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« La société civile est un partenaire incontournable »
Cherif Rahmani. Ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme
Publié dans El Watan le 04 - 05 - 2010

Rencontré au lendemain de la tenue à Oran de la réunion des 5+5 sur l'environnement et les énergies renouvelables, Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, a répondu, dans cet entretien, à des questions concernant cet événement, mais aussi à d'autres, plus générales, sur le secteur qu'il dirige.
Nous savons que dans les pays du Nord, le degré de conscience est tel que ce sont les sociétés civiles qui font pression sur les politiques pour les questions environnementales, contrairement aux pays de la rive sud où d'autres préoccupations sont exprimées par les populations. Cet aspect ne perturbera-t-il pas le dialogue des 5+5 ?
Je pense qu'aujourd'hui, l'opinion publique est un élément important de la gouvernance d'un pays et, plus largement, de la planète. De plus en plus, du côté des politiques se développe un pouvoir des entreprises et des banques (des bonnes et des mauvaises), mais également de l'opinion publique. Ces deux derniers pouvoirs se développent au détriment du premier. Il y a une sorte de rééquilibre dans la répartition des pouvoirs dans la gouvernance mondiale et locale. Donc, il est tout à fait normal que cette exigence planétaire, qui s'inscrit dans le cadre de la globalisation, affecte aussi des pays comme le nôtre où la société civile est jeune et son espace relativement peu développé.
Cependant, si elle a une chance d'évoluer, c'est dans le cadre du développement durable et de l'environnement. Dans cet esprit, je rappelle que la loi sur le développement durable, au niveau de ses deux ou trois premiers articles, fait de la société civile un partenaire incontournable. Mieux, un défenseur, un vigile, un gardien de la protection de l'environnement puisqu'elle accorde le droit à une association ou à une ONG de se constituer partie civile, même si elle n'est pas concernée directement, lorsqu'elle constate qu'il y a atteinte à la nature ou à la biodiversité de l'écosystème. Depuis lors, de nombreuses associations ont investi ce champ, activant dans ce domaine, se mettant en réseau et créant des liens sur le plan international.
A Copenhague, des ONG algériennes ont participé en apportant leurs voix. L'on se souvient de cette image illustrative du bras de fer avec les grands pays lorsqu'une centaine d'ONG algériennes et internationales ont pris parti pour la position commune africaine. Donc, au niveau des 5+5, la situation est exactement la même. Ils font partie d'un monde et nous faisons partie d'un monde moins développé, mais il y a une société civile présente et qui a participé à cette réunion via les administrations territoriales locales.
Des citoyens de l'agglomération d'El Ançor (un exemple à Oran), qui ont manifesté contre la dégradation de l'environnement, ont été rappelés à l'ordre et des acteurs associatifs ont été interpellés par les services de sécurité suite à des émeutes. N'est-ce pas là un contre-exemple de la volonté affichée de travailler avec la société civile ?
Je pense que la meilleure manière de s'exprimer ce n'est pas par la violence ou d'aller à la contestation brutale. Il y a des voies, des recours au niveau des administrations, des élus concernés et puis l'administration concernée au niveau de la wilaya. Lorsque toutes les voies sont épuisées, il y a la justice qui donne à l'association le droit de se constituer partie civile. Je peux vous dire que l'administration de l'environnement se mettra également du côté de l'ONG lorsque son recours est justifié, c'est-à-dire s'il y a atteinte à l'environnement. Il faut absolument que ce genre de questions reste dans le champ de la contestation pacifique et dans le cadre des arbitrages qui sont valables sous tous les cieux et dans toutes les démocraties.
Comment compte-t-on, dans notre pays, gérer les impératifs de développement économique en liaison avec les contraintes liées à l'environnement quand on sait qu'un pays comme la Chine, en pleine croissance, continue par exemple à se considérer comme un pays en voie de développement afin d'échapper aux pressions environnementales et de minimiser l'impact de son économie sur les changements climatiques ?
C'est effectivement une question qui, au départ, s'est posée de manière antagonique. L'environnement et l'économie ne peuvent pas coexister parce que l'économie doit être consumériste et l'environnement se considérait comme étant contestataire, rigoriste de la société de consommation. Je pense que le problème n'est plus posé de cette manière manichéenne. De plus en plus, on se rend compte qu'il ne s'agit pas de « moins » d'économie, mais du « mieux » d'économie dans le cadre du développement durable. Il est clair aujourd'hui que toutes les grandes compagnies ont, au-delà de la publicité qu'elles font dans le cadre du marketing sur les questions environnementales, compris que les économies d'énergie et d'eau, la réduction des déchets participent aux économies d'échelle et donc à la compétitivité de leurs entreprises. Ceci appelle une autre organisation, meilleure, un autre management et apporte une autre valeur ajoutée.
