Les résidents de cette mégacité n'ont pas cessé de réclamer un renforcement en bus à la station des Quatre chemins. Depuis plusieurs mois, les choses semblent se corser pour les habitants de la nouvelle ville Ali Mendjeli. Ces derniers qui ont toujours été compréhensifs vis-à-vis de la situation due aux travaux du tramway déplorent l'insuffisance criante des moyens de transport en commun, rendant leur quotidien plus dur à vivre. Il faut dire que depuis sa création en 2000, puis son peuplement par des vagues incessantes d'habitants, cette mégacité aux vastes extensions a toujours connu un déficit chronique en matière de transports en commun. «Nous passons des heures dans les bus et les taxis pour nous rendre à Constantine le matin, puis pour renter chez nous en fin d'après-midi; c'est un calvaire que nous endurons dans des conditions difficiles ; vous n'avez qu'à prendre un bus pour vous en rendre compte», a révélé Ahcene B., employé dans une entreprise privée à Constantine. Comme lui, ils sont des milliers de citoyens non véhiculés qui souffrent chaque jour pour se rendre au travail. «Le problème ne se pose pas beaucoup la matinée quand je quitte mon domicile, puisque je parviens à trouver une place avec les nombreux chauffeurs de taxi clandestins, appelés les fraudeurs ; c'est facile de rejoindre le premier arrêt de bus qui mènera à la station du tramway du lieudit Les Quatre chemins, et puis vers le terminus du stade Benabdelmalek», ajoute-t-il. Mais les choses prendront une autre tournure en fin d'après-midi où le retour s'apparente à un véritable trajet cauchemardesque. Comme des sardines dans les bus La première épreuve commence déjà dans les rames du tramway. On ne peut pas se réjouir même si ce moyen de transport a réglé de nombreux problèmes de déplacement. Depuis l'ouverture de la ligne vers Ali Mendjeli, le 3 juin dernier, les usagers se plaignent de l'insuffisance des rames. «Ce n'est pas facile de trouver une place assise dans le tramway, avec le nombre impressionnant des passagers, parmi les habitants des cités situées sur le plateau d'Ain El Bey, les étudiants et les résidents d'Ali Mendjeli ; pour autant la Setram qui gère ce moyen de transport a rajouté des rames, mais cela reste insuffisant», déplore une dame. Les autorités de la wilaya, qui ont reçu ces appels depuis des mois, ne semblent pas avoir saisi la complexité de la situation, face au nombre grandissant des habitants délocalisés vers Ali Mendjeli, et l'insuffisance des moyens de transport. Les travaux menés sur la voie principale pour réaliser l'extension de la ligne du tramway ont encore rendu les choses plus ardues. «Alors que le trajet à bord du tramway est acceptable malgré tout, les difficultés commencent aux Quatre Chemins, quand l'attente d'un bus devient très dure à supporter», soutient Ahcène. Avec un nombre très insuffisant des bus bleus de l'entreprise de transport urbain de Constantine (ETC), et des bus privés au «champ d'action très limité», les habitants d'Ali Mendjeli n'ont pas vraiment l'embarras du choix. «La majorité des passagers prennent le bus bleu à destination de l'UV20, car il dessert plusieurs cités et autres unités de voisinage, mais là les conditions sont lamentables dans un engin bondé de monde», déplore notre interlocuteur. Pour les nombreux résidents qui descendent dans les arrêts des cités Istiqlal, El Firma, les 400 Logements, les logements EPLF, en poursuivant vers les UV16,13, et 15 puis la cité AADL et la SNTV avant de passer par l'université Constantine 2 en direction des UV18, 17 et 19, le calvaire peut durer jusqu'à 1h30. Les fraudeurs à la rescousse «Avec les embouteillages, les travaux du tramway et le mauvais état de la route, c'est comme on prend un trajet vers une autre ville ; on ne trouve pas les mots pour décrire l'atmosphère infernale à l'intérieur du bus», poursuit notre interlocuteur. Pour d'autres, le «voyage» devient exténuant en hiver et durant les journées pluvieuses. «Il m'arrive de prendre le tramway à 16h30 à la station du tramway de Benabdelmalek pour renter chez mois à l'UV20 à 19h», témoigne un passager. Dans la plupart des arrêts, ce sont les fraudeurs qui prennent le relai pour transporter les résidents des quartiers éloignés. «Les arrêts des bus où l'on peut trouver une desserte vers la station du tramway sont tous desservis par des fraudeurs, car ils sont très éloignés. La plupart du temps, et notamment à cause de l'insécurité, il est impossible de se déplacer à pied ; prendre un taxi clandestin devient une obligation ; les gens n'ont pas le choix, même si on leur demande des tarifs souvent exorbitants ; les fraudeurs ont fini par imposer leur diktat, même si tous les habitants trouvent que leur présence est indispensable», explique un fonctionnaire. Ces fraudeurs continueront d'exercer en toute quiétude. Les nouveaux venus à Ali Mendjeli prennent au fil des jours conscience de l'ampleur des souffrances qu'ils devront subir, en attendant la délivrance qui tarde quand même à venir.