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Yasser Arafat. Chef de l'Autorité palestinienne
Les sept vies d'Abou Ammar
Publié dans El Watan le 05 - 08 - 2004

Le président Chadli Bendjedid m'a dit encore une fois : nous sommes aux côtés de la Palestine en toute circonstance, qu'elle soit oppresseur ou opprimée. »
Yasser Arafat rapportait ainsi les propos du chef de l'Etat algérien devant des journalistes rassemblés à l'occasion de la tenue du Conseil national palestinien qui se déroulait à Alger. Cela se passait au début des années 1980 et les journalistes nombreux à couvrir l'événement n'ont pas caché leur surprise, mêlée d'un certain étonnement devant de tels propos rapportés par le leader palestinien, propos qu'il avait attribués quelques années auparavant au président Houari Boumediène et qu'il répétait à l'envi après chaque entrevue à sa sortie de la présidence de la République à El Mouradia. Il est vrai qu'au début des années 1980, le Pouvoir algérien de l'époque était davantage préoccupé par la « déboumédiénisation » du régime, mais quand même... Abou Ammar est aujourd'hui au centre de polémiques dans les territoires palestiniens. Ses actes, jadis indiscutés, font aujourd'hui l'objet de contestations parfois violentes, comme on l'a vu dernièrement. La coupe a débordé avec la nomination de Moussa Arafat, le cousin d'Abou Ammar, à la tête des services de sécurité. Moussa est contesté et son nom est souvent associé à des scandales de pots-de-vin. Les protestataires ont accusé Yasser Arafat d'avoir choisi un corrompu. Tout a commencé par le rapt d'une équipe de techniciens faisant partie d'une ONG française Electriciens sans frontières par un commando des Brigades des martyrs d'El Aqsa, pourtant proches de Yasser Arafat. Puis ce fut l'escalade : commissariats de la police palestinienne mis à sac, permanences de l'OLP incendiées ou détruites, échange de coups de feu entre militants palestiniens... Adulé jadis par les masses palestiniennes, que ce soit à l'intérieur des territoires occupés, en Israël, au sein de la diaspora à travers le monde ou dans les camps de réfugiés du Liban et de Jordanie, Yasser Arafat ne semble plus faire, c'est le moins que l'on puisse dire, l'unanimité. Mohamed Abdel Raouf Arafat Al Kouddwa Al Hussseini, surnommé Yasser, est né en 1929, fils d'un commerçant originaire de Jérusalem qui s'était installé dans la capitale égyptienne deux ans auparavant. A la mort de sa mère en 1934, Yasser, qui a cinq ans, est envoyé par son père à Jérusalem, alors sous mandat britannique. Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il retourne auprès de son père. Il est élevé par sa sœur aînée. En 1946, alors qu'il est lycéen, il organise des quêtes en Egypte d'armes destinées à la Palestine. A l'université, où il poursuit des études d'ingénieur, Arafat est élu président de l'Union des étudiants palestiniens, il se rapproche alors du mouvement des Frères musulmans. Il quitte Le Caire pour s'installer au Koweït. Et en 1958, avec d'autres Palestiniens installés, eux aussi, au Koweït, dont Khallil El Wazir, qui sera connu plus tard sous le nom de guerre Abou Jihad, et Salah Khalaf (Abou Ayad), il crée le Fatah qui n'est autre que l'anagramme des initiales de « Harakat tahrir falestine », organisation dont l'objectif est la libération de la Palestine par la lutte armée. Lui-même prend le nom de guerre d'Abou Ammar. Commence alors pour le futur dirigeant palestinien le long et pénible travail de préparation de la lutte armée du Fatah. Les premiers combattants sont formés en Syrie, et Abou Ammar s'installe en 1964 à Damas. Durant la même année, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) tient son 1er congrès en 1964 après la décision de la Ligue arabe. Le baptême de feu du Fatah a lieu le premier janvier 1965 avec l'attaque d'infrastructures israéliennes. Quelques mois plus tard, Damas voit d'un mauvais œil l'activisme de Arafat qui est emprisonné par les autorités syriennes en 1966 durant quelques jours. A sa libération, il regagne Amman où il installe son QG. Moins d'une année après la guerre des Six-Jours de juin 1967, plus exactement en janvier 1968, il organise au Caire un sommet de coordination de la lutte armée afin de rivaliser avec l'OLP qui était à l'époque en proie à des tiraillements internes sous la houlette de Choukeiri. Mais c'est en mars de la même année que le Fatah de Yasser Arafat va s'illustrer par des opérations militaires avec la bataille d'Al Karameh en Jordanie, durant laquelle ses combattants tiennent tête à l'armée israélienne, et lui donne ainsi l'autorité nécessaire qui lui permettra de reprendre en main la direction de l'OLP à laquelle le Fatah a adhéré peu de temps auparavant. Et c'est ainsi qu'en 1969 il est élu président du comité exécutif de l'OLP, fonction qu'il détient jusqu'à présent en même temps que celle