On a changé d'échelle et c'est dans cette perspective que l'Algérie se place pour décarboniser son économie, pour dépolluer son industrie et pour « verdir » progressivement sa croissance économique. Bien entendu, dans un premier temps, le chemin paraît étroit. C'est pour cela que nous n'utiliserons pas les interdictions. Nous n'utilisons pas la consigne, mais nous encourageons la confiance et l'adhésion volontaire. Vous remarquerez que, depuis quelques années, nous avons mis en place une politique fondée sur l'incitation économique et la fiscalité écologique. Nous n'avons pas eu de problème avec nos partenaires, car notre style est fondé sur la mobilisation acceptée. Comme exemple, nous avons les cimenteries algériennes qui, volontairement, dépolluent et rompent avec les systèmes anciens de production ainsi que les gaz torchés de Sonatrach. Nous avons tous les contrats de performance que nous avons signés avec plus de 200 entreprises algériennes. Pour prendre un exemple illustratif, on peut noter le nombre d'entreprises passées à la norme ISO : de deux ou trois en 2000, elles se comptent aujourd'hui par centaines.
Quelles sont les grandes lignes du plan d'aménagement des côtes que vous avez initié et pour lequel des P/APC des communes côtières ont été réunis ?
Il faut dire que nous sommes l'un des rares pays à avoir une loi littorale qui permet de mettre en place un certain nombre de règles limitant la croissance effrénée de l'urbanisation et le débordement excessif des activités sur les côtes. Elle interdit l'occupation sur les parties sensibles : plages, zones humides, forêts, bref, tout ce qui est espace vulnérable. Elle limite la croissance des villes et agglomérations longitudinalement par rapport à la mer, le long de la côte, pour ne pas dépasser les 3 km. Elle interdit la construction dans la zone de 100 m du bord de l'eau et, pour les industries, elle les limite à une ceinture d'une profondeur de 3 km. Elle encourage donc l'urbanisation à aller sur les piémonts et en profondeur. C'est en tout cas l'esprit.
Concrètement, un commissariat a été créé pour veiller à la protection des zones sensibles et contrôler l'application de la loi. On a installé des « écogardes », comme vous l'avez vu dans le documentaire (projeté en plénière de la réunion des 5+5, ndlr) pour suivre sur le terrain l'état de l'environnement marin et l'occupation du littoral. Puis on a institué un plan d'aménagement côtier intégré qui vise à mettre en place des programmes et des projets pour la gestion des déchets et de l'eau, pour l'assainissement, pour la protection des forêts, des zones humides et sensibles, de l'écosystème du littoral, etc. Dans ce sillage, on a voulu créer une coopération entre les communes (parce que le littoral n'a pas de frontières) en association avec les institutions et en mobilisant la société civile. On a essayé de créer une synergie qui permet de protéger la côte. C'est un exercice très difficile parce qu'il fait appel à des acteurs différents ayant des intérêts parfois divergents. Ce qui demande un travail pédagogique pour créer un espace où la résultante serait l'intérêt commun des personnes qui vivent sur la côte.
En quoi consiste l'Observatoire de la Méditerranée et du développement durable dont le principe de création, à Oran, a été adopté par la réunion des 5+5 ?
En ce qui concerne l'Observatoire dont le principe, vous l'avez dit, a été adopté par la réunion des 5+5, il consiste, premièrement, à mieux connaître la Méditerranée, ses ressources et ses potentiels ; deuxièmement, à identifier les points chauds, là où la pression humaine et ses activités sont importantes ; troisièmement, à aider les décideurs à arrêter des programmes de dépollution, de protection mais aussi de mise en valeur, tout en se fiant à une expertise internationale pointue qui permettra de mettre en réseau des experts au service de la Méditerranée.
En conclusion, je dirai que le schéma national d'aménagement du territoire a pour objectif, entre autres et en plus des problèmes d'équilibre et d'équité, de permettre la compétitivité et l'attractivité dans certains territoires et certaines villes, en commençant par les grandes. Dans ce cadre-là, en organisant cette conférence à Oran, en y invitant des instituts et des bureaux d'études de niveau international, en appelant à l'expertise, en y organisant des meetings et des conférences, nous participons à la métropolisation d'Oran pour en faire une ville de dimension régionale.
La ville d'Oran exprime d'immenses besoins avec les bidonvilles à éradiquer et son ancien bâti, particulièrement important mais fortement dégradé, à revaloriser. La projection que vous venez de faire n'est-elle pas une fuite en avant ?
La fuite en avant est une cause perdue, car sans projet, alors que la métropolisation d'une ville se fonde sur trois éléments : l'équité et donc aller vers les quartiers les plus difficiles, marginalisés, pour leur apporter des services basiques comme l'eau, l'assainissement, l'éducation et la santé. Parallèlement, il faut équilibrer la ville pour qu'il n'y ait pas un développement inégal, mais d'un autre côté, la ville se doit de produire de la valeur ajoutée économique. Il faut absolument drainer du capital, de l'intelligence et de l'expertise ! Mais pour que cela soit, des structures d'hébergement, d'accueil et d'hôtellerie sont nécessaires. Il ne s'agit donc pas de privilégier un pôle par rapport à un autre, mais de créer de la ressource financière et fiscale qui sera recyclée dans les budgets pour financer des programmes au service de tous.


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