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Dialogue national : les trois murs à franchir
Publié dans El Watan le 11 - 05 - 2019

La crise actuelle prend des dimensions éprouvantes pour nos compatriotes, pour la société dans son ensemble et pour l'Etat national lui-même. Comment abréger cette épreuve et comment en contenir les coûts politiques, économiques et sociaux ? Voilà la question dominante du moment.
Toutes les révolutions, même les plus pacifiques, ont un prix dont les pays doivent s'acquitter tôt ou tard. Tout l'enjeu est de maintenir ce prix dans les limites du supportable pour un Etat fragilisé comme le nôtre, pour une économie nationale déjà à l'agonie, et pour une société qui aspire à avancer et non à reculer. Une crise qui dure est toujours dangereuse.
Chaque jour qui passe apporte son lot de complications qui rendent son règlement plus problématique et plus complexe. Ce règlement n'est déjà pas aisé et toute la lucidité et la sagesse commandent de ne pas différer les solutions qui sont à portée de la main aujourd'hui, mais qui, demain, risquent de ne plus l'être.
Lorsque je pense à la crise actuelle, c'est immanquablement un alignement de trois murs qui se forme dans mon esprit.
Il y a ce premier mur qui obstrue actuellement l'accès à tout règlement. Il s'agit de l'application stricte et intégrale de l'article 102 de la Constitution. Cet article avait toute sa pertinence pour organiser constitutionnellement la déclaration de vacance de la fonction de président de la République.
Le reste du dispositif qu'il met en place pour pourvoir à cette situation de vacance entre, par contre, en conflit frontal avec les revendications légitimes de la Révolution démocratique pacifique en marche dans notre pays. Ces revendications sont claires comme de l'eau de roche. D'une manière générique, elles portent sur le départ du régime politique dans son ensemble.
Et d'une manière plus spécifique et ciblée, c'est ce même ordre de départ qu'un large consensus national donne à toutes les figures emblématiques de ce régime encore aux commandes des principales institutions du pays.
Ce premier mur est loin d'être infranchissable. Son franchissement ne dépend que d'une volonté politique claire et résolue. Son levier se trouve dans l'hybridation politique et constitutionnelle que permet la mise en œuvre combinée des articles 102, 7 et 8, sans préjudice d'autres articles de la Constitution disponibles pour offrir la nécessaire couverture constitutionnelle aux aspects politiques du règlement de la crise actuelle.
Cette hybridation politique et constitutionnelle dispose de mécanismes déjà identifiés. Il s'agit d'en choisir le plus adapté, le plus accepté et le plus proche de l'esprit et de la lettre de la Constitution. Tout cela n'est qu'affaire de volonté politique.
Il y a un deuxième mur qui se profile à l'horizon. Si rien n'est entrepris dans l'intervalle, il viendra s'aligner sur le premier, et alors ce ne sera pas un simple mur, mais un double mur que le pays aura à franchir.
En effet, dès le 23 de ce mois, c'est-à-dire dans une quinzaine de jours, il sera procédé au dépôt des candidatures pour la présidentielle auprès du Conseil constitutionnel. Avec ce dépôt, le processus électoral effectif entamera sa marche, alors même qu'aucune condition exigible pour la bonne tenue de la présidentielle n'a été remplie. Est-il bien avisé de permettre à ce processus d'aller à son terme au risque d'exacerber la crise actuelle et de la faire entrer en terrain inconnu ?
Dans le contexte actuel et en l'absence du moindre accord sur sa préparation, son organisation et son contrôle, la tenue de la présidentielle à l'échéance fixée est loin, très loin, d'être la solution à la crise. Elle présente tous les risques réels d'en être un facteur aggravant.
Si ce constat est établi comme la raison d'Etat le commande, la présidentielle devrait être reportée pour permettre sa tenue ultérieure dans les conditions les plus acceptables et les moins récusables.
Un accord sur ce report serait hautement utile. Il devrait intervenir avant la date fatidique du 23 mai courant. Au-delà de cette date, ce n'est pas un, mais deux processus électoraux qui auront été annulés en un peu plus d'un mois avec un surcroît de discrédit au préjudice d'un Etat déjà lourdement atteint d'instabilité, de précarité et de fragilité.
