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Le tourisme expliqué à M. Abdelkader Benmessaoud !
Point de vue
Publié dans El Watan le 31 - 08 - 2019

Un calvaire, du jamais vu en pareille période de l'année pour de nombreuses personnes habituées des lieux et rencontrées au poste frontalier d'Oum Teboul !
Les formalités, qui duraient en temps normal pas plus d'une trentaine de minutes, ont pris, pour de nombreux ressortissants algériens se rendant en Tunisie, quatre heures de temps, y compris pour ceux qui étaient dans le sens du retour, tellement le flux était important.
Cette ruée sur les frontières n'a pas eu son pareil par le passé puisque le nombre des personnes ayant traversé la frontière, depuis le week-end dernier a atteint les 40 000 personnes ! Ces arrivées massives, dit-on, ont fini par mettre à rude épreuve les préposés aux formalités de police des frontières et des douaniers tunisiens.
Mais pas Abdelkader Benmessaoud, qui «inaugurait» un hôtel flambant neuf réalisé par un investisseur privé qui s'est fait un malin plaisir de lui montrer toutes les composantes de l'infrastructure !
Pendant ce temps, au niveau de nos frontières de l'Est, ce sont de véritables processions qui traversent en continu les villes et villages de la wilaya d'El Tarf, marquant des haltes ici et là pour se restaurer, prendre un café ou se reposer avant de rallier les postes frontaliers.
Dans le sillage de ce rush, le dinar tunisien qui était cédé à seulement 58 DA a grimpé à 64 DA, au grand dépit des Algériens qui continuent d'être les moins bien lotis en termes d'allocation devises avec 15 000 DA (140 euros), loin des Tunisiens qui ont droit à une allocation de 6000 dinars tunisiens par an (soit près de 3000 euros au cours actuel), ou les Marocains dont la dotation touristique annuelle à été fixée depuis 2003 à 40 000 dirhams (plus de 3500 euros) par voyage, ce montant pouvant être utilisé en un seul voyage alors qu'auparavant il était limité à 20 000 dirhams par voyage.
Ce qui expliquerait pourquoi le marché parallèle de la devise soit insignifiant dans ces deux pays comparativement à l'Algérie où il est le passage obligé pour ceux qui voyagent à l'étranger.
Abdelkader Benmessaoud, qui n'en finit pas de féliciter les hôteliers privés, ignore tout de ces données ou pour le moins n'a jamais tenté de réfléchir sur ces questions «bassement» mercantiles qui ne peuvent être évoquées, le pays étant en crise !
Les Algériens étaient pourtant des milliers à jurer de ne plus remettre les pieds en Tunisie pour plusieurs raisons, dont notamment cette augmentation de 30% des tarifs des prestations hôtelières tunisiennes, mais aussi l'insécurité, la cherté de la vie, la dépréciation du dinar tunisien, etc.
L'attitude «hostile» des hôteliers tunisiens envers les familles algériennes est-elle avérée ? Elles ont eu cette impression que l'Algérien est devenu persona non grata chez notre voisin surtout dans le haut de gamme à cause du retour des Tours operators (TO) européens (anglais, français, allemands, etc.) mais aussi de deux marchés émergents, à savoir la Chine et la Russie, qui ont fait remonter les prix.
C'est la loi de l'offre et de la demande, soutient un expert du domaine ! Les hôteliers tunisiens sont libres dans leur gestion. On est dans un monde de la concurrence. Ils préfèrent travailler avec la clientèle européenne sur 5 à 6 mois avec tarifs pas très chers. Avec nous, ils ne travailleront que 21 jours, a-t-il dit.
A partir d'Alger, Abdelkader Benmessaoud, fier comme Artaban, déclare à la presse que la tarification des prestations hôtelières locales a connu une baisse «plus que substantielle» et que les prix pratiqués «sont à la portée des Algériens !»
En 2018, ils étaient pourtant 2,7 millions de touristes algériens à s'être rendus en Tunisie, une affluence en augmentation de 9,2% par rapport à l'année précédente, ce qui fait de l'Algérie, et de loin, le premier pourvoyeur de touristes vers le voisin de l'Est, nonobstant l'optimisme «béat» d'Abdelkader Benmessaoud qui est au tourisme ce que Madjer était à l'EN !
