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Mustapha Mekideche. économiste et vice-président du CNES
« Le budget 2006 devrait se baser sur un prix du baril d'au moins 25 dollars »
Publié dans El Watan le 12 - 09 - 2005

Mustapha Mekideche est vice-président du Conseil national économique et social (CNES). Consultant en stratégie, il est également l'auteur de deux ouvrages sur les thèmes des réformes économiques et des hydrocarbures. A travers cet entretien, il nous livre son analyse quant à la gestion des excédents financiers engrangés durant cette dernière période à la faveur de la hausse des cours de l'or noir.
L'Algérie accumule actuellement d'importants excédents financiers. Comment analysez-vous cette nouvelle conjoncture ?
Les excédents de ressources financières engrangées par l'Algérie constituent une problématique inédite pour le pays. On est passé d'une situation de crise de paiement à une situation d'excédents financiers. C'est une situation nouvelle que l'Algérie n'a pas connue depuis les années 1970. L'arbitrage opéré à l'époque était clair. Entre la consommation et l'accumulation, l'on a opté en faveur de l'accumulation, soit de l'investissement et de la formation du capital fixe à hauteur de 50% du produit intérieur brut (PIB). Le complément d'investissement était fait à l'époque par le recours à l'endettement extérieur, ce qui a induit par la suite une crise de la dette.
Qu'en est-il du contexte actuel ?
L'Algérie se retrouve aujourd'hui dans une situation d'excédents budgétaires avec une inflation maîtrisée. C'est un contexte nouveau qui se distingue par une augmentation très importante des ressources financières. Les réserves de changes ont dépassé les 40 milliards de dollars et le fonds de régulation des recettes est alimenté à un rythme où il devient presque aussi alimenté que le budget de l'Etat. Se faisant, le niveau des dépenses publiques augmente considérablement, d'où l'enveloppe de 55 milliards de dollars dégagée pour le financement du programme de consolidation de la croissance. Pour permettre cependant une gestion efficace des ressources disponibles, une évaluation précise du premier plan de relance (PSRE) est à mon sens nécessaire et ce, au même titre qu'il est impératif de mettre en place une stratégie claire de planification et d'aménagement du territoire.
Comment peut-on garantir une meilleure utilisation des excédents financiers ?
Pour éviter que leurs excédents financiers ne perdent pas de leur valeur, certains pays de l'OPEP, comme le Koweït, ont investi leurs ressources avec succès à l'extérieur, du fait notamment qu'ils ont une faible absorption intérieure. En Algérie, la situation est différente, car il y a un territoire et une population autrement plus importants, mais aussi du fait que nous avons toujours observé un réflexe de prudence quant à la gestion des réserves de changes. Or, si l'on veut que nous excédents nous rapportent plus, il faut savoir prendre des risques. La problématique qui se pose cependant est de savoir comment placer efficacement nos excédents sur le marché international. Savons-nous vraiment le faire ? Cela pose la question de nos capacités d'intervention sur le marché international et l'on est forcé de constater qu'en l'état actuel des choses, aucun opérateur algérien, hormis Sonatrach, n'a la taille, l'expérience et l'expertise suffisantes pour développer des outils d'intervention sur le marché extérieur.
Que faire alors de l'importante manne financière dont dispose actuellement notre pays ?
La vraie problématique est de transformer ces ressources financières en croissance durable. L'élément nouveau aujourd'hui est que la politique monétaire ne peut plus se contenter de maintenir la stabilité des prix, mais doit également contribuer à la croissance. A cet égard, l'utilisation des instruments du taux d'intérêt bancaire et du taux de change est essentielle. Les taux d'intérêts restent trop élevés pour les investisseurs. On ne peut plus continuer à dire qu'on a des excédents bancaires et maintenir en même temps des taux d'intérêts élevés. On se retrouve ainsi dans un pays qui a à la fois des déficits économiques et sociaux et qui connaît cependant une situation de surliquidité bancaire. Dans le dernier rapport du CNES sur la politique monétaire en Algérie, il est fait état d'un montant de 1000 milliards de dinars stérilisé au sein du système bancaire. Le problème vient en fait du syndrome d'excès de prudence, mais aussi de l'insuffisance des capacités d'ingineering au niveau des banques.
Estimez-vous qu'il y a aujourd'hui lieu de réévaluer le dinar ?
