Condamné en appel, le 13 mars dernier, à six mois de prison ferme, Hadj Ghermoul a été libéré hier de la prison de Aïn El Hadjar, à 10 km du chef-lieu de la wilaya de Saïda. Il a passé exactement 172 jours en détention. Sa sortie de la prison a fait l'événement. Sur les réseaux sociaux, les messages de soulagement et de sympathie se sont multipliés et son domicile familial, sis à Tizi, à 8 km de Mascara, s'est transformé en un lieu de regroupement de quelques militants du mouvement populaire venus le soutenir. «Je ne souhaite la prison à personne», nous dit-il, en gardant le moral. Le jeune militant de la Coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), Hadj Ghermoul, rappelons-le, a été écroué le 29 janvier dernier, trois jours après avoir brandi une pancarte sur laquelle on pouvait lire en arabe «La li ohda khamissa» (Non au 5e mandat). Son père Abdelkader, âgé de 67 ans, considérait son fils comme «l'un des tout premiers à s'être élevé contre le 5e mandat de l'ex-président Bouteflika». C'est la publication, sur le réseau social Facebook, d'une photo sur laquelle il apparaissait avec son ami d'enfance, Kada Rezouane, avec la fameuse pancarte, qui lui a attiré les ennuis que l'on connaît. «J'ai demandé à Ghermoul de ne pas publier la photo dans sa page Facebook. Il était en sursis pour une ancienne affaire d'outrage à un agent de l'ordre public», témoigne Kada. Lors de sa comparution immédiate devant le tribunal de Mascara, il sera accusé d'«outrage à corps constitué» et «délit d'ivresse publique». Le 7 février, le jeune Hadj, père de Zakaria et Slimane, sera condamné à six mois de prison ferme et à 300 000 DA d'amende. Les frais de l'avocat qui a plaidé pour lui ont été pris en charge par son ami Kada. «J'ai donné 20 000 DA à l'avocat que j'ai mandaté. Je ne peux pas le laisser seul !» nous confie-t-il. Le verdict est tombé comme un couperet pour la famille et amis de Hadj. Le 13 mars, il est de nouveau devant la barre de la cour d'appel de Mascara où le juge confirme la peine de prison et allège le montant de l'amende à 200 000 DA. Tous les appels demandant sa libération n'ont pas eu d'écho. Après la sortie de prison de Hadj Ghermoul, on souhaite et espère voir le jeune supporter de l'EN, Samir Serdouk – interpellé le 23 juin en Egypte pour avoir brandi le slogan «Yetnahaw gaa» (Qu'ils dégagent tous) et condamné, le 9 juillet, par le tribunal de Dar El Beïda, à Alger, à une année de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA pour «exposition aux regards du public de tracts de nature à nuire à l'intérêt national» – rentré chez lui.