L'aventure de Anthar Yahia en football national ne devrait pas s'éterniser. Installé comme manager général à l'USM Alger, version Serport, en début de saison, il se retrouve rapidement sur le grill après seulement quatre journées de championnat et un match de Supercoupe perdu face au CR Belouizdad. Le laborieux début de saison de l'équipe, deux défaites et autant de matchs nuls, l'a considérablement fragilisé aux yeux d'une partie de l'environnement usmiste, qui n'a pas du tout digéré la défaite at home face à l'O Médéa (1-3). La contre-performance a provoqué un branle-bas de combat attisé par ceux qui n'étaient pas d'accord avec l'option Anthar Yahia, choisie par le PDG de Serport, Djelloul Achour. Le héros d'Omdurman a fait l'objet de critiques aussi viles qu'abjectes, appuyées par le montant de son salaire et les avantages matériels qui vont avec sa haute fonction au sein de la société sportive. Le début de saison poussif de l'USMA a été saisi à la volée pour faire son procès public. Jusqu'à preuve du contraire, il n'a pas commis de crime. L'équipe, après quatre journées, n'est pas au rang attendu. C'est une évidence, mais est-ce une raison pour le démolir ? Il a été engagé pour un projet pour lequel il ne mérite pas l'échafaud qui lui a été dressé au bout de quatre journées. Un projet, ce sont des années, pas un mois de compétition. Le manager général doit-il être jugé sur la performance des joueurs au cours des 360 premières minutes de la saison ? C'est de la déraison. L'intéressé comptabilise une riche expérience de joueur professionnel qui l'a mené à l'Inter de Milan lorsqu'il avait 17 ans. Il était un joueur précoce. Sa longue carrière professionnelle sur le vieux continent l'a fait découvrir aux dirigeants du football algérien. Lorsqu'il a été sélectionné, il a toujours répondu présent. L'enfant de Sedrata a honoré les couleurs de son pays. Son but contre l'Egypte en match de barrage à Omdurman au Soudan en novembre 2009 a envoyé l'Algérie en Coupe du monde en Afrique du Sud 2010. Après sa carrière de joueur, il a suivi une formation spécialisée pour devenir manager général. Il a rejoint l'USMA avec beaucoup d'espoirs, de certitudes et une confiance en soi inébranlable. En fait, il ne savait pas où il allait poser les pieds. Il ne pensait pas devoir rendre des comptes au bout de quatre matchs. Le projet qu'il portait ne ressemblait pas à celui de ceux qui sont allés le chercher. Une erreur de casting ? Pas du tout. L'homme est taillé pour la fonction et la mission pour lesquelles le PDG de Serport l'a recruté pour conduire le projet sportif. Ce qui a faussé la donne, ce n'est pas autant les quatre premiers résultats de la saison en cours que les «vues de l'esprit» d'une direction qui croyait qu'à la faveur d'un simple claquement des doigts et de dizaines de millions de dinars dépensés le succès serait au rendez-vous. C'est la marge qui sépare une compétence sportive d'une entité qui s'essaye pour la première fois à la chose sportive et qui mesure la réussite d'un projet sportif à l'aune de résultats positifs immédiats. C'est à ce niveau que réside l'erreur de casting. Advertisements