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Vivement la 4e édition
Festival cinématographique de Saïda
Publié dans El Watan le 05 - 10 - 2019

Le 3e Festival de littérature et de cinéma de la femme (Saïda) a vécu. Un seul prix non doté financièrement, celui du public, a récompensé Reconnaissance de Salim Hamdi. En vérité, le public saïdi méritait tout autant une distinction. Son comportement cinéphilique tranche avec celui des spectateurs de nombre de festivals nationaux. Par exemple, à aucun moment, au cours des projections, personne n'a eu l'impudence d'utiliser son portable.
Du coup, Ahmed Bedjaoui, le parrain du festival, ainsi que Moulay Abdelkrim, le commissaire de la manifestation, étaient aux anges au dernier jour. On leur reconnaîtra le mérite d'avoir concocté de bons moments de très suivis rencontres littéraires et cinématographiques. Comme pour les deux premiers jours, dont nous avons déjà rendu compte, cela été le cas au 3e, 4e et dernier jour du festival.
Au troisième, il y a eu deux films, La maquisarde et Les bienheureux, La première œuvre est le premier long métrage de Nora Hamdi. Il est encore en post-production pour être délesté de quelques longueurs et gagner en rythme. Son auteur, artiste plasticienne à la base, a la particularité d'être une écrivaine qui traduit ses romans en films.
Le synopsis de La maquisarde situe en 1956 le drame qu'il rapporte, du côté de Sidi Ali Bounab, un lieu déjà victime, le 28 septembre 1949, à la veille de l'Aïd El Kébir, d'une féroce répression coloniale qui avait ému toute l'Algérie. Les forces d'occupation y avaient semé la ruine et la désolation, violant les femmes, tirant sur les bêtes et emportant tapis, bijoux et argent. Cela n'est pas rapporté dans le film.
Lui focalise sur ce qui s'est passé sept ans plus tard, au plus fort de la guerre de Libération nationale. Une jeune villageoise se retrouve maquisarde dans des circonstances qui la dépassent. Elle est arrêtée au cours d'un ratissage et conduite dans un lieu d'interrogatoire où la règle est la torture suivie de la corvée de bois. Nora Hamdi rapporte en fait une histoire véridique, celle de sa maman dont elle a recueilli le témoignage.
Contre tout manichéisme, elle montre qu'au sein des Européens, il n'y avait pas que de affreux méchants. Par contre, la trame de Les bienheureux, le second long métrage projeté, est située 52 ans plus tard, soit en 2008, à l'issue de la tragédie nationale, une période post-traumatique. On ne peut d'ailleurs sortir indemne du bouleversant Les bienheureux. On le reçoit comme un coup de poing, à l'instar de Samir, un de ses principaux personnages, groggy comme lui à l'ultime instant d'une très particulière journée.
Sa famille est représentative d'une classe moyenne laminée économiquement mais surtout abîmée psychologiquement à l'issue d'une guerre sans nom. Son couple se déchire douloureusement le jour de son anniversaire de mariage. Que faire pour l'avenir, alors que l'islamisme, qui a perdu militairement la bataille, l'a gagné idéologiquement avec la raboteuse montée du rigorisme et de la pruderie qui ligotent la société ?
Lorsque le passé tutoie le présent
Partir (fuir ailleurs) ou rester (résister) ? Les arguments que se renvoient les deux époux, frontalement opposés, sont tout aussi recevables. C'est du bon, très bon cinéma d'une réalisatrice, Sofia Djama, également scénariste, issue d'une douée nouvelle génération de cinéastes algériens vivant hors du pays mais l'ayant chevillé au corps. Les bienheureux, son premier long métrage, rend hommage à Nahla de Farouk Beloufa, dont il reproduit une séquence.
Il décrit un Alger défait a contrario d'un Beyrouth en résistance durant la guerre du Liban. Et, à l'instar de la capitale du pays du Cèdre dans Nahla, dans Les bienheureux, Alger est traitée en personnage à part entière. Dans les déambulations des personnages à travers elle, elle est chichement éclairée en nocturne et en surexposition le jour.
Tout ce qui en rappelle la beauté est estompé. On y suffoque. Dans son inspiration, Djama avoue avoir eu pour films de chevet ceux de Scorsese qui sait si bien décrire la ville ainsi que de Cassavetes pour les situations paroxystiques. Cependant, loin du copier/coller, Les bienheureux en emprunte avec intelligence les atmosphères.
Et si ses personnages sont atteints par une hystérie explosive, elle n'est pas en extériorité comme dans Nahla. Sami Bouadjila, Nadia Kaci, Lina Khoudri et toute sa distribution, dont le casting sauvage opéré avec le choix de non-professionnels, sont époustouflants de vérité dans leurs personnages. On attend le prochain long métrage de Djama, sauf que malgré les distinctions glanées dans les plus grands festivals, les producteurs ne répondent pas à ses sollicitations. Au 4e jour du festival, avec Reconnaissance, c'est encore le passé qui tutoie avec rudesse le présent.
