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Farida Saffidine. Romancière : «Les amendements apportés au Code de la famille ne sont pas suffisants»
Publié dans El Watan le 26 - 08 - 2019

Farida Saffidine est née à Bordj Bou Arréridj le 1er juillet 1953. Enseignante universitaire et militante des droits humains, elle se consacre depuis sa retraite à l'écriture.Elle a publié en 2018, aux Editions El Ibriz, un roman intitulé Voix de femmes, voies de fait et, aux Editions du Net, un recueil de poésie intitulé Aime-moi. Dans son roman, où elle plaide pour la promotion de la condition féminine, elle explique par le biais de l'histoire d'une famille algérienne, la perpétuation inconsciente, sinon naturelle, de génération en génération de la domination masculine. Elle nous parle dans cet entretien de la condition de la femme en Algérie.

-Qu'en est-il de la condition de la femme en Algérie, 57 ans après l'indépendance ?
On ne peut nier les avancées dans le domaine de la condition féminine en Algérie. Notre pays a signé toutes les conventions internationales pour la protection des droits de la femme, qui sont protégés par des articles de loi dans notre Constitution. Cependant, le Code de la famille revient sur ces mêmes droits et contrevient à une égalité effective et à une pleine citoyenneté de la femme chez nous. Les amendements apportés au Code de la famille en février 2005 ne sont pas suffisants pour effacer une discrimination basée sur l'appartenance sexuelle.
-Quelles sont précisément ces avancées notables enregistrées par l'Algérie dans la promotion des droits de la femme ?
La scolarisation obligatoire a permis aux filles d'aller à l'école, même dans les régions enclavées ou reculées et a ouvert les portes des universités aux filles. Le recul de l'âge du mariage fixé à la majorité légale, c'est-à-dire à 19 ans, l'accès gratuit à la contraception dans le cadre de la planification des naissances dans les structures de protection de la mère et de l'enfant (PMI), entre autres, en plus de l'accès au savoir et au savoir-faire, ont permis d'améliorer grandement la situation sociale et matérielle des femmes.
-Mais en dépit des nombreuses lois promulguées en faveur des droits de la femme, il reste quand même de nombreuses résistances dans la société. La ségrégation des sexes est toujours manifeste, et il se trouve même des femmes qui s'opposent à toute émancipation de la femme. Pourquoi les mentalités ne veulent-elles pas évoluer ?
Les mentalités ne suivent pas les lois. Celles-ci peuvent exister et existent pour garantir l'égalité des sexes et la protection des droits des femmes, mais rien n'a été entrepris pour faire évoluer les mentalités. Aucun travail pédagogique n'a été réalisé pour expliquer et obtenir l'adhésion des Algériens à une nécessaire évolution de la condition féminine pour inscrire notre pays dans la modernité. Bien au contraire, on a livré notre école aux mains de ceux-là mêmes qui s'opposent au changement et prônent le retour à des sources non vérifiées et résolument obscurantistes.
-Cette situation (ségrégation des sexes, violences contre les femmes…) est-elle le fait de la religion ou du droit coutumier ?
Les raisons sont multiples. Et la raison majeure à mon avis réside dans l'absence d'une volonté politique réelle d'œuvrer pour l'amélioration de la condition féminine. Il y a un discours de façade qui masque les dissensions existantes et les fortes résistances exprimées, y compris dans les hautes sphères politiques.
-On constate qu'hormis quelques militantes de gauche, connues pour leur combat en faveur de droits de la femme en Algérie, il y a une absence presque totale d'un mouvement féminin pouvant prendre en charge les préoccupations des femmes. A votre avis, pourquoi cette absence ?
Je ne suis pas d'accord avec ce constat. Des associations existent pour aider les femmes en détresse, dénoncer les violences conjugales et autres et soustraire les femmes et les enfants à la rue. Des femmes courageuses, de par leur connaissance du droit essaient de défendre les femmes battues devant les tribunaux. Des femmes écrivent pour sensibiliser la société à une violence accrue envers les femmes dans la sphère publique comme les transports en communs, la rue, etc. Malheureusement, c'est insuffisant.
Les associations à elles seules ne peuvent pas faire grand-chose au niveau global. Ce qu'il faut, c'est une politique courageuse qui prenne en charge l'intégration des femmes, surtout dans l'espace public, et le respect de ses droits dans le domaine privé.
Une politique à court terme en pénalisant les actes discriminatoires ciblant la femme, et une politique à long terme en agissant sur l'éducation des générations futures par le biais d'une réhabilitation du rôle noble d'une école républicaine qui véhicule des valeurs humanitaires universelles et progressistes. Des valeurs citoyennes pour tous. Il faut également gommer l'antagonisme qui existe entre les articles de loi garantissant les droits fondamentaux des femmes dans notre Constitution et les textes de loi du Code de la famille qui la maintiennent sous tutelle et en font une citoyenne de seconde zone.
-On remarque ces dernières années que beaucoup de secteurs d'activité commencent à être «envahis» par les femmes, à l'exemple du secteur de l'éducation. Comment voyez-vous cette «féminisation» de certains emplois ?
Le terme que vous avez utilisé «envahis» est symptomatique d'un refus inconscient chez de nombreux Algériens d'accepter que les femmes aient les mêmes droits et les mêmes prérogatives qu'eux. Effectivement, certains domaines sont investis presque majoritairement par les femmes. Mais je dirais qu'il n'existe pas de domaines de prédilection pour les femmes. Elles ont prouvé qu'elles pouvaient exceller partout, dans tous les domaines, y compris dans ceux réputés masculins.
-Paradoxalement, l'Algérie est vue parfois de l'extérieur d'un très bon œil dans certains sondages et études en termes de droits des femmes. Que vous inspirent ces sondages et ces études favorables ?
Vous savez, beaucoup de choses se disent avec force chiffres et arguments dans la sphère de l'Algérie officielle. Je prendrais comme exemple ce qui a été présenté comme une avancée considérable dans la promotion de la condition féminine avec les lois sur la parité hommes/femmes au niveau des instances législatives comme l'APN et le Sénat suite à l'application d'articles de lois datant de 2008, amendées et appliquées en janvier 2012, avancée qui a placé l'Algérie à la 28e place sur le plan international, avec un taux de présence féminine au Parlement de 31,6% aux élections législatives de 2016.
Sauf que le taux a chuté aux élections législatives suivantes et qu'on n'a observé aucun impact réel des femmes sur la prise de décision politique. Les femmes n'ont fait que de la figuration au niveau de l'APN. Feu de paille ou poudre aux yeux. J'aurais tendance à croire que ce n'était que de la poudre aux yeux des observateurs étrangers et des instances onusiennes. La réalité du terrain est toute autre et n'est guère reluisante pour la condition des femmes algériennes.
Peu de femmes occupent des postes de responsabilité et on déplore une faible intégration des femmes au marché du travail du fait de la précarité des emplois des femmes et du chômage qui les frappe plus durement que les hommes. Il n'est pas facile de se débarrasser des atavismes et autres comportements hérités du passé qui freinent la promotion des droits des femmes chez nous.
Malgré les importants changements qui se sont opérés dans la société algérienne et pour la plupart induits par les drastiques changements au niveau mondial, les mentalités résistent au changement et les Algériens continuent à observer un ordre social révolu, un système patriarcal qui laisse peu de place à une expression libre des femmes.


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