a aussi un 4e objectif, à savoir la préparation de la future équipe qu'on espère voir représenter l'Algérie aux Jeux olympiques de 2024 à Paris. Il y a également un objectif à long terme, celui de la préparation de la future élite et en même temps la formation des entraîneurs algériens.
– On avait évoqué à un certain moment le nom de Mourad Sennoun pour venir assister le technicien cubain…
Mourad Sennoun rentre dans le cadre du grand projet qu'on a élaboré pour le développement du volley-ball algérien, parce que nous comptons faire une réforme globale en ce qui concerne la préparation de nos équipes nationales.
Nous allons opter pour une préparation continue. Nous comptons reconduire le projet, déjà lancé en 2009, celui de Nedroma. C'est un projet qu'on va mener, en principe, à Souidania.
Nous avons eu l'aval du ministère de la Jeunesse et des Sports et également le soutien du Comité olympique algérien que je remercie encore une fois pour son accompagnement. A Souidania, nous allons regrouper une trentaine de jeunes, qui répondent aux critères morphologiques des volleyeurs de par le monde avec une taille aux alentours de 2 mètres.
Ces jeunes vont être regroupés pendant toute l'année. Ils seront aussi scolarisés. C'est l'équipe nationale algérienne qui sera, inch'Allah, à Paris en 2024. Dans ce cadre-là, il y aura des ramifications qui vont se faire. Nous avons établi sept zones où il y aura dans chacune une sélection. Il y aura celles de Tlemcen, Oran, Chlef, une zone entre Blida et Alger, une à Sétif et une autre à Constantine.
En principe, ce sont ces sélections zonales qui vont nous fournir les athlètes les mieux préparés, qui seront les plus aptes à faire partie de l'équipe nationale et qui seront par la suite admis au projet de Souidania. C'est pour cela que nous avons besoin de beaucoup d'entraîneurs, dont Mourad Sennoun, qui fera partie du projet et qui va travailler en étroite collaboration avec l'entraîneur cubain.
Et ce projet, je le dis encore une fois, c'est grâce au soutien moral et financier du Comité olympique algérien et du ministère de la Jeunesse et des Sport parce que seule, la Fédération ne pourra jamais le faire. C'est un projet pilote qui va se faire en Algérie et je pense que cela va être généralisé à toutes les autres Fédérations.
Pour revenir à votre question, j'ai discuté avec Sennoun. Il nous a donné son accord de principe, mais comme il est encore lié jusqu'à la fin du mois juillet à la Fédération émiratie, il nous a demandé de lui accorder un temps pour essayer de résilier son contrat à l'amiable.
– Est-ce que ces centres sont déjà opérationnels ?
En réalité, nous avons déjà choisi les centres et désigné les encadreurs qui vont travailler au niveau des ces structures. Il nous reste seulement à lancer la première opération juste après l'Aïd. Nous allons commencer à regrouper les jeunes au niveau des centres.
Tous ces jeunes vont provenir des clubs qui vont continuer à les former. A ce propos, on va associer les entraîneurs des clubs. Nous allons les réunir avec le technicien cubain.
Ce dernier va leur expliquer sa méthode de travail, ses objectifs, ses attentes. Il est primordial que tous les entraîneurs travaillent pour le même but. Si on parvient à atteindre 50% de nos objectifs cette année, ça sera déjà un grand acquis. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le coach cubain Raoul Diago Izquierdo est aussi un expert.
C'est pour cela que nous l'avons sollicité afin de nous faire un état des lieux du volley-ball algérien et de nous proposer des solutions. Le technicien est parti mardi dernier à Cuba. Il sera de retour le 24 de ce mois. Il va superviser le tournois play-off pour réellement faire la sélection des meilleurs athlètes et entamer un travail de prospection au niveau des jeunes.
– Les sélections tunisienne et égyptienne semblent avoir pris de l'avance par rapport à l'Algérie. Pensez-vous que l'écart est rattrapable ?
