On ne s'étonne pas que la nouvelle fasse la une des journaux coloniaux de l'époque. Elle était d'une importance capitale. Le samedi 12 février 1955, les autorités de la préfecture de Constantine apprennent l'arrestation de Mustapha Benboulaïd, l'un des chefs les plus recherchés de l'insurrection armée du 1er Novembre 1954, plus connue chez les Français par les événements de la Toussaint. Benboulaïd, chef de la zone I (les Aurès), qui avait quitté sa région quelques semaines plus tôt, était de retour d'une mission pour ramener des armes acheminés de la Libye à partir de l'Egypte. Selon les détails rapportés par la Dépêche de Constantine du dimanche 13 février 1955, tout a commencé le jeudi 10 février dans la région de Bengardane, au sud de la Tunisie. Arrivés à bord d'un autocar de Gabès, Benboulaïd et son compagnon Amar Ben Mohamed Ferchichi éveillèrent par leur présence les suspicions d'un agent au poste de contrôle. Leur interpellation pour vérification de leur identification ne laissera pas de doute sur leur arrestation. Selon les informations rapportées à l'époque par la presse citant plusieurs sources, Benboulaïd, qui sentit qu'il allait être débusqué et peu avant l'arrivée au bureau des affaires indigènes, abattit le soldat d'un coup de pistolet et prit la fuite avec son acolyte. Après une longue course-poursuite, les deux fugitifs seront arrêtés dans la matinée du vendredi 11 février près de la frontière libyenne. C'est le commissaire de surveillance du territoire de Gabès, en possession de renseignements des services français, qui réussit à identifier le héros des Aurès. Sans perdre de temps, les autorités judiciaires du département de Constantine chargèrent le commissaire Courrieu de la police judiciaire de Batna de partir aussitôt pour Tunis pour les procédures d'identification. L'information ne tardera pas à être confirmée. Elle fera le tour des rédactions. Mostefa Benboulaïd sera transféré quelques jours plus tard vers Constantine pour comparaître devant le tribunal permanent des forces armées. Il sera condamné à la peine de mort. Une autre histoire commencera par son incarcération à la fameuse prison du Coudiat à Constantine. Benboulaïd n'y restera que neuf mois. Il sera l'auteur d'un autre événement historique qu'il préparera avec patience et persévérance. Il réussira à s'évader le jeudi 10 novembre 1955, avec 10 autres condamnés à mort. Comme son arrestation en Tunisie, son évasion de la prison du Coudiat restera l'une des plus spectaculaires dans l'histoire de la guerre d'Algérie.