Il y a, enfin, un troisième mur qui se profile à un autre horizon pas si lointain, c'est l'échéance du 9 juillet prochain, avec l'arrivée à son terme de la période des 90 jours nécessaires à l'élection d'un nouveau président de la République, conformément à l'article 102 de la Constitution. Ce troisième mur viendra s'ajouter aux deux précédents et ce sera à une course d'obstacles que le pays devra se livrer.
Ici, l'alternative est visible à l'œil nu. Ou bien, en dépit de tous et de tout, un nouveau président de la République aura été élu dans une opération à marche forcée et nous entrerons ensemble en terra incognita. Ou bien l'élection, en toute probabilité, n'aura pas eu lieu et nous serions alors, toujours ensemble, confrontés à un vide institutionnel et constitutionnel le plus total, avec en toile de fond une instabilité et une incertitude politiques non moins totales et non moins périlleuses.
Voilà l'image réduite de la crise actuelle que j'ai à l'esprit à travers ces trois murs, dont l'un se dresse déjà devant nous et dont les deux autres s'élèveront fatalement sur notre chemin, si nous ne faisons pas œuvre d'imagination, d'entente et de sens des responsabilités pour abattre dès maintenant le premier d'entre eux qui nous ferme hermétiquement l'accès au règlement de la grave crise actuelle.
Pour ce faire, le dialogue national n'est pas seulement une nécessité. Il est d'une urgence absolue. Le dialogue n'est pas seulement un impératif moral. Il n'est pas simplement le moyen le moins coûteux pour le règlement de la crise. Il n'est pas non plus une fin en soi.
Ce dialogue est d'une urgence absolue pour faire bon usage des solutions qui existent maintenant avant qu'elles ne se mettent progressivement hors de notre portée les unes après les autres.
Un dialogue fructueux, c'est-à-dire un dialogue productif de résultats qui influent favorablement sur le cours du règlement de la crise devra être assis sur des bases solides. Qu'est-ce à dire ? Cela veut dire que tous nos efforts doivent se concentrer sur le franchissement du premier mur qui nous ferme actuellement la voie du règlement. Et si le dialogue permet le franchissement réussi du premier mur, il empêchera du même coup l'apparition prévisible des deux autres dans un avenir bien proche.
Cela veut dire, aussi, que ce dialogue doit être pourvu des moyens de sa réussite. Il y a d'abord la problématique des interlocuteurs valables et crédibles que ce dialogue doit réunir. Dans ce contexte, la partie invitante à ce dialogue doit être d'une autorité morale et politique incontestable et irrécusable. Cette partie invitante ne devrait d'aucune manière et en aucune circonstance être elle-même un facteur d'empêchement de la simple amorce du processus de dialogue.
Il y a ensuite le cadre de ce dialogue à établir avec une vision globale de la crise et des exigences de son règlement effectif et rapide. De ce point de vue, l'attention doit se porter non pas sur les données périphériques de la crise, pour aussi importantes qu'elles soient, mais sur son noyau véritable. Et ce noyau réside dans l'application littérale et exclusive de l'article 102 qui concentre tant de refus et de rejet.
Le cadre du dialogue dont il s'agit doit consister en une sorte de feuille de route assurant au pays une continuité institutionnelle transitoire jusqu'à l'élection du prochain président de la République.
Il y a, enfin, l'objectif précis de ce dialogue qui doit être fixé. Il s'agit de l'élection du président de la République dans des conditions qui lui confèrent toute la représentativité, la crédibilité et la légitimité pour mener à bonne fin son mandat qui sera de toute évidence celui de la transition démocratique véritable à laquelle notre peuple aspire et que notre pays attend.
Voilà, à mon sens, le dialogue dont le pays éprouve un besoin pressant.
Face à un dialogue de cette nature porté par toutes les bonnes volontés, il n'y a ni mur infranchissable ni bastion imprenable ou inexpugnable.

Par Ali Benflis , Président de Talaïe El Hourriyet


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