C'est encore un premier long métrage de son auteur, Salim Hamdi en l'occurrence. Le public saïdi lui a accordé son prix. Car au-delà de ses qualités, son histoire lui a parlé pour avoir pour cadre une ville de l'intérieur du pays, Tiaret, comme leur cité. Ce sont deux régions martyres tant durant la guerre d'indépendance qu'au cours de celle des années 1990.
Les deux époques en sont la trame, superposées sur le présent. Ahmed, excellent Samir El Hakim, vivote sans perspectives d'avenir. Parce qu'il n'arrive pas à obtenir un travail stable, qu'il vit l'ennui et l'attente dans une ville accablée, il se met en devoir de filmer le témoignage de sa grand-mère afin de satisfaire sa quête de reconnaissance sur son passé de moudjahida. Cette fiction s'appuie cependant, comme dans La maquisarde, sur une histoire véridique d'une résistante.
Campée par Chafia Boudraa, elle y est autrement plus convaincante que dans nombre de films. Elle s'est départie du cliché et de ses tics qu'elle a souvent reproduits dans le rôle de personnes âgées. L'histoire se déroule dans une mise en abîme par de récurrents flashbacks, les différents temps se télescopant. A côté d'Ahmed, sa fiancée est campée par la racée Malika Belbey. Elle est également dans le rôle de la grand-mère dans sa jeunesse.
Comme dans Les bienheureux», le présent se dévoile décevant au sortir de la tragédie nationale. Pis encore, la question se pose de savoir si les sacrifices du combat contre l'oppression coloniale valaient-ils la peine d'avoir été consentis ? C'est ce qu'asserte une séquence dans laquelle, dans la révolte indignée et la solitude, un poète déclame d'amers vers.
Le film chevauche deux idées, celle du désenchantement après la guerre d'indépendance comme le désarroi suivant la tragédie nationale. Sollicité, Salim Hamdi estime que si l'hydre islamiste s'est imposé, c'est parce durant la lutte de Libération nationale, le discours nationaliste a commis la faute de s'adosser au référent religieux pour se légitimer, alors que le besoin de liberté n'en a nullement besoin.
Un buddy movie en clôture
Notons enfin que son film est le fruit d'un chaotique parcours du combattant, soit dix années, entre son écriture en 2009 et 2019, alors qu'il a été achevé en 2017. De quoi désespérer de refaire un autre film. Ce n'est pas le cas de l'invité d'honneur du festival, Rachid Bouchareb, qui lui est tenaillé de refaire un autre film mais cette fois en Algérie après son escapade américaine.
Publiquement, il a déclaré être ouvert à une proposition de scénario. Saïda a eu droit à la projection de deux de ses films. Très dissemblables. Un poignant drame sorti en 2009 et une sympathique comédie populaire (2018).
Dans London River, un tragique événement, celui de l'attentat terroriste du 7 juillet 2005 de Londres, croise les chemins de deux personnages en apparence aux antipodes : Elisabeth, une maraîchère, fervente catholique qui vit paisiblement sur l'île de Guernesey, et Ousmane, un tout aussi taciturne personnage qu'elle, pieux musulman, travailleur forestier, vivant sous la tranquillité des arbres dont il soigne les bobos.
L'absence de nouvelles de leurs enfants respectifs, Jane et Ali, après l'attentat, les fait se rencontrer à Londres dans une même fiévreuse quête. Brenda Blethyn et Sotiguy Kouyaté (Prix d'interprétation au Festival de Berlin en 2009) forment un duo de personnages attachants. Ousmane n'a pas vu son fils depuis 15 ans. Emigré en France, il l'a laissé depuis l'âge de 6 ans auprès de sa mère en Afrique.
Ousmane dégage une trompeuse solidité derrière un calme qui n'est olympien qu'en apparence mais une dignité loin d'être feinte. Elisabeth, malgré un self contrôle très british, est une mère désemparée. A travers l'inquiétude qui monte crescendo en eux, Bouchareb explore avec compassion une humanité aux prises d'un sort qui la dépasse. Tout en émotion contenue, London River est assurément une des réalisations majeures de Bouchareb.
La musique d'Armand Amar y aide en développant un mélancolique thème revenant régulièrement en leitmotiv. Quant au Flic de Belleville, sans prétention autre que le divertissement, Bouchareb s'y lâche goulûment au plaisir de la comédie déjantée.
Dans le moteur, il a pour carburant un autre duo de sacrés acteurs : le détonant Omar Sy et le truculent Luis Gusman. Sur le modèle de Un flic à Beverly Hill et d'autres buddy movies, Baaba y est policier à Belleville, traquant les pickpockets. Sa copine le presse de se mettre en ménage sauf qu'il est sous la coupe d'une mère possessive (Bayouna).
Suite à l'assassinat d'un ami sous ses yeux par des narcotrafiquants, il est parachuté à sa place en tant qu'officier de liaison auprès du consulat de France à Miami. Il doit démanteler le réseau criminel en compagnie du lieutenant Ricardo Garcia, un policier américain. Cependant, on sourit plus qu'on ne rit franchement dans Le flic de Belleville.


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