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«Songer à l'évaluation de l'impact réel des dispositifs»
Dehbia Bouri. Economiste et spécialiste de la micro-finance
Publié dans El Watan le 18 - 04 - 2011

Mme Bouri est spécialiste en développement d'outils financiers et dispositifs d'appuis aux PME et collabore à ce titre dans différents projets d'appui au développement de la PME et des très petites entreprises (TPE). Elle a été chargée d'études à la direction de la gestion industrielle au ministère de l'Industrie. Elle a également effectué des missions de formation pour des institutions de micro-finance (MF) au Maroc.
- Plusieurs interprétations sont attribuées à la micro-finance, notamment dans sa dimension d'instrument de lutte contre la pauvreté. Il y a ceux qui lui reconnaissent ce rôle en la matière d'autres non. Quelle lecture en faites-vous ?
En effet, beaucoup d'experts estiment aujourd'hui que la micro-finance n'est pas une panacée et que son impact dans la lutte contre la pauvreté n'est ni probant ni déterminant. Certes, elle y contribue, mais elle n'est qu'un élément.
La lutte contre la pauvreté n'est pas du seul ressort de l'initiative privée, la responsabilité des Etats et gouvernements reste pleinement engagée. La micro-finance évolue.
Aujourd'hui, on va vers des solutions plus inclusives pour apporter un ensemble de services financiers, y compris la micro-assurance, pour ceux qui sont exclus du système bancaire classique. Il y'a une évolution vers une micro-finance orientée vers un financement durable des populations non bancarisées, beaucoup plus que le seul aspect lié à la seule création d'activité génératrices de revenus qui, certes, est un bon début mais ne devrait pas s'arrêter là. Il y'a aujourd'hui cette optique de faire vivre et grandir ces activités. Les institutions de micro-finance (IMF) réservent une part importante aux services non financiers d'accompagnement et formation des micros entrepreneurs, et en cela, elles peuvent être un bon levier dans la lutte contre la pauvreté. Le plus important étant de «déclencher» l'initiative privée et de cultiver l'esprit d'entreprise.
- On a des dispositifs publics d'aide à l'entreprenariat, mais ils sont tous financés par des banques commerciales qui, selon certains experts, ne sont pas outillées pour cela. Qu'en pensez-vous ?
En Algérie, il faut distinguer deux niveaux ; le premier, celui de la création de ce que l'on appelle « micro-entreprises » à travers les dispositifs Ansej et CNAC et le second c'est les dispositifs de type Angem, orienté vers la création d'activités génératrices de revenus qui permettent de financer les groupes cibles classiques de la MF. Leur fonctionnement diffère quelque peu, comparativement aux IMF dans le monde, qui démarrent souvent avec l'apport de bailleurs de fonds, et qui ensuite, deviennent
elles-mêmes rentables avec une politique de taux d'intérêt, de frais de dossiers et de taux de recouvrement maximum, parce que les crédits par définitions sont faits pour être remboursés. L'une des caractéristiques des IMF viables c'est un volume de clients importants et des taux de remboursement élevés et des taux de non remboursements réduits. Ces derniers se situent entre 2à 3% et qui ne doivent pas dépasser les 5%. Quand on a des taux de remboursement qui sont très bas, on ne peut pas avoir une IMF viable et durable. Dans la micro-finance c'est généralement la garantie sociale à travers la proximité avec les populations desservies ainsi qu'un bon système d'information qui garantissent le remboursement. Le rôle des dispositifs étatiques serait de renforcer leurs capacités dans la proximité avec la clientèle cible et surtout l'accompagnement et les services offerts ainsi que le suivi dans les remboursements, car sinon la logique sociale adoptée se trouverait confrontée, frontalement, à la logique financière des banques qui demeurent le seul point d'entrée dans l'octroi du crédit et pour tout type de financement.
Ce sont deux métiers totalement différents. Il faut aujourd'hui songer à l'évaluation de l'impact réel de ces dispositifs, ainsi que de leurs complémentarités, en ce qui concerne l'entreprenariat et l'esprit d'entreprise. La création de petites entreprises est selon les chiffres, certes, importante, mais qu'en est-il du taux de mortalité ? Est-ce qu'il faut créer des emplois (temporaires), ou alors surtout cultiver l'esprit d'entreprise pour créer de la richesse et des emplois durables et de la croissance. Celui-ci ne peut être cultivé que s'il est associé à la prise de risque. C'est-à-dire, si on garantit, on bonifie et qu'on laisse la possibilité de ne pas rembourser de manière continue, plutôt que de renforcer et resserrer l'accompagnement est ce qu'on va parvenir à promouvoir des entrepreneurs capables de prendre des risques et de se projeter dans un environnement concurrentiel ? Ces dispositifs restent perfectibles quelque soient leurs résultats, l'accompagnement professionnel reste primordial dans l'entreprenariat.

