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Al Jazeera : deux poids, deux mesures
Révoltes Arabes
Publié dans El Watan le 27 - 04 - 2011

Dans la foultitude des chaînes satellitaires mondiales, Al Jazeera occupe une place à part. Non pas qu'elle se drape du professionnalisme et de l'objectivité exigés, qualités récusées par deux de ses journalistes vedettes démissionnaires.
Ghassan Bendjeddou et Faycal Kacem, les polémistes provocateurs qui ont mis à nu le parti pris de la chaîne, mais par le fait qu'elle est devenue le pire ennemi des régimes arabes sclérosés et traumatisés par les changements annoncés. Les récents événements survenus dans la sphère géographique arabe ont démontré l'impact de cette chaîne sur le cours des événements.
Les dirigeants arabes concernés y voient un tsunami emportant tout sur son passage, un cataclysme plus dévastateur que les armes les plus sophistiquées.
Et il n'y a qu'à voir la posture du dictateur El Gueddafi, la mine défaite, vociférant contre «ces chiennes de télévisions arabes», – visant bien sûr Al Jazeera – qui, selon lui, sèment la division, le désespoir et la désolation.
A l'évidence, Al Jazeera a une telle influence politique, diplomatique et stratégique qu'elle semble jouer invariablement sur les relations internationales. El Gueddafi s'en est plaint. Et pas seulement lui.
Moubarak avait décidé en 2000, lors d'un voyage officiel, d'effectuer une visite, inopinée à cette station.
A la fin, il s'exclame dans une phrase restée célèbre : «Dire que tous mes ennuis proviennent de cette boîte d'allumettes.» Soucis prémonitoires, puisque, en grande partie, c'est cette boîte d'allumettes qui l'a bouté hors du pouvoir en janvier dernier.
Pourtant, au plus fort de la contestation sur la place Tahrir, Moubarak s'était résolu à se venger de cette «boîte». Il décide de couper la fréquence de la chaîne qatarie sur le satellite Nilesat. Il interdit à la chaîne de diffuser, ferme ses bureaux au Caire, retire les accréditations de ses journalistes, en suggérant aux Egyptiens de ne pas écouter les chaînes satellitaires, d'écouter seulement leur cœur. Ces conseils ne trouveront pas d'oreilles attentives, puisque sur la place enflammée, une grande banderole proclamait «Merci Al Jazeera» En vérité, Al Jazeera, créée en 1996, a construit son audience sur le vide découlant des médias anesthésiés des régimes autocrates arabes, allergiques à la liberté et à la liberté d'expression qui continuent jusqu'à l'heure actuelle d'ignorer l'avancée technologique des mass media à l'échelle planétaire où la langue de bois reléguée aux calendes grecques n'est plus qu'un mauvais souvenir.Al Jazeera est, donc, venue casser «ce mur de la honte». Mais les Etats arabes, méfiants, ne peuvent rien faire. Ils sont complètement démunis face à l'ouverture des réceptions satellitaires. C'est l'Emir Hamd bin Khalifa al Thani qui est le principal financier d'Al Jazeera et il ne s'en cache pas, même si la chaîne connaît des déficits récurrents depuis son lancement. L'Emir dit qu'il n'a aucune influence sur les choix éditoriaux, alors qu'il est établi que le traitement de l'actualité obéit à la politique étrangère de ce petit émirat de 1 600 000 âmes dont seulement 400 000 nationaux.
Ce qu'il convient de dire, c'est que la chaîne Al Jazeera ne diffuse guère les thèmes qui contrarient le pouvoir à Doha. On l'a bien constaté lors de la couverture des événements du Bahreïn et en faisant l'impasse sur d'autres faits tout aussi importants.
A l'évidence, certains sujets sont tabous. Et cette mise en sourdine contraste avec le zèle affiché par la chaîne lorsqu'il s'agit de diffuser en exclusivité les messages d'Al Qaîda dont Al Jazeera s'enorgueillit d'être la boîte aux lettres, en tous cas le relais privilégié.
En entretenant cette ambiguïté, Al Jazeera plonge encore davantage ses téléspectateurs dans le flou le plus énigmatique.
Mais la chaîne, décidément insatiable, ne veut rien laisser lui échapper.
Constatant l'influence du sport sur les opinions publiques, Al Jazeera a racheté pour presque 1 milliard de dollars la chaîne Art, détenue par des capitaux saoudiens. Et pour boucler la boucle, la chaîne a acheté pour une longue durée les droits de télévision concernant les grands événements sportifs planétaires en devenant ainsi un passage obligé et en imposant un redoutable monopole.
Cette injection d'argent à tour de bras n'est sans doute pas sans rapport avec l'obtention par le Qatar, à la surprise générale, de l'organisation de la Coupe du monde 2022.
Pour le politologue Mohamed El Oifi, «l'influence diplomatique du Qatar repose exclusivement sur la popularité et la crédibilité d'Al Jazeera dans le monde arabe. Le Qatar, micro-Etat utilise donc sa chaîne pour exister aux yeux du monde, mais surtout pour se créer et promouvoir une certaine image de lui-même en tenant compte bien sûr des conseils avisés de ses puissants alliés comme les Etats-Unis, qui, en appoint, ont créé leur propre chaîne Al Hurra, destinée au public arabe et qui coûte 100 millions de dollars par an au contribuable américain».
Le journaliste vedette démissionnaire,
Bendjeddou, a dénoncé «cette tribune pour ceux qui n'en ont pas» auteure d'une sordide manipulation bien visible dans les événements tragiques qui secouent la Libye.
Dans l'environnement actuel, Al Jazeera continuera de dominer l'actualité tant qu'elle n'aura pas en face des chaînes concurrentes, estime un sociologue arabe.
«Cela ne se fera que par l'ouverture du champ médiatique et l'émergence de chaînes professionnelles et éthiques qui mettront fin aux monopoles, aux dérives et aux manipulations diverses…».
Pour le sociologue Nacer Djabi : «Il est indéniable qu' Al
Jazeera a joué le jeu du changement des
régimes arabes en prenant des positions fermes, parfois au détriment du professionnalisme.
Il n'y a pas de chaînes de télévision neutres. Al Arabya a montré sa tendance dans la crise du Bahreïn en épousant les thèses saoudiennes. France 24 s'est rangée carrément aux côtés des insurgés libyens.
Al Jazeera, malgré ses partis pris et ses manques, fait preuve tout de même de professionnalisme, en s'ouvrant sur tous les avis et en se basant sur la liberté d'expression. On n'y a pas entendu la version officielle des dirigeants libyens qui ont, sans doute, dépensé avant la crise des sommes considérables pour faire entendre leur voix à l'extérieur, à travers les médias internationaux, mais qui se retrouvent actuellement sans défense, ne pouvant compter sur leurs propres chaînes, dépassées et d'un autre âge. Il faut tout de même relever qu'Al Jazeera a joué un rôle très positif dans la guerre imposée à Ghaza par exemple. Au début des années 1990, CNN s'est révélée au monde dans la guerre du Golfe comme une autre machine de guerre américaine.
Pour résumer, dans tous les cas de figure, c'est la liberté d'expression qui est la clef de voûte. Dans les pays arabes, il faut ouvrir le champ audiovisuel aux différentes sensibilités pour essayer de réduire l'influence de ces chaînes satellitaires tentaculaires qui ont leur politique et leur agenda. Ces chaînes, faut-il le rappeler, ne sont ni des boy-scouts ni des samaritains», conclut le sociologue.


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