Depuis le début du mois sacré, le marché de fruits et légumes installé depuis 10 ans sur la rive gauche de l'oued Aïn Sefra, a complètement débordé sur la rive droite pour venir sérieusement taquiner la voie expresse. En effet, les lourdes dalles de béton qui couvrent la rivière sont littéralement envahies par une foule de marchands ambulants. Même les rares marchands de vieilleries qui lui donnaient un petit air de foire fouille, se laisseront facilement envahir par ces commerces hétéroclites. Il est à se demander si ce ne sont pas les mêmes qui se sont convertis à ce commerce apparemment lucratif si l'on en juge par l'ampleur prise par cette activité. En effet, les vendeurs installés sur cette place ont en commun l'absence quasi généralisée de balance. Leurs marchandises plus que douteuses sont soigneusement constituées en lots que l'on cède à des prix très alléchants. Il est vrai que si le poids n'est pas en soit un problème, il y a vraiment de quoi douter en ce qui concerne la qualité. Car hormis les bouquets de persil, coriandre et autres céleris, les légumes et les fruits déposés tantôt à même le sol, tantôt sur de vieux sacs de jute, sont loin de refléter la qualité attendue. Mais le pire est atteint avec les tomates dont le prix est réellement insignifiant et qui sont livrées dans des sachets de plastiques où elles ont largement le temps de fermenter sous l'effet des rayons de soleil. Cependant, cette activité jusque là marginale et limitée aux seules ruelles et aux escaliers d'accès au marché, a pris soudainement des proportions qui dépassent tout entendement. Notamment de par la concurrence occasionnée aux commerçants qui possèdent des stands de l'autre côté de la rivière et qui sont tenus de payer une redevance à la mairie. Curieusement, leurs représentants qui avaient souvent déploré ce fait accompli semblent renoncer devant l'ampleur du phénomène. Une des raisons de cette abdication serait liée au fait que nombre de ces commerçants attitrés, alimentent de manière régulière ce marché parallèle. Ce qui leur permet de gagner sur deux tableaux. Ils se débarrassent de leur surplus dont la qualité ne répond plus aux souhaits de leur clientèle habituelle et s'assurent d'autres revenus substantiels pour arrondir leur fin de mois. Ce marché parallèle, ne serait de ce fait qu'un marché de dupes où seul le client trouvera à redire. D'où cette judicieuse remarque d'un citoyen qui fera observer que les marchands sont plus nombreux que les acheteurs.