- Il était question en Algérie de créer une banque dédiée au microcrédit. Aujourd'hui, cela s'impose-t-il ou alors doit-on simplement considérer le microcrédit comme un produit commercialisé par les banques conventionnelles ?
Il faut déjà distinguer le traitement des deux axes : l'aspect social et l'aspect financier commercial classique de services adaptés aux besoins de financement du cycle de vie des TPE (très petites entreprises).
Il faut alors se demander comment faire intéresser les banques aux financements des très petites entreprises et les orienter vers ce segment de marché pour s'y spécialiser ( avec des filiales spécialisées) et/ou envisager des solutions pour le financement de ces très petites et petites entreprises de manière commerciale et efficace. Nous observons un gap entre les dispositifs et les banques, difficile à quantifier, car en majorité autofinancés, il serait intéressant de savoir dans quelle proportion les TPE et les petites entreprises sont réellement desservies ou pas par le système actuel. Leurs besoins sont clairs : accéder à des financements qui collent à leurs cycle d'exploitation (courts) et développement, de manière souple et rapide et chaque fois que de besoin (car souvent fragiles). Il faut que les procédures soient souples et flexibles.
Est-ce que c'est le rôle des banques commerciales telles qu'elles existent aujourd'hui, est-ce qu'elles sont outillées pour mener cette mission, est-ce leur vocation ? Autant de questions qui se posent. Les banques peuvent-elles faire l'effort de «descendre» et se mettre au niveau de ce segment de clientèle important et rentable compte tenu de leur nombre ? La question importante, aujourd'hui est de savoir comment ces dispositifs et les banques dans leurs configuration actuelle vont permettre et/ou contribuer à créer 200 000 TPE/PME dans les 5 années à venir et aussi si et comment elles vont permettre que ces TPE se développent pour avoir un impact réel sur le tissu économique et contribuer à la satisfaction de la demande nationale et locale. Un effort vers plus de bancarisation et plus de services financiers adaptés aux TPE me semble évident, plus de micro banque et/ou autres systèmes de financement innovants des TPE et une place accrue à des initiatives privées dans ce domaine, alors bien sur la création d'une banque ou filiale dédiée au financement des TPE et PE prend tout son sens.
- Comment éviter que les fonds accordés dans le cadre du microcrédit ne soient pas détournés de leur vocation par les acquéreurs, et se transformer en de simples crédits à la consommation ?
C'est un risque réel qu'il faut prendre en compte dès le départ dans la sélection des projets à financer, l'évaluation du promoteur, l'analyse du degré de maturation du projet et surtout l'évaluation correcte du niveau de besoin de financement demandé. Un système d'information performant permet aussi un suivi des risques réguliers, et un bon suivi du client peuvent contribuer à minimiser ce risque. La force de la micro-finance c'est surtout la proximité avec les populations desservies. C'est la meilleure gestion du risque qui puisse y avoir, de bien connaître et de suivre le vis-à-vis. Elle s'appuie beaucoup sur la garantie sociale, et le capital social existant, qui fait que l'individu quand il sollicite un crédit a plus peur du regard et du «discrédit» de la communauté à laquelle il appartient s'il ne rembourse pas. C'est une pression sociale très importante. Comment adapter et pratiquer cette proximité et une bonne connaissance du client au niveau des banques. Ce sont aussi de nouveaux métiers, de nouveaux outils et de nouvelles approches à intégrer. Ceci dit, on ne peut pas non plus ignorer que des besoins de crédits à la consommation existent aussi.


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