Car pour le tourisme, il faut :
avoir déjà de la hauteur de vue pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, car on ne peut pas s'occuper de tout ;
avoir le souci de la proximité non seulement avec les collaborateurs, mais aussi avec tous les investisseurs qui ont à cœur de promouvoir le tourisme algérien, de lui faire rattraper son retard sur la Tunisie et le Maroc notamment ;
reconnaître que le ministère – c'est là son principal défaut – a toujours voulu évoluer en solitaire, dans une insularité criante, sans aucune complémentarité. Il lui manque, à ses côtés, et cruellement, un ministère de la Culture fort de ses compétences et de son budget, un ministère de la Communication percutant et un ministère des Collectivités locales géré par des experts ; il lui faut aussi, en appoint, un secteur bancaire réformé, affranchi de ses carcans et des partenaires privés mus par l'esprit gagnant-gagnant ;
engager une réflexion à tous les niveaux, avec tous les opérateurs concernés, pour dégager une véritable politique touristique bien pensée, bien structurée et bien projetée qui reposerait surtout sur une implication fiable, convaincue et convaincante ;
donner la priorité au tourisme interne en faveur des nationaux, en commençant déjà par réhabiliter les 300 plages interdites à la baignade pour cause de pollution afin qu'elles soient traitées selon les normes requises et mises à la disposition des vacanciers lors de la prochaine saison estivale dès lors que cette année 2019 a été complètement ratée ;
livrer bataille aux gardiens de parkings qui font la loi ainsi que les «gros bras» qui sont les maîtres des plages où la baignade est autorisée et dont l'accès, selon les pouvoirs publics, était censé être gratuit ;
ne plus se poser la question de savoir s'il faut commencer par réanimer le tourisme domestique et donc commencer par satisfaire une demande intérieure, pesante et urgente, ou alors tout miser sur une demande extérieure, hypothétique et virtuelle, soumise de plus en plus à une impitoyable concurrence ;
examiner toutes les propositions, d'où qu'elles viennent, à même d'augmenter les capacités d'accueil des infrastructures hôtelières dès lors que le pays reste le même, dans ses constantes : plus de 1200 kilomètres de bord de mer, des montagnes boisées surplombant plusieurs vallées et même des cours d'eau ; des sources minérales à ciel ouvert ; dans le Sud et l'immensité saharienne, on trouve les ergs, les oasis, et les parcs du Tassili du Hoggar ; en amont, des installations touristiques louables mais franchement insuffisantes ; en aval, une demande interne de plus en plus croissante de vacanciers, effectifs ou potentiels, aspirant à la détente ;
militer pour la réduction des tarifs des billets d'avion du réseau intérieur, même si la compagnie nationale Air Algérie a réduit de moitié ses tarifs à destination du sud du pays. Là aussi, il y a à dire sur cette compagnie qui fait parler d'elle avec ses retards, reports et annulations de vols et de mauvaise prise en charge des passagers ;
se rapprocher également du ministre des Affaires étrangères pour l'allégement de l'octroi des visas aux étrangers désirant visiter notre pays ;
avoir à cœur de relancer le tourisme saharien de l'extrême-Sud en organisant des circuits d'expédition en véhicules tout-terrain, et le tourisme itinérant en autobus, à travers la boucle des oasis et celle de la Saoura ; ensuite le tourisme culturel avec notamment des promenades et des séjours dans les sites de Tipasa, Djemila, Timgad, Hippone, Madaure, Taghaste, entre autres ;…
encourager les investissements touristiques dans les Hauts-Plateaux et le Sahara qui seront exonérés d'impôts pendant 5 ans ! Tous les investisseurs devront bénéficier ainsi de réductions de 50 à 80% sur le coût de la concession des terrains et aussi des coûts bancaires qui seront bonifiés ;
plaider lors de l'établissement de la prochaine loi de finances pour un faible taux de douane, jusqu'en 2030, en faveur des investisseurs qui importeront des équipements et des ameublements hôteliers non produits localement. Il faudrait aussi soutenir la réduction de la TVA sur les prestations liées aux activités touristiques, hôtelières, thermales, de restauration, de voyage et de location de véhicules de transport touristique, car cette mesure permettra aux hôteliers et aux restaurateurs de réduire les prix de leurs prestations et d'attirer le maximum des clients nationaux, y compris ceux qui ont fait de la Tunisie leur destination annuelle ; …
