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La Grande-Poste en péril
l'Edifice n'a pas été classé patrimoine national
Publié dans El Watan le 27 - 01 - 2011

Elle est sans doute l'une des sept merveilles d'Algérie l La Grande-Poste d'Alger est une œuvre architecturale d'un luxe rarement atteint. Elle est la grande oubliée sur la liste du patrimoine national l On constate, avec amertume, son état d'abandon l Symbole aux caractères mystiques, cette splendeur, qui rivalise en beauté avec le palais de l'Alhambra de Grenade, est meurtrie par le temps et le mépris.
Ce n'est pas un scoop. La Grande-Poste n'est pas classée patrimoine national. La raison ? Personne n'en a fait la demande ! Il suffirait qu'un citoyen ou une association prenne l'initiative par un courrier adressé au ministre de la Culture : «Madame la ministre, en application de l'ordonnance 67-281 du 20 décembre1967 relative aux fouilles et à la protection des sites et monuments historiques et naturels, je demande que la Grand-Poste d'Alger soit classée patrimoine national en raison de ses valeurs architecturales exceptionnelles et sa symbolique.» Qui de nos compatriotes osera la première demande ? L'appel est lancé. Il s'agit d'une urgence. La Grande-Poste d'Alger risque un réel danger.
Elle nécessite une expertise d'évaluation pour une intervention de sauvetage. Elle est dans l'attente d'une restauration méticuleuse et savante. La tâche est immense et relève d'un haut niveau de compétence. De médiocres entreprises ont récemment défoncé et défiguré les étages supérieurs en posant un revêtement en usage dans les logements sociaux. Une dalle de sol hideuse à 500 DA le mètre carré.
Des faïences d'époque ont été détruites. Ce crime n'aurait pas eu lieu si l'édifice était classé patrimoine national. Disqualifiée comme un immeuble sans valeur, cette construction, inaugurée en 1911, est sous la menace permanente de la destruction, l'usure et la carence dans l'entretien. Il faut sauver la Grande-Poste du péril de l' âge et des gestes inadaptés des hommes. «Il ne s'agit pas d'un édifice ordinaire», nous dit une postière affligée par l'état de ruine visible à tous les étages. Cette poste symbolise, en effet, l'âme profonde de la ville d'Alger et rayonne sur le pays entier par le sens sublime de sa conception d'inspiration nationale. C'est pourquoi, le concept «arabo/mauresque», consacré à répétition pour l'identification de son style, ne fait pas l'unanimité.
Ses architectes Voinot et Toudoire ont puisé dans le génie national et ont fait appel à des maçons originaires du bassin de Oued Souf dans le Sud-Est algérien. Le choix des maîtres et des artistes du Souf n'est pas fortuit. Ils sont les détenteurs d'un art architectural séculaire parfaitement maîtrisé. Il est vrai, cependant, que l'intérieur de ce bâtiment centenaire rappelle beaucoup le palais de l'Alhambra de Grenade. On retrouve sur les deux édifices la même devise de la dynastie saâdienne finement ciselée et, de façon répétitive, sur le plâtre : «Wala ghaliboun illa Allah» (Il n'y a de vainqueur que le Tout-Puissant). Nous avons passé beaucoup de temps à tenter de déchiffrer le sens caché du message laissé par les maîtres maçons du fin fond du Sahara.
C'est un édifice où le luxe est poussé aux extrêmes limites. Premier constat, notre Grande-Poste se moque de la modestie. Le visiteur découvre un majestueux dôme où s'enchevêtrent des polygones qui évoquent la voûte céleste. Au sommet, on admire une boule richement sculptée. C'est un amas d'étoiles représentant Les Pléiades situées dans la constellation du Taureau. C'est notre Thoreya ou Soraya qui est attribué comme prénom féminin pour ce qu'elles représentent comme légendes et source de lumière. Le cercle de 360 degrés à la base de la voûte dessine la ceinture zodiacale. C'est l'équateur céleste. Chaque signe est symbolisé par deux roses des vents à huit directions, séparées d'une «cartouche» au dessin mystérieux semblable aux signes hiéroglyphiques de l'ancienne Egypte.
En 1962, au cours de la semaine du 21 mars, le monde a changé d'ère astrologique. Le soleil qui se levait durant 22 siècles sur la constellation du Taureau apparaît, depuis ce jour, sur le point vernal du Verseau. Au commencement de cette ère céleste, qui coïncide avec le cessez-le-feu, la Grande-Poste a été le théâtre d'une tragédie. Des soldats français, dans un geste de folie meurtrière encore inexpliquée, ont tiré à l'arme lourde sur des manifestants français. En tout 45 morts et plus de 150 blessés gisaient sur les marches de la poste. A ce jour, aucun historien n'a pu percer le mystère de cet événement.
Comme dans notre mythologie, cet univers cosmique miniaturisé est soutenu par des piliers qui reposent sur la Terre ronde recouverte d'une mosaïque polychrome à lignes géométriques entrelacées en arabesques. L'éclairage est assuré par des rayons de lumière obliques qui traversent d'immenses fenêtres à vitraux. Des aménagements peu conformes ont cassé le rythme des éclairages par la fermeture inopportune de certaines fenêtres. Ces interventions sauvages ont défiguré l'intérieur. Posés comme des corps étrangers dans un décor de luxe, de gros climatiseurs ont été installés sans le moindre souci des effets thermiques ou esthétiques.
Le dernier tremblement de terre de mars 2008 a provoqué une fissure visible sur la grande coupole. La grande tour nord-est s'incline dangereusement. L'étanchéité est à refaire et les espaces de travail des postiers sont encombrés de tonnes d'archives et de déchets inflammables. L'installation électrique et les conduites d'eau sont à revoir. Il suffirait d'une étincelle et c'est le drame... D'ailleurs, les postiers se souviennent avec une certaine frayeur du dernier incendie qui avait ravagé les sous-sols de la poste. Certains souhaitent destiner l'édifice aux fonctions de muséum. L'idée manque de pertinence pour de nombreux admirateurs qui considèrent cette affectation comme la rupture avec le public. En effet, la Grande-Poste reçoit près de dix mille usagers par jour. Et chaque visiteur est subjugué par la beauté des lieux. Il serait dommage de la momifier. Elle doit rester la Grande- Poste. Sa préservation passe par un statut à sa mesure : patrimoine national sous la protection de l'Etat.


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