Du point de vue potentiel, je pense qu'il n'y a pas vraiment de grand écart. Nous l'avons constaté lors de la dernière Coupe d'Afrique qui s'est déroulée en Egypte. Avec une bonne préparation, on aurait pu atteindre la finale, voire décrocher le titre continental. Je reconnais, par ailleurs, que la préparation ne se fait qu'à un mois ou deux d'une compétition.
Nos équipes nationales étaient en léthargie un peu trop longtemps et on l'a payé cash. Cette fois-ci, nous avons entamé la préparation à temps. Je pense qu'avec une bonne préparation et beaucoup de sérieux, nous aurons, à l'avenir, notre mot à dire.
– Quelle est l'ambition de la Fédération par rapport à la sélection féminine qui, il y a quelque temps, était la meilleure du continent ?
Cette équipe nationale était pratiquement la meilleure en Afrique et avait un très bon niveau, malheureusement elle a été délaissée.
Au lieu de persévérer et développer le volley-ball féminin en mettant plus de moyens à la disposition de cette équipe, elle a été carrément mise en quarantaine et les conséquences sont là. Aujourd'hui, cette sélection accuse énormément de retard par rapport aux autres pays qui ont continué à travailler.
Je pense que ça sera très difficile de retrouver le haut niveau dans l'immédiat. Néanmoins, nous comptons appliquer le même projet pour les filles, quoique cela va être plus difficile vu que nous avons remarqué que le gabarit chez les filles ne suit pas.
L'autre problème qui se pose ce sont les contraintes familiales qui n'acceptent pas aussi facilement que leurs filles partent en regroupement pour de longues périodes, en plus du mariage qui parfois oblige les athlètes à abandonner leur carrière. Mais on ne désespère pas d'essayer d'établir un plan d'action pour que l'équipe féminine retrouve sa place au niveau continental.
– Qu'en est-il des sélections nationales de beach-volley ?
Il faut savoir que nos équipes nationales filles et garçons des U21 sont qualifiées pour les Championnats du monde qui auront lieu en Thaïlande. La sélection masculine a décroché la 2e place lors de la CAVB beach-volley Africa nations cup U21, qui a eu lieu en Egypte. Les filles ont décroché pour leur part la 3e place dans la même compétition.
Pour les seniors dames et les seniors hommes, ils vont participer au tournoi qualificatif, à partir du 27 avril, au Nigeria. Par ailleurs, il faut savoir que nos équipes se préparent depuis maintenant plus de deux mois au niveau de Boumerdès. Les joueurs(es) ne rejoidront leur club que mardi afin de prendre part aux matches.
– En début de saison, il y avait la menace d'une année blanche en raison des problèmes récurrents des clubs. Comment est la situation aujourd'hui ?
La situation est désormais stable. Le championnat se déroule dans de très bonnes conditions et le volley-ball algérien semble avoir été remis sur les rails. A travers cette crise, nous estimons avoir tiré les bons enseignements. Les responsables du volley-ball algérien, surtout les clubs, ont démontré une certaine maturité.
C'est vrai qu'ils ont demandé l'augmentation des subventions, le soutien de l'Etat, etc. mais à un moment ils ont compris qu'il fallait reprendre la compétition. C'est vrai que nous avons entamé difficilement la compétition en accusant beaucoup de retard. Toutefois, la saison va se terminer dans les temps avec les deux compétitions de la coupe d'Algérie, prévues les 27 et 28 mai.
– Que s'est-il réellement passé ?
Au départ, les clubs revendiquaient le soutien financier et matériel et aussi la disponibilité des salles au niveau de leur commune respective. Après, il y a eu quand même de la manipulation. Il y avait certaines personnes qui ont voulu détourner ce mouvement vers d'autres revendications.
Dieu merci, nous avons des présidents responsables qui ont compris la manœuvre. Ils ont décidé de mettre fin à cette mascarade et de reprendre la compétition. Les responsables des clubs ont pris la bonne décision à temps.