En fin de compte, les pouvoirs publics locaux ne valorisent pas les sites historiques en mesure de galvaniser l'activité touristique, créatrice d'emplois et de richesses à l'échelle locale. Un touriste américain, un vétéran du Vietnam, vient d'effectuer un court séjour en Algérie. Sa surprise était énorme quand il s'est rendu compte des potentialités existantes dans notre pays ; en se rendant à la ferme Stigès, située à la sortie ouest de la localité côtière Messelmoune, qui relève de la daïra de Gouraya (Tipasa). L'unique wali de Tipasa, Hadj Mohamed Ouchen, avait attaché de l'importance à ce site en déliquescence, allant jusqu'à le programmer lors de ses visites de travail dans la daïra de Gouraya. Au cours de l'année 2005, des actions avaient été menées en vue de sa réhabilitation. Précédé par un montant de 5 millions de dinars alloués, une enveloppe financière d'un montant de 30 millions de dinars au titre du plan quinquennal 2010-2014 avait été affectée pour la réhabilitation de la ferme Stigès et ses travaux de réaménagement, à l'image de la stèle et de l'esplanade. Autant d'actions relatives à la mise en valeur de cette ferme coloniale qui avait servi pour abriter une réunion secrète des officiers supérieurs américains, anglais et résistants français. La réunion, tenue du 20 au 22 octobre 1942, avait pour objectif de préparer les débarquements des forces alliées, afin de libérer du joug nazi les territoires. Le cuisinier était algérien. Les officiers américains et anglais sont arrivés dans la nuit du 20 au 21 octobre 1942 à bord du sous-marin Seraph, commandé par le lieutenant anglais Norman Limbury Auchinleck Jewell. Le général US Clarck, en compagnie de ses compatriotes et les officiers anglais, avait regagné le sous-marin le 22 octobre 1942 à 4h du matin. Le 15 février 2007, une opération de relogement d'une cinquantaine de familles qui occupaient illicitement la ferme dans des conditions infectes avaient eu lieu afin de libérer la ferme, un authentique témoin parmi tant d'autres de la seconde guerre mondiale. Le ministère de la Culture avait procédé au classement de ce site en 2008 sur la liste du patrimoine national. L'ancien ambassadeur américain, Cameron Hume, s'était déplacé jusqu'à Messelmoune pour visiter la ferme. L'autre ambassadeur des Etats-Unis, Henry Ensher, lors de sa visite au musée de Cherchell au mois de septembre 2012, avait affirmé au journal El Watan : «…Cette ferme demeure un site qui renferme une partie de notre passé historique». En cette journée ensoleillée du mois de septembre 2019, la destruction de la ferme ne s'est pas arrêtée, encouragée par l'insouciance des responsables et la méconnaissance de l'évènement qui s'est déroulé à l'intérieur. Plus grave encore, aucune plaque n'existe pour indiquer les informations utiles, pour les passagers des centaines de véhicules qui empruntent la RN 11 Une question d'histoire, c'est tout !