Du fait de l'importance des excédents financiers enregistrés, la problématique de la gestion du taux de change se pose effectivement. Il y a, en fait, deux courants : le premier soutient qu'il faut dévaluer la monnaie nationale pour éviter la dérive d'une explosion des importations, alors que le deuxième plaide au contraire en faveur d'une réévaluation du dinar afin de stimuler la croissance par l'importation d'inputs moins chers. A mon sens, il faut rester prudent sur la question du taux de change et ce en attendant des signaux de la sphère économique réelle et la restructuration de l'offre algérienne, y compris à l'export. Il faut également que cette question soit analysée en rapport avec la parité euro-dollar et ses effets sur l'économie nationale.
Pensez-vous que la conjoncture prévalant actuellement sur le marché pétrolier mondial soit appelée à durer ?
Je pense que les hydrocarbures seront encore pour plusieurs années dans une situation de prix élevés. Le prix moyen du baril de pétrole continuera à mon avis à tourner autour de 40 dollars. Cependant, le problème est qu'on ne sera pas à l'abri d'un choc et des changements pourront intervenir à long terme avec les perspectives de développement des énergies nouvelles. Il faut donc s'y préparer à travers la mise en place d'une stratégie qui répond aux exigences du contexte d'ouverture économique et à la nécessité de favoriser l'investissement, notamment les IDE (investissements directs étrangers, ndlr).
Quel effet induira l'actuelle situation d'aisance financière sur l'élaboration du budget de l'Etat pour l'exercice 2006 ?
La loi de finances complémentaire a dû puiser dans les ressources supplémentaires engrangées pour financer les premiers projets identifiés du plan de consolidation de la croissance. Il faut rappeler en ce sens que la politique budgétaire sur les cinq années à venir a été affichée à travers la loi de finances 2005. C'est la première fois que l'on a ainsi une visibilité sur la politique budgétaire à moyen terme. Aujourd'hui, avec la hausse des prix du pétrole et du gaz, le problème qui se pose est celui de la mise à jour du prix de référence du baril sur lequel doit être basé le budget de l'Etat. Pour la loi de finances 2006, ce prix de référence ne doit plus être de seulement 19 dollars. Il serait en fait judicieux qu'il soit fixé à 25 ou même à 30 dollars.
Le fonds de régulation des recettes reste-t-il l'instrument le plus à même de permettre une gestion efficiente des surplus de ressources financières disponibles ?
Le rôle du fonds de régulation est de stériliser une partie des recettes pétrolières, car une monétisation totale des ressources provenant de la fiscalité pétrolières induira un excès de création de monnaie et donc une tendance à l'inflation. Le fonds de régulation joue également un rôle d'amortisseur structurel par rapport aux variations des cours pétroliers mondiaux. Il faut noter par ailleurs que les capacités d'absorption nationales ne sont pas illimitées et de ce fait le fonds sert aussi à abriter les ressources qui ne peuvent pas être utilisées. En définitive, le fonds est un bon instrument de régulation, mais il doit être géré de manière dynamique, de façon à bien exploiter les avantages de cette bonne conjoncture. Il est opportun que les excédents financiers puissent en partie profiter au rachat de la dette extérieure, tout en évitant de contracter de nouveaux endettements à des taux élevés.
Les excédents financiers devraient-ils servir prioritairement à l'amélioration des revenus et du pouvoir d'achat de la population ?
Il faut avant tout clarifier les arbitrages économiques quant à l'utilisation des ressources disponibles. Il faut notamment clarifier le choix entre la consommation et l'accumulation. Il y a bien sûr lieu d'œuvrer à améliorer les revenus des ménages et à rattraper les déficits sociaux. Pour ce qui est de l'amélioration du niveau des salaires, il faut privilégier les négociations de branches de manière à tenir compte des capacités de chaque secteur et de chaque entreprise à absorber des augmentations de leurs charges salariales.
Quels critères d'arbitrage doivent être pris comme base à l'élaboration d'une politique efficiente d'allocation des ressources ?
En matière d'arbitrage, il faut en premier lieu mettre des balises entre les stratégies d'accumulation et de consommation. Sur ce dernier registre, les premiers éléments pour lesquels il faut dégager des ressources supplémentaires sont la lutte contre la pauvreté, le soutien à l'emploi et l'amélioration du pouvoir d'achat des populations. Ce sont là des besoins sur lesquels il faut mettre particulièrement l'accent, si l'on veut préserver les équilibres sociaux, sans quoi rien ne peut se faire en matière de stratégie économique. Sur le registre de l'accumulation, il faut initier une stratégie qui soit balisée à la fois par le marché et par une vision à moyen terme sur les différentes filières économiques et les avantages compétitifs que peut offrir chacune d'entre elles. Aussi, il est également nécessaire de réhabiliter les instruments de la planification et de renforcer les outils statistiques et d'observation du marché.


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