Un immense dépotoir à ciel ouvert, avec son patchwork de détritus chamarrés et ses miasmes nauséabonds, est implanté dans un écrin de verdure, à quelques encablures en amont du chef lieu communal de Semaoun. Cette poche cloacale, à vomir les tripes, contraste de manière saisissante avec les paysages bucoliques alentour, la nature exubérante du printemps et les étendus champêtres exhalant de suaves fragrances. A croire que les profanateurs à l'origine de ce décor crade sont en indélicatesse avec un environnement clean et salubre. Il faut sans doute avoir maille à partir avec une nature propre et saine pour être aussi réfractaire, voire hostile à sa préservation. Assurément, il y a quelque chose d'incongru et d'hérétique dans ces images de bosquets verdoyants et de fourrés déroulant toute la palette chromatique, gâchés par une décharge sauvage. «Plus d'une fois, j'ai vu des automobilistes s'immobiliser sur l'accotement du CW 22 pour se délester de leurs sacs-poubelle. Avec une désinvolture déconcertante, certains quidams se débarrassent de leurs ordures à l'emporte-pièce», témoigne un paysan du village Selouana. Tous les types de déchets y sont représentés : ordures ménagères et assimilés, déchets inertes, objets encombrants, gravats et décombres. Même les cadavres d'animaux domestiques atterrissent sur le site. Des volutes de fumée générées par la combustion des déchets sont ballottées au gré du vent. Une solution de fortune qui pose bien plus des problèmes qu'elle est censée en résoudre. Les accotements et les caniveaux de cet axe routier menant vers la commune d'Ath Djellil sont aussi parsemés de détritus. Des packagings en verre, des canettes et des sacs en plastique jonchent tous les espaces. Même les recoins que l'on pourrait croire, à premier abord vierges de toute pollution, sont ostensiblement souillés. L'incivisme et les mauvais réflexes ont décidément la peau dure. «Nous avons beau nettoyer les lieux. Les mauvaises habitudes sont devenues une seconde nature», déplore le maire de Semaoun, interrogé sur ce sujet. Un aveu d'impuissance qui en dit long sur l'étendue du travail à accomplir pour changer les mentalités et inculquer l'écocitoyenneté.