de chef du Fatah... Même si les biographies signalent qu'il avait été à ses débuts de militantisme et de nationalisme assez proche des Frères musulmans, officiellement Yasser Arafat ne se réclame d'aucune idéologie. C'est sans doute cela qui lui a valu le privilège d'être aussi bien accueilli chez les souverains arabes que chez les laïques d'Irak et par les dirigeants communistes de l'URSS et des pays de l'Est. Une année plus tard, sa présence et celle de ses fedayines en Jordanie dérangent le roi Hussein, qui l'accuse de vouloir fomenter un coup d'Etat. Le souverain hachémite ordonne la répression des Palestiniens qui marquera la mémoire avec le triste souvenir du « Septembre noir ». Le chef du Fatah, obligé de quitter Amman, se réfugie alors au Liban où un statut d'extraterritorialité est accordé aux réfugiés palestiniens. A partir de cette année-là, les différentes organisations palestiniennes vont rivaliser en matière d'opérations militaires qualifiées par les Occidentaux et les Israéliens d'attentats terroristes, comme les détournements d'avion, la prise d'otage israéliens aux Jeux olympiques de Munich par un commando de Septembre noir... Cette opération fut d'ailleurs dirigée par un de ses premiers compagnons de lutte, Khallil El Wazir, alias Abou Jihad. Le coup dur pour Arafat fut sans doute la liquidation à Beyrouth par le Mossad israélien de trois responsables du Fatah. Néanmoins, dans le prolongement de la guerre d'Octobre 1973, l'OLP acquiert, à Alger, le statut de seul représentant du peuple palestinien lors de la réunion des représentants des pays arabes. Et c'est fort de cette légitimité qu'Abou Ammar fera un discours remarqué à l'Assemblée générale de l'ONU en novembre 1974, une branche d'olivier dans une main et un revolver dans l'autre. Il évoquera pour la première fois la paix et un Etat en Palestine en échange de l'abandon des attentats terroristes au niveau international. Une année plus tard, la présence palestinienne au Liban est à l'origine du déclenchement de la guerre civile qui opposera, durant deux ans, les Palestiniens alliés aux formations libanaises progressistes et musulmanes aux milices chrétiennes. En 1978, Israël occupe le Sud-Liban en représailles aux opérations militaires menées par les Palestiniens contre le nord de l'Etat hébreu. Tel Aviv ne s'arrêtera pas là puisque quatre ans plus tard son armée assiège Beyrouth et Arafat. Européens et Américains s'opposent à sa neutralisation par les Israéliens.
Sens de la mise en scène
Cultivant le sens de la mise en scène avec une éternelle barbe de trois jours, Abou Ammar sait occuper l'espace médiatique pour apparaître aux côtés des chefs d'Etat comme étant le dirigeant palestinien incontournable, n'hésitant devant aucune initiative pouvant renforcer son aura. Comme celle de vouloir servir de médiateur dans le rapprochement entre Hassan II et Houari Boumediène à la suite du conflit du Sahara-Occidental. Le dirigeant algérien sut lui adresser une fin de non-recevoir en précisant au passage que l'Algérie n'avait pas besoin de médiation quand il s'agira de prendre langue avec le Palais royal marocain. Son rapprochement avec le Maroc était si fort qu'il l'aurait poussé plus tard, à la la fin des années 1980, à demander au premier Président sud-africain de ne pas reconnaître la République arabe sahraouie démocratique (RASD) car, selon lui, le Sahara-Occidental relevait de la souveraineté du royaume de Rabat... Laissant entendre par là de manière sournoise que le conflit au Sahara-Occidental était d'abord algéro-marocain ! Quittant Beyrouth, Yasser Arafat rejoindra Tunis pour y installer son quartier général et celui de l'OLP. Il échappe à un raid aérien israélien en octobre 1985. C'est alors que circule la rumeur, selon laquelle, Abou Ammar ne passe jamais deux nuits de suite au même endroit. Vraie ou fausse, elle dénote en tout cas le caractère de l'homme, sa méfiance à l'égard de son entourage. Trois ans plus tard, un commando israélien parvient à s'infiltrer à l'intérieur du quartier général de l'OLP à Tunis et assassine le 16 avril Abou Jihad, n°2 et cofondateur du Fatah avec Yasser Arafat. C'est au cours de la tenue, en novembre 1988, à Alger, du 19e Conseil national palestinien, qui n'est autre que le Parlement en exil fondé en 1964 à Jérusalem-Est, que le chef de l'OLP proclame la création de l'Etat palestinien reconnu par 90 Etats. Au début des années 1990, l'Organisation de libération de la Palestine se lance alors dans une grande offensive diplomatique, mais elle sera toutefois exclue des pourparlers de paix israélo-palestiniens qui débutent en 1991 à Madrid. Si Arafat n'assiste pas aux discussions qui se déroulent dans la capitale espagnole, c'est d'abord parce qu'il ne résidait pas en Palestine et surtout parce que les Occidentaux entendaient ainsi lui faire payer son appui à Saddam Hussein