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Situation des libertés en Algérie depuis le 22 février 2019 : Les dessous de la résolution pro-hirak du Parlement européen
Publié dans El Watan le 30 - 11 - 2019

Le Parlement européen a adopté, jeudi dernier, une résolution sur «la situation des libertés en Algérie» pour soutenir le hirak et dénoncer la dégradation de l'état des libertés fondamentales depuis le début de la révolution citoyenne du 22 février.

Le texte, voté à une large majorité en plénière, a «condamné vivement l'arrestation arbitraire et illégale, la détention, les intimidations et les attaques de journalistes, de syndicalistes, d'avocats, d'étudiants, de défenseurs des droits de l'homme et de la société civile ainsi que de tous les manifestants pacifiques qui participent aux manifestations pacifiques du hirak».
L'assemblée européenne a exhorté les autorités algériennes – qui seraient incarnées, depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika, par Abdelkader Bensalah, occupant «la fonction de chef de l'Etat», et le commandement militaire, dirigé par le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, «exerçant ouvertement le pouvoir dans le pays» – de «trouver une solution à la crise sur la base d'un processus politique pacifique et ouvert».
Pour ce faire, toujours selon ladite résolution introduite dans le cadre des débats au sein du Parlement européen sur des «cas de violation des droits de l'homme, de la démocratie et de l'Etat de droit» à travers le monde, il faudrait «la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression» (militants politiques, journalistes, défenseurs des droits de l'homme, etc.).
Soulignant l'«importance fondamentale» d'une justice indépendante pour le «fonctionnement d'une démocratie», les rédacteurs dénoncent des «détentions arbitraires», rappelant que les «activités sont autorisées par le droit algérien et conformes aux instruments internationaux en matière de droits de l'homme que l'Algérie a ratifiés».
Sur ce même sujet, tout en «saluant la reconnaissance constitutionnelle de tamazight comme langue officielle en 2016 et encourageant son application concrète», les eurodéputés «demandent la libération immédiate et inconditionnelle des 42 manifestants arrêtés pour avoir brandi le drapeau amazigh».
Ils ont, ensuite, appelé le gouvernement algérien à respecter ses engagements en matière de respect et de garantie des libertés d'expression, de la presse, d'association et de manifestation.
En outre, le texte de la résolution a rejeté «toute forme de recours excessif à la force» envers les manifestants et les opposants. C'est pourquoi, il lance un appel aux autorités algériennes pour «procéder à une enquête indépendante sur tous les cas de recours excessif à la force par les membres des forces de sécurité et à traduire en justice leurs auteurs» et «invite le Service européen pour l'action extérieure, la Commission et les Etats membres à soutenir les groupes de la société civile, les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et les manifestants, notamment par l'organisation de visites en prison, le suivi des procès et des déclarations publiques».
Lobbies européens, entre économie et religion !
Au-delà de son contenu (consultable dans son intégralité sur le site du Parlement européen), le vote de cette résolution a alimenté les débats pendant plusieurs jours ; d'abord, sur sa pertinence, son contexte et son utilité pour le hirak (notamment à cause des accusations d'ingérence) ; puis, sur son orientation générale et sa valeur juridique, aucunement contraignante pour les gouvernements nationaux européens (voir l'entretien ci-après avec Raphaël Glucksmann).
Elle a donc, au moins, le mérite de dévoiler l'hypocrisie des démocraties occidentales et les dessous du fonctionnement des institutions européennes quand il s'agit de traiter le dossier algérien, mettant les intérêts économiques, parfois privés, au-dessus de toutes les autres considérations. «Depuis des mois, nous avons voté sur des sujet divers, mais nous n'avons eu aucun mot sur la formidable révolution du peuple algérien ; pas un mot de soutien à ces millions d'Algériennes et d'Algériens qui défilent dans Alger et dans les autres villes pour la démocratie, la justice et la dignité ; pas un mot sur les arrestations, les pressions, les violences et les cas de torture, désormais avérés.
Ce silence complice, savamment entretenu par des lobbies puissants, ne peut plus durer. La résolution de solidarité que nous votons aujourd'hui n'est pas une ingérence mais c'est la fin d'une immense injustice. Il est temps de montrer que nous sommes du côté du peuple algérien ; alors comme on dit chez moi ‘‘One, two, three, viva l'Algérie''», a déclaré Raphaël Glucksmann, député et premier auteur du texte de la résolution, à l'ouverture des débats entre les différents orateurs des groupes politiques du Parlement européen.
