Pour sortir la tête de l'eau, les opérateurs du tourisme algérien reviennent aux fondamentaux du métier et tentent de valoriser la destination Algérie après l'avoir reléguée pendant de longues années au rang de destination de substitution. L'idée est d'opter de plus en plus pour le «package», une formule qui a connu du succès dans les pays développés. Il s'agit de la vente d'un ensemble de produits et/ou services proposés à un prix donné. Le package inclut des séjours sur mesure et sera proposé par des agences de voyages. Cette formule de commercialisation permet de regrouper en un seul pack de nombreuses prestations personnalisées (avion, hôtel, visite de sites). Selon Brahim Aflah Hadj Nacer, directeur de l'agence Zeryab voyages, qui s'est exprimé récemment sur Radio M, «il y a une initiative dans le cadre de la relance du tourisme local lancée par la compagnie nationale aérienne Air Algérie et qui regroupe le groupe public HTT, Snav, Fnat, Fnh et Onat pour étudier la possibilité de mettre en place un produit pour concurrencer les produits internationaux en proposant des séjours à la portée de la majorité des Algériens». Air Algérie a proposé dans ce cadre «des prix attractifs pour les citoyens du Sud vers le Nord et entre les régions du Nord dans le cadre d'un package complet (hôtels, transport, restaurant, transfert). Ce qui permettra par exemple à un habitant d'Annaba d'aller à Oran et celui d'Oran d'aller à Skikda. Les hôtels vont jusqu'à une réduction entre 30 et 40%. L'objectif est clairement de réconcilier l'Algérien avec son tourisme national». La même source ajoute que tout est prêt, les produits et la campagne publicitaire. «Nous attendons le déconfinement général ou du moins la reprise de certaines activités (principalement les hôtels)». La crise sanitaire pourrait être un effet d'aubaine et une opportunité à saisir pour le tourisme national. Cependant, note Brahim Aflah Hadj Nacer, «il y a eu une erreur : les agences de voyages ont été mises dans la première phase de déconfinement alors qu'elles sont le dernier maillon de la chaîne des voyages puisque pour vendre un produit, nous avons besoin de l'avion, de l'aéroport, des restaurants, hôtels et train, tous sont encore à l'arrêt. Qu'est-ce qu'on va vendre sachant en plus qu'on n'a même pas une date annoncée sur l'ouverture des frontières aériennes et terrestres.» Cette saison estivale est particulière. Les Algériens sortent d'une crise qui a duré 3 mois et certains n'ont pas travaillé et n'ont pas eu de salaire. D'autres ont eu juste 50% du salaire. Elle vient après un mois très dépensier (Ramadhan) et l'Aïd. Le budget vacances risque d'être sérieusement remis en cause. Les Algériens qui opteront pour l'étranger vont sans doute raccourcir les séjours. Mais pour regagner la confiance, il faut plus que des discours et faire comprendre que l'Algérie est plus qu'une carte postale. Il faut décliner une image à travers la communication. Le produit balnéaire algérien n'a pas eu la cote pour plusieurs raisons. On cite l'insalubrité des plages et l'échec des opérations de concession et d'aménagement de ces espaces confiés généralement sans étude préalable, ni cahier de charges précis, à des jeunes sans expérience et qui sont animés le plus souvent par le gain facile, quitte à enfreindre la loi. La qualité de service dans des hôtels est encore loin des normes internationales. Pour les experts, le tourisme doit être considéré dans le plan d'action du gouvernement comme un secteur à part entière intégré à l'économie nationale et non «une alternative aux hydrocarbures», un slogan qu'on retrouve souvent dans les discours des ministres du Tourisme. Donc, il s'agit de changer complétement de vision et de mentalité. Il faut un plan stratégique et un programme global mené non pas par des directeurs mais des managers. Les gérants des hôtels doivent prendre conscience qu'ils n'ont plus affaire à une clientèle traditionnelle et qu'il faut prendre en considération le renouvellement de génération. De nouveaux hôtels exacerbent la concurrence et aggravent la situation des moins adaptés. Certains hôtels ont vécu de congrès du FLN et du RND ou de séminaires des institutions (bons de commande) et des entreprises privées (téléphonie, pharmaceutique). Aujourd'hui, les hôtels et les agences de tourisme n'ont pas d'autre choix que d'aller chercher le client et de casser les prix. Ils vont tenter au moins de proposer des prix basiques (producteurs) sans bénéfices dans un premier temps pour maintenir les emplois et l'activité, assurer les charges, éviter la faillite et avoir la possibilité de payer le personnel.