dans la guerre du Golfe et perd du coup le soutien financier des pétro-monarchies de la région. Mais malgré tout, il a réussi en quelque sorte à avoir la haute main dans la désignation des représentants palestiniens de l'intérieur qui devaient participer aux négociations. Et si en réalité les pourparlers de Madrid ne débouchent sur rien de concret, les discussions se poursuivront à Oslo. Abou Ammar aura l'occasion de se ressaisir et de signer avec Yitzhak Rabin à Washington une déclaration de principe basée sur une reconnaissance mutuelle entre Israël et l'OLP ainsi qu'une période d'autonomie transitoire de cinq ans, au terme de laquelle devrait être conclu un accord sur le statut définitif de la bande de Ghaza et de la Cisjordanie. Et c'est l'occasion historique pour Abou Ammar de serrer la main à Yitzhak Rabin devant des centaines de photographes et sous le regard satisfait du président américain Bill Clinton, le 13 septembre 1993. Les accords du Caire, qu'il signera quelques mois plus tard avec Rabin, lui permettront de faire un retour en héros à Ghaza. Deux mois plus tard, en juillet 1994, il est élu président de l'Autorité palestinienne et distribue aussitôt les postes-clés à ses hommes de confiance au détriment des responsables de l'intérieur qui ont joué un rôle décisif dans l'Intifadha. Les efforts et l'ego d'Abou Ammar seront satisfaits peu après, puisqu'il recevra le prix Nobel de la paix en même temps que Yitzhak Rabin et Shimon Peres. Mais sa satisfaction sera de courte durée, car des manifestations ne tarderont pas à éclater à Ghaza. Elles seront provoquées par les opposants au processus de paix d'Oslo et aussi par tous ceux qui accusent le président de l'Autorité palestinienne d'encourager la corruption dans les territoires. Des arrestations ont eu lieu et le mouvement islamiste Hamas revendique une série d'attentats anti-israéliens, un nouveau volet des accords est signé à Taba, en Egypte. Mais l'assassinat de Rabin par un extrémiste juif en novembre 1995 viendra donner un coup d'arrêt aux accords d'Oslo. En effet, le successeur de Rabin n'était autre que Benyamin Netanyanhou, adversaire des accords d'Oslo. Il faudra alors attendre 1997 pour que le processus de paix se remette en marche. Arafat sera obligé d'attendre l'arrivée de Ehud Barak à la tête du gouvernement israélien pour entamer un nouveau cycle de négociations à Camp David, en 2000, en présence de Bill Clinton. Une fois de plus, Abou Ammar souffle le chaud et le froid au cours de ces négociations, fort de l'impact provoqué par le déclenchement de la seconde Intifadha. Et ce n'est qu'une année plus tard qu'il consent à signer avec Ehud Barak de nouveaux accords, à Taba, en Egypte. Mais une fois encore, en voulant faire monter les enchères face aux Israéliens, le retour du bâton est encore plus dur puisqu'en 2002 Ariel Sharon, le nouveau Premier ministre israélien, l'accuse d'être « l'ennemi du monde libre » et d'encourager les attentats anti-israéliens menés par les Brigades des martyrs d'El Aqsa qui dépendent directement du Fatah. Sharon ordonne alors le siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah. Abou Ammar, qui est ainsi empêché de se rendre au Sommet arabe de Beyrouth, tente de sensibiliser le mouvement pacifiste international, tandis que le Président libanais lui refuse la possibilité de s'adresser aux chefs d'Etat et de gouvernement arabes par le biais de la liaison satellite. Et c'est toujours assiégé à Ramallah que le Premier ministre, qu'il a désigné et non moins proche partisan, en l'occurrence Mahmoud Abbas, claque la porte après cent jours passés à la tête de l'Exécutif palestinien. Au moment de son départ, conspué par les partisans de Arafat qui l'accusaient de trahison, celui-ci a néanmoins reconnu du bout des lèvres que de profondes divergences existaient avec Abou Ammar. D'abord autour des prérogatives, ce dernier a toujours tenu à garder en main, entre autres, le contrôle des services de sécurité. Une carte maîtresse qu'il détient vis-à-vis des Américains et des Israéliens. Peu de temps après la démission de Mahmoud Abbas, son successeur Ahmed Qorei est confronté aux mêmes difficultés que son prédécesseur sans que Yasser Arafat réagisse ou intervienne. Au-delà de ses capacités de leader politique, l'homme a, de l'avis de bon nombre d'observateurs, un sens aigu du pragmatisme, ne reculant devant aucun moyen pour satisfaire tout le monde, notamment au sein de l'OLP, en rétribuant plus que largement les uns et les autres. D'autant que le pactole détenu par l'organisation - évalué autour de 2 milliards de dollars - est directement géré par lui-même. La corruption est sans doute le moyen qui lui permet de se maintenir à la tête de l'OLP en premier lieu et de l'Autorité depuis trente-cinq ans sans contestation majeure.


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