Les impacts économiques et géostratégiques des tensions entre l'Algérie et la Commission européenne    Retailleau ignore la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques    L'Europe est morte à Ghaza !    Contact perdu avec le navire Handala transportant de l'aide humanitaire    Finale de la 24e CAN féminine Deux formations retiennent leur souffle    1.700 athlètes attendus en Algérie pour la 1ère édition    Des cascades et des sources d'eau à couper le souffle    Ces bus de voyageurs ''kamikazes'' sur les routes    Célébration en musique du 185e anniversaire de la naissance de Tchaïkovski    Décès du journaliste Nacer Tir : M. Boughali présente ses condoléances    Décès du journaliste Nacer Tir : la Direction générale de la Communication à la Présidence de la République présente ses condoléances    Jeux scolaires Africains : 1.700 athlètes déjà en Algérie avant le début des compétitions    Championnat arabe masculin 2025 : victoire de l'Algérie devant la Tunisie    Décès du journaliste Nacer Tir : le ministre de la Communication présente ses condoléances    Drame humanitaire à Ghaza: plusieurs pays appellent à resserrer l'étau sur l'entité sioniste    Importation de marchandises pour la revente en l'état: les opérateurs économiques appelés à mettre à jour leur situation    Blocus sioniste sur Ghaza: un quart des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition    CHAN-2024: le sélectionneur national évalue ses joueurs dans un match d'application    Fichier national d'immatriculation des véhicules: première étape du processus de mise en place d'un système national intégré de gestion des véhicules    Des filiales de Sonatrach signent des mémorandums d'entente avec des compagnies énergétiques libyennes    Intoxications alimentaires en été: un problème de santé nécessitant davantage de vigilance et de contrôle pour préserver la santé publique    Pluies orageuses sur plusieurs wilayas du pays à partir de vendredi après-midi    Oran: 49 blessés suite au renversement d'un bus de transport de voyageurs à Gdyel    Crise humanitaire à Ghaza: les maladies risquent de se transformer en catastrophe mortelle    Alger célèbre en musique le 185e anniversaire de la naissance du grand compositeur russe Tchaïkovski    Mascara : inhumation du Moudjahid Kada Amar    Premier Colloque arabe sur "La langue arabe dans les médias": appel à promouvoir l'utilisation de l'arabe classique dans les médias    « L'Italie au premier rang des partenaires commerciaux de l'Algérie »    Le Théâtre régional ''Abdelkader Alloula'' accueille la 16e édition    Les entretiens entre le président de la République et son homologue italien élargis aux membres des délégations des deux pays    l'empire invisible des barons de la drogue    L'Algérie termine avec 21 médailles aux Championnats d'Afrique    Ne laissons pas une société démente nous dicter notre vision de la vie !    Mohamed Meziane installe le nouveau secrétaire général du ministère    Sur la voie de la fidélité    Sortie de promotions de l'Académie militaire de Cherchell    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Le peuple tunisien s'est levé pour prendre sa liberté»
Ismaël, 29 ans, vidéaste et écrivain, Tunis.
Publié dans El Watan le 14 - 01 - 2011

Les gens du peuple sont depuis des semaines touchés dans leur chair même : ils voient leurs jeunes s'immoler par le feu, s'électrocuter, étouffer à cause du gaz périmé ou destiné aux animaux féroces que les forces de l'ordre utilisent, être blessés et tués par les balles.
Il ne s'agit plus de répression, il s'agit de tuerie. Acculés à la mort, bon nombre de Tunisiens n'ont plus aucune parcelle de choix sauf la révolte, ou plus exactement la colère. Dans ces conditions, il est tout à fait dans l'ordre des choses que les artistes se joignent au mouvement, comme avant eux d'autres catégories socioprofessionnelles : les avocats à titre d'exemple. Il est à noter, que certains d'entre eux, les plus jeunes d'ailleurs, ont accompagné le mouvement depuis son déclenchement. Le poète Med Sghaier Ouled Ahmed, écrit quotidiennement sur les évènements et ses poèmes se partagent comme des petits pains sur facebook.
L'auteur-compositeur-interprète satirique Bendir Man a lancé avec un groupe de jeunes artistes, il y a plusieurs semaines, une pétition destinée aux créateurs tunisiens qui a été signée par des dizaines de personnes en soutien au mouvement de protestation. Par son ampleur, le mouvement changera forcément la donne dans le pays. La première étant la peur qui a clairement changé de camp : elle a quitté le peuple pour submerger le pouvoir. Pour preuve, le bras de fer qui se joue depuis des semaines : le pouvoir monte à grands pas les paliers de la répression (propagande, enlèvements, tortures, tirs à balles réelles, armée dans les rues, couvre-feu...) qui ne fait qu'accroître la résistance du peuple (manifestations, grèves, actions citoyennes, autogestion, émeutes, irrespect du couvre-feu...). La situation peut être schématisée ainsi : c'est une guerre de survie qui se joue entre les deux, dont l'aboutissement est encore incertain. Les jeunes n'ont jamais eu foi en la personne de Zine Abidine Ben Ali. Ils se sont retrouvés malgré eux sous son règne. Personne n'était dupe mais personne ne protestait.
Le paternalisme archaïque dont il fait preuve ces derniers temps, avec son lot de va-et-vient entre sévérité et douceur, n'est pas étonnant et est à l'image des relations qu'il a toujours entretenues avec l'individu tunisien, à savoir un sujet docile et non un citoyen libre. Cette stratégie ayant fait long feu (sans mauvais jeu de mot), l'erreur de Ben Ali, et celle de ses conseillers, a été de continuer dans la même veine, ce qui a eu pour répercussion d'alimenter encore plus le mépris, pour ne pas dire la haine, envers sa personne, et par extension, son règne. Personne ne connaît l'issue de cet affrontement entre les autorités en place et le peuple. Ce que le monde doit impérativement savoir en dehors de l'issue de cet affrontement et à cet instant même est que le peuple tunisien s'est levé pour prendre sa liberté. Et c'est la moindre des choses de constater qu'il l'a fait d'une merveilleuse manière qui fera sans doute date dans l'histoire humaine.
Sans aucune formation politique ni tissu associatif, il s'est regroupé ; sans aucune peur il a affronté les balles et l'arbitraire de la répression ; sans aucun encadrement il a pris des secteurs dans certaines régions et s'est auto-organisé pour nettoyer les rues après les émeutes (à Thala). Ces «hordes sauvages de jeunes encagoulés régies par des puissances occultes étrangères et qui accomplissent des actes terroristes» sortent de bon matin à visage découvert nettoyer leurs rues à la place des services municipaux : quelle plus belle déclaration d'amour à un pays et à une liberté sacrifiée ?! La propagande étatique essaie de faire passer les protestations pour de la rébellion sauvage et violente. Or, les Tunisiens le savent, le voient de leur propres yeux, le vivent au quotidien et le construisent de leur propre mains et au prix de leur sang : c'est notre légitime liberté de décider de nos vies dans notre pays que nous sommes en train de prendre, rien de plus et rien de moins.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.