agir auprès de toutes les institutions, politiques et privées, jusqu'au moins planifiable possible, l'Algérien et sa mentalité pour réanimer le secteur touristique et mettre de l'ordre dans les hôtels et les complexes ; c'est déjà une priorité. Intervenir sur les mentalités des opérateurs touristiques, c'est aussi une urgence à prendre en considération ;
savoir que les Algériens ne sont pas difficiles. Pour eux, il suffit de créer ceci et cela pour que les choses aillent mieux et que tout le monde puisse profiter de ses vacances ! En cette période, ce sont au moins 2 millions de vacanciers qui vont se ruer sur les sites et structures du pays et les responsables de la promotion touristique, publics ou privés, doivent profiter de cette demande et proposer des prestations en rapport ;
faire en sorte que la formation de la ressource humaine soit une des priorités premières. Pour ce faire, il faudrait encourager l'ouverture des instituts de formation dans le domaine, notamment par le privé ; s'engager à sauver l'artisanat, protéger le patrimoine archéologique, rendre nos villes plus attrayantes, conserver une politique de loisirs, améliorer nos transports, renforcer la sécurité partout, promouvoir la gastronomie et l'habit traditionnel algérien, sortir le tapis de Ghardaïa du néant dans lequel il se trouve, rendre nos banques agréables, mettre le wifi partout. Un programme plus qu'alléchant pour sortir le tourisme national de sa régression ;
livrer une lutte sans merci à la bureaucratie, celle-là même qui empêche l'exploitation des Zones d'exploitation touristiques (ZET), dont seulement 22 sur les 205 auraient été approuvées par le gouvernement ;
mettre un point final au «gel du foncier» qui n'en finit pas et qui impacte négativement sur la libération de quelque 50 000 hectares de terrain ;
débarrasser le secteur de tous ceux qui font fuir les investisseurs, lassés d'être rackettés par des responsables beaucoup plus soucieux de leur avenir que de celui du tourisme national ;
engager des réformes notamment concernant l'Office national de tourisme (ONT) qui semble à court d'idées, après s'être dépensé inutilement dans les salons internationaux de second plan, voire insignifiants, et dont la cible de clientèle en termes de marketing ne correspond pas aux deux produits algériens phares «saharien et balnéaire» ; il s'agit des salons de Moscou, Budapest (Hongrie), Varsovie (Pologne), Tunis, Casablanca et Le Caire. En conséquence, un changement de braquet dans la politique touristique est plus que nécessaire. Les pays qui doivent être ciblés à l'avenir sont l'Allemagne, à travers le salon de Berlin, et la France via les salons de Deauville et de Cannes où réside une forte communauté de pieds-noirs, avides de visiter l'Algérie qui n'a jamais dépassé le seuil d'un million de visiteurs étrangers depuis 1963 ; ce chiffre inquiète, bien sûr, mais en même temps rassure, car il peut être un atout dans le sens où des destinations voisines (Maroc et Tunisie) peuvent connaître la saturation contrairement à la Turquie et la Croatie, ces nouvelles destinations en vogue qui en profitent ; pourquoi notre pays n'en profiterait-il pas ?
parler aux Algériens qui veulent passer leurs vacances dans leur pays ! Les considérer, leur donner des gages à l'orée de cette nouvelle année, en invitant, par exemple, les gestionnaires des infrastructures hôtelières publiques ou privées :
1. à mettre en place des équipes personnalisées et des espaces d'orientation pour accueillir les vacanciers d'ici et d'ailleurs et réviser à la baisse leurs prestations hôtelières avec un très bon rapport qualité-prix ;
2. veiller à la gratuité des plages et des piscines ;
3. élargir leur éventail des loisirs.
La crise que vit l'Algérie en matière de tourisme, M. Abdelkader Benmessaoud, n'est pas le résultat d'une fatalité, mais la conséquence directe des errements de tous vos prédécesseurs qui, pour le moins, n'avaient pas les compétences requises pour gérer un tel secteur. La beauté de l'Algérie ne suffit pas pour le retour du tourisme qui reste tributaire de notre capacité à transformer ce potentiel en produits touristiques de qualité en lui conférant une dimension à la hauteur de ses atouts.
La Tunisie, malgré les aléas politiques et les attaques terroristes sporadiques, s'est fixé un objectif de neuf millions de touristes pour cette année 2019. Dont trois millions d'Algériens !
Un chiffre effarant qui doit vous interpeller, M. Abdelkader Benmessaoud en votre qualité de ministre du Tourisme et de l'Artisanat, non pas pour porter le tourisme national sur des fonts baptismaux, pas encore, mais pour, au moins, «secouer le cocotier» ou rendre le tablier !

Par Cherif Ali , Cadre supérieur en retraite


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