Marie Arena, sa collègue au sein du S&D (Alliance progressiste des socialistes et démocrates, ndlr), a expliqué de son côté que l'objectif des porteurs du projet était de rappeler aux autorités algériennes leur engagement «à respecter les droits humains fondamentaux en étant signataires de plusieurs traités internationaux, dont la Déclaration universelle des droits de l'homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (…).
Et pourtant, des dizaines de personnalités sont en détention pour avoir simplement exprimé une opinion sous prétexte de porter atteinte à l'unité nationale ; des médias sont mis sous pression et ont dû cesser leurs activités ainsi que plusieurs ONG. A travers notre résolution, le Parlement européen exhorte les autorités algériennes à libérer tous les prisonniers politiques et d'opinion ; les libertés et les droits fondamentaux doivent être assurés. L'Algérie est un pays ami de l'Europe, mais nous sommes surtout amis avec le peuple algérien.
Il est donc de notre devoir de rappeler nos priorités du partenariat adopté en mars 2017, dans lequel les deux parties ont réaffirmé leurs engagements à respecter les valeurs universelles de la démocratie, d'Etat de droit et des droits humains».
Pour réussir à dire et écrire ce genre de phrases dans le texte de la résolution, qui peuvent paraître évidentes, il aura quand même fallu aux initiateurs de la résolution faire un travail titanesque de réécriture et de compromis afin de contourner les pressions des lobbies économiques et de la droite conservatrice européenne.
Ce qui fait que même des députés très engagés en faveur de la révolution du Sourire, à l'image du groupe des Verts/Alliance libre européenne, ont rejeté carrément l'idée d'une résolution sur l'Algérie, même s'ils ont fini par la voter afin de ne pas paraître comme ayant fait obstruction à l'expression d'une solidarité avec le hirak. Salima Yenbou, oratrice du groupe lors du débat, a expliqué ainsi sa position : «Nous avons refusé de soutenir l'inclusion d'une résolution d'urgence sur l'Algérie à l'ordre du jour de cette séance plénière pour les raisons suivantes : le choix de l'agenda politique qui s'inscrit juste avant l'élection du 12 décembre, le risque de politiser les droits humains, le risque de dégrader la légitimité et la crédibilité de l'opposition et de tous les Algériens qui manifestent depuis neuf mois, le risque d'alimenter la rhétorique du régime sous prétexte de prétendues ingérences étrangères, la conviction que l'Algérie mérite plus qu'une simple résolution, surtout que celle-ci comporte plusieurs insuffisances et des références hors de propos».
Ce qu'elle appelle «références hors de propos» renvoient surtout à l'évocation de «l'arrêt des violations de la liberté de culte» des minorités religieuses (ahmadis, protestants, etc.). Cette question aurait été intégrée dans le texte après le forcing de la droite conservatrice européenne, partant notamment du constat de la fermeture de «plusieurs églises, dont la plupart appartiennent à l'Eglise protestante d'Algérie».
Certains députés d'extrême droite ont même proposé trois amendements à la résolution, qui ont été néanmoins rejetés, dans le but de consacrer plus de place à la «liberté du culte» dans le texte et de la réintégrer dans le titre de la résolution. Voulant détourner le débat, le ramenant consciemment ou inconsciemment à des sujets qui font l'affaire des lobbies économiques et rendent service à la rhétorique du régime, ils ont tenté une dernière approche : celle d'exploiter le fonctionnement intérieur de l'hémicycle européen.
Alors qu'à la base, il n'y avait que les orateurs des groupes politiques (huit) et la haute représente de la Commission européenne qui devaient prendre la parole, le président du Parlement européen a autorisé sept prises de parole à titre individuel lors des débats (recours à la procédure dite «carton bleu»). Or, la majorité de ces interventions, à l'instar de celles des orateurs des groupes conservateurs, ont porté sur la question des minorités religieuses, dénaturant ainsi le sens des discussions autour de la résolution aux yeux de l'opinion publique algérienne et internationale.
Pour enfoncer le clou, stérilisant quasiment l'effet de cette démarche de solidarité des députés européens avec le hirak, la commission et l'Union européenne ont rapidement réagi, à travers une déclaration au sein de la plénière du Parlement européen et un communiqué, pour renouveler leur attachement aux relations d'amitié et de partenariat avec l'Algérie, à comprendre avec le régime algérien.


Strasbourg
De notre envoyé spécial Samir Ghezlaoui


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