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Nous avons beaucoup de mal à parler du nucléaire en France
Albert Drandov. Auteur de BD et journaliste d'investigations
Publié dans El Watan le 29 - 10 - 2010

Albert Drandov, journaliste franco-bulgaro-espagnol, 51 ans, et Franckie Alarcon, bedéiste français, 36 ans, se sont lancés dans le nouveau créneau de la BD-enquête ou BD socio-politique avec Au nom de la bombe, histoire secrète des essais atomiques français. Une BD qui revient sur les tests nucléaires français dans le Sud algérien et en Polynésie. Nous les avons rencontrés au dernier Festival international de la BD d'Alger.
- Au nom de la bombe, histoire secrète des essais atomiques français. Pourquoi avoir fait ce travail assez original pour une bande dessinée ?
Dans une autre vie, j'étais journaliste. Je faisais des enquêtes sur la santé et l'environnement. Je me suis toujours intéressé à l'énergie atomique. La France est parmi les pays les plus nucléarisés dans le monde. Je ne suis pas un antinucléaire de base, mais j'ai des soupçons. Il y a un côté «apprenti sorcier» qui m'inquiète. J'ai régulièrement fait des articles sur des incidents dans les centres nucléaires en France.
- C'est une question taboue ?
Oui, mais il y a suffisamment de journalistes qui travaillent sur ce sujet. Les poids économique et politique du nucléaire en France est tel que nous avons beaucoup de mal à en parler sereinement. Tout de suite, on est taxés d'antinucléaires primaires. Il est vrai que c'est un débat très délicat en France. Il y a des pressions indirectes sur les médias par le poids économique, c'est-à-dire par la publicité, et l'importance des groupes industriels qui possèdent les médias. Aujourd'hui, on n'est plus dans les pratiques anciennes du coup de téléphone qui interdit. Aussi, l'autocensure est-elle plus forte que la censure elle-même. Donc, le problème ne se pose pas directement en France. J'ai régulièrement soulevé la question du nucléaire. Il y a sept ou huit ans, la parole des vétérans a commencé à se libérer. Des associations d'anciens militaires français ont été créées pour revendiquer leurs droits : l'Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN) en France et Mururoa et Tatou en Polynésie. L'opportunité s'est présentée d'avoir les premières traces écrites et des témoignages. Le chercheur Bruno Barrio a été le premier à s'occuper de cela. A partir de là, je me suis dit qu'il y avait de la matière pour faire un sujet. J'ai commencé à assister aux réunions des vétérans et j'ai eu accès aux lettres des anciens militaires qui racontaient leur vécu à l'association. J'ai eu des discussions avec certains. J'ai même pu consulter quelques documents classés «secret défense» grâce aux différents réseaux journalistiques.
- Etait-il facile d'accéder à ces documents ?
Non ! Mais en étant têtu, curieux et obstiné, on peut avoir quelque chose. Il y a donc toujours un moyen de le faire. J'ai vu que ma matière première était suffisante pour raconter une histoire peu évoquée. Il est vrai qu'on peut la trouver dans des livres ou documentaires mais jamais sous forme de bande dessinée. Quand j'ai changé de métier, j'ai gardé l'esprit de recherche et d'enquête du journaliste. J'ai fait des enquêtes sur le scandale de l'amiante et sur les délocalisations industrielles en Europe. Et donc, j'ai continué la tradition.
- A quoi êtes-vous arrivé après vos enquêtes ?
J'ai découvert que la question des cobayes exposés aux radiations atomiques était ancienne. Elle a été révélée, il y a douze ans, par un journaliste du Nouvel Observateur qui a pu obtenir quelques témoignages de vétérans sur cette affaire. Depuis, les témoignages se sont accumulés et les vétérans sont morts de vieillesse ou de maladie. Il y a peu de temps, une BD a sorti un scoop, comme un journal, un document officiel de 400 pages de l'armée française qui raconte, minute par minute, comment se sont déroulées les manœuvres. En réalité, l'armée française avait décidé de mobiliser 200 fantassins et des conducteurs de chars M47 pour leur faire faire des manœuvres juste après une explosion atomique. Le but était de voir comment pouvaient réagir des militaires en milieu atomique, s'ils paniquaient ou pouvaient transmettre des informations. Ce qui est grave, c'est qu'on n'avait pas besoin de faire ce genre de manœuvres puisque les Américains, qui avaient déjà fait des tests dans le désert du Nevada, avaient l'exemple du Japon (Hiroshima, Nagasaki, ndlr) et élaboré un document de 600 pages qui contient tout sur les effets des radiations sur l'homme et le matériel. Mais, les Français, avec leur côté «cocorico», avaient décidé le voir par eux-mêmes. D'où l'opération du Sahara. Dès que nous avons eu le document, qui confirmait les révélations publiées par le Nouvel Observateur, nous avons utilisé la BD, un support original et décalé, pour publier ces informations.
- Pourquoi l'utilisation de la BD ?
En France, on vend 40 millions d'exemplaires de BD. Chaque année, 4000 nouvelles BD sont publiées dans le pays. C'est un support qui a un capital de sympathie énorme. Il y a une vraie tradition de la BD en France. J'ai trouvé que cela pouvait être un support intéressant pour aborder un sujet grave, lourd et délicat. Evidemment, cela n'a pas le même impact que les BD ludiques ou d'humour. C'est plus populaire. Cependant, il y a de la place pour tous types de supports. Puisqu'on a plus tendance à ouvrir une BD qu'un livre, la moitié du chemin est faite. Aux auteurs d'intéresser le lecteur et de ne pas rendre le sujet déprimant. Notre objectif n'est pas d'être dans le consensus mou. Si cela crée des débats et des polémiques, tant mieux, c'est l'objectif. Je ne cherche pas la polémique pour la polémique. Je fais juste mon petit travail d'auteur citoyen qui met sur la table ce qu'il a récolté. A chacun de faire ce qu'il entend.
- Le travail avec le dessinateur ?
Le directeur de collections aux éditions Delcourt m'a présenté le bédéiste Franckie Alarcon. La collaboration s'est bien passée. Un travail de fond a été fait en termes d'iconographie, de recherche documents sur les uniformes, les camions, le désert. On dispose de matériel et de moyens de recherche à travers Internet, notamment. Nous avons travaillé en synergie. Je lui ai envoyé le scénario et le story board, et lui, il m'expédiait les dessins. Je pense qu'un album sur le sujet des essais atomiques suffit. On ne fait pas une série sur un sujet de ce genre.
- Y aura-t-il du nouveau dans votre travail sur le massacre du 17 octobre 1961 à Paris ?
Je ne sais pas. C'est là tout l'art d'un travail de ce genre. Plus on cherche, plus on trouve. Les journalistes le savent. Je pars de l'idée qu'il y a beaucoup de matières premières. Beaucoup d'historiens ont fait des recherches sur ces événements. Une partie de ce travail est assez militante. La génération de Benjamin Stora fait un travail sérieux sur cette période. On peut bénéficier aussi de la parole des anciens en Algérie. Je ne suis pas du tout inquiet puisqu'il y a cette parole des anciens et les documents qui existent ou qui peuvent exister.
Aux éditions Delcourt, 16 euros.


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