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Olaudah Equiano, Autobiographie d'un esclave
Un récit authentique et poignant
Publié dans El Watan le 21 - 07 - 2005

Les écrits sur les esclaves africains arrachés à leur terre natale sont nombreux. Beaucoup d'études ont été publiées sur ce sujet si douloureux et qui reste un des plus grands crimes contre l'humanité.
Ce triste pan de l'histoire de l'humanité devrait être par conséquence reconnu comme tel. Une des premières mesures serait d'abord d'effacer la dette des pays africains. Il est historiquement vrai que des milliers et des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont été capturés, enchaînés, transportés dans des conditions désastreuses, innommables, parqués comme des bêtes, comme des marchandises, sans aucun respect, pour gagner de l'argent, de plus en plus d'argent. Ces écrits décrivent l'horreur de l'arrachement à la terre natale, l'ignominie d'un déplacement humain à grande échelle. Alex Haley a raconté l'histoire symbolique de Kunta Kinté dans Roots (Racines). Toutefois, il existe quelques écrits d'esclaves, dont celui de Olaudah Equiano qui est particulièrement passionnant à lire, car il a été écrit par lui-même en anglais à la fin de sa vie, pour témoigner. L'ouvrage est une autobiographie publiée en 1789, date symbolique, car elle est aussi celle de la révolution française et de la Déclaration des droits de l'homme. Le titre anglais de cette autobiographie est The Interesting Narrative, (Le récit intéressant). En effet, c'est une histoire passionnante que celle d'Olaudah Equiano, baptisée Gustavus Vassa, son nom d'esclave. Il est né en 1745 en Afrique de l'ouest, à Essaka, dans le sud du Nigeria. Il est mort le 31 mars 1797 en Angleterre, dans le Cambridgeshire. Entre ces deux dates, cet homme a vécu une vie particulière, une vie qu'il n'a pas choisie, car si les Blancs esclavagistes ne l'avaient pas capturé avec sa sœur, son destin aurait été différent comme le destin de l'Afrique l'aurait été. Mais l'histoire est ce qu'elle est, et il faut soit s'adapter, soit essayer de la changer. Olaudah Equiano s'est adapté, et il a aussi essayé de changer le cours de cette vie qui lui a été imposée. La narration de ce récit de vie est linéaire. Olaudah Equiano commence par raconter son enfance en se remémorant cette partie de sa vie passée près des siens, dans son espace naturel qui est son pays natal, le pays de sa tendre enfance. Vu la vie difficile qu'il a subie, le lecteur ne peut être qu'étonné par la vision probablement idyllique de ce court moment de vie dans la mesure où il a été capturé pour devenir esclave à l'âge de 10 ans. Il se rappelle qu'il appartenait à « une nation de danseurs, de musiciens, de poètes. Chaque événement majeur, comme le retour triomphant d'une bataille (ou autres occasions de fêtes publiques) est célébré par des danses publiques, accompagnées de chants et de musique choisis pour l'occasion. » Il se rappelle aussi les odeurs, les parfums, la cuisine simple, mais si bonne, il se rappelle le rythme de vie paisible auprès d'une famille aimante et travailleuse, étant le plus jeune, il était le favori de sa mère, un souvenir qui l'a réconforté toute sa vie. Un des moments poignants dans ce récit est celui de son kidnapping avec sa sœur. Le mode opératoire consistait à voler les enfants en âge d'être vendus aux esclavagistes au moment des récoltes, lorsque les adultes étaient loin de la maison familiale. Olaudah raconte : « Un jour, lorsque les adultes vaquaient à leurs occupations, et qu'avec ma sœur, nous étions seuls à la maison, deux hommes et une femme ont escaladé le mur et ils nous ont capturés, ne nous laissant pas le temps de crier ou de résister. Ils nous ont bâillonné, ligoté et emmené vers la forêt. » Ce qui est révélé, c'est que ce sont des Noirs qui s'adonnaient à ce commerce. Vendus d'une contrée à une autre par des esclavagistes africains sans foi ni loi, jusqu'à leur arrivée sur la côte, emprisonnés dans un des forts construits par les Portugais ou les Anglais. Là, ils ont été vendus à des Blancs qui les enchaînèrent pour les placer dans le ventre d'un de ces bateaux de négriers, en partance vers les Amériques. L'horreur des traversées est décrite de visu, la brutalité des Blancs relève de la cruauté à l'état pur. Les chaînes, les fers, la maladie, la faim, les morts que l'on jette par-dessus bord, les viols des femmes esclaves par les marins blancs, des douleurs racontées dans le menu détail, non pas en tant qu'historien, mais en tant que témoin victime d'où l'importance de ce récit sur le plan historique. Par exemple, il parle des mauvaises odeurs intolérables des prisonniers esclaves, qu'on laissait pourrir. Il dénonce la méchanceté gratuite des Blancs qui veulent démontrer qu'ils sont les maîtres, et donc toutes les humiliations sont permises. Vendu d'un maître à un autre, Olaudah Equiano a sillonné les mers et les océans, battu, humilié, volé, récompensé parfois. En 1757, il était en Angleterre, il a voyagé et vu Guernsey, Londres, Plymouth, Portsmouth. Il s'est installé plus tard dans le Cambridgeshire. Il a visité Le Havre, Belle Ile en 1762, Barcelone, Gibraltar, Porto, Gênes, Naples, il a connu les côtes turques. Du côté Amérique, il est allé à Barbados, en Gaudeloupe, en Martinique, en Jamaïque, à l'île Moustique. En 1765, il était à Philadelphie, il a bien connu Savannah. Il s'est rendu même au Pôle Nord. Durant ces multiples voyages, il a travaillé et économisé de l'argent, il a appris l'arithmétique, il a appris à lire et à écrire. Par ailleurs, de par son comportement, il a su gagner la confiance de ses maîtres successifs. Ce qui est extraordinaire, c'est que Olaudah Equiano a tenu à racheter sa liberté. Ainsi, il appartenait à lui-même. Cela le rendait libre de ses mouvements et donc de travailler là où il voulait, exerçant divers métiers, les plus importants étant les métiers de la navigation. Il a même été capitaine de vaisseau. Son observation de l'esclavage l'a mené à devenir un des plus grands militants pour l'abolition de l'esclavage qu'il décrit comme « inhumain et cruel ». Il démontre les contradictions de l'esclavage et avertit que cet état ne pouvait mener qu'à la haine et à la guerre, car la mémoire ne pouvait oublier. Il a même écrit à la Reine d'Angleterre pour la sensibiliser pour abolir l'esclavage. Sa foi et sa conversion au christianisme, sa croyance en un Dieu miséricordieux l'a sauvé de la folie et du désespoir. Olaudah Equiano a réussi, au crépuscule de sa vie, à devenir prêtre protestant. Il s'est marié en Angleterre avec miss Cullen, avec qui il a eu deux filles métisses et qui ont hérité d'une belle demeure construite à la sueur de son labeur, pour l'amour de la liberté et d'être tout simplement un homme. Olaudah dans sa langue maternelle signifiait soit « vicissitudes » soit « chanceux ». On peut dire que son nom était prémonitoire, car il a expérimenté des malheurs, eu de la chance dans son malheur grâce à sa ténacité, son courage et sa foi. Olaudah Equiano est mort en homme libre, laissant en héritage un témoignage émouvant. Olaudah Equiano, The Interesting Narrative, London, Penguin, 1995 (1re édition 1789).

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