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La chaleur ne roule pas sur la RN 33
A 5 km de Bouira, Haïzer prise en étau par l'hiver et l'oubli
Publié dans El Watan le 25 - 12 - 2005

Pour peu que l'hiver soit aussi rigoureux que l'année dernière, les mêmes problèmes ayant trait au gaz butane, aux routes, au chauffage dans les écoles, à l'AEP, à l'éclairage et aux évacuations des malades chroniques et aux femmes qui accouchent surgiraient dans toute leur acuité tragique pour la vingtaine de villages de la daïra et commune de Haïzer.
Le fait que ce chef-lieu de daïra ne soit qu'à 9 km de Bouira et desservi par la RN33, une route en bon état, ne change rien à la situation de ces villages éparpillés sur une superficie de 84 km2 pour une population de 18 500 habitants. La proximité de Djurdjura, qui met à vol d'oiseau cette montagne à moins de 10 km de Haïzer, mais beaucoup pour les autres localités, à l'image d'Aghercif, de Guentour ou d'Ighil n'Sekssou, rend les conditions de vie plus difficiles encore à cause du froid qui y est plus intense. C'est pourquoi l'installation de l'hiver dans cette partie est de la wilaya est accueillie non sans beaucoup d'appréhension, nombre d'habitants malades ou n'ayant pas les moyens craignent de revivre encore ces jours de froid particulièrement éprouvants auxquels il a fallu faire face dans un dénuement complet. Nul doute que la neige, qui a atteint quatre vingt dix centimètres ailleurs, n'ait dépassé un mètre ici, ce qui, aux dires de nombre de citoyens rencontrés dans les rues de Haïzer, a conduit à l'isolement de la commune pendant plusieurs jours. Mais la vie économique et sociale d'une commune, même de proportions aussi modestes que celles de Haïzer, n'est pas faite que de craintes, et parce que confrontée à des situations spécifiques, les doléances de sa population présentent de ce fait un intérêt sociologique digne de retenir l'attention. On peut rencontrer les mêmes fléaux sociaux qu'ailleurs, la malvie pèse sur les citoyens autant qu'ailleurs, mais à cause de ces spécificités propres à une contrée donnée qui influent sur le comportement des personnes, les réactions deviennent imprévisibles et donnent souvent lieu à des drames sociaux à nul autre pareil. Ce sont sans doute ces spécificités qui ont fait dire à un observateur : « Ici, on gère plus les mentalités qu'autre chose. » Et ce qu'on pourrait dire de Haïzer, on le dirait certainement des autres communes en fonction du paramètre spécifique de ces communes.
Une gestion difficile
Le souci immédiat des élus locaux est de deux types : le chauffage dans les écoles et l'alimentation en gaz butane. Pour ce qui concerne le premier, c'est un vrai casse-tête ; il faut dire : les autorités doivent débloquer une enveloppe de 60 millions environ pour assurer convenablement le chauffage des cent classes que comptent les écoles de la commune. Parce que celle-ci est pauvre et le budget insuffisant, la situation en matière de chauffage est quasi dramatique en ce début d'hiver. On comprend le soulagement des responsables locaux avec l'arrivée des vacances, mais ce sera, pour eux, reculer pour mieux sauter. Avec le froid qui va s'accentuer, il leur faudra trouver l'argent nécessaire à l'achat du fuel ou se résoudre à fermer les écoles. Au sujet du gaz butane, qui tarabuste un peu les élus, ça ira tant que le beau temps durera et que la RN33 demeurera ouverte au trafic. Mais que survienne la neige en quantité exceptionnelle, comme l'année passée, et c'est le drame : la RN33 bloquée pour quelques jours et Haïzer sera isolée du reste du monde. Ce qui veut dire, en clair et en priorité : la nécessité d'alimenter en gaz butane non seulement la population du chef-lieu de commune, mais également celles des villages qui en dépendent. Ces villages, à l'image d'Aguercif, ne sont pas tous desservis par des routes, ce qui accroîtra les difficultés d'approvisionnement en ce combustible naturel. Pour les groupes d'habitants avec lesquels nous avons abordés ce sujet, la hantise d'un hiver aussi rigoureux que celui de l'année dernière étreint tous les cœurs. Ce souci majeur fait faire aux autorités, depuis des années, des démarches pour obtenir que le chef-lieu de commune soit alimenté en gaz naturel. Le paramètre situationnel de la localité, qui fait presque de cette dernière une banlieue de Bouira, n'a pas prévalu et les démarches administratives continuent dans ce sens. Mais à long terme, la commune fait face à une situation qui hypothèque son développement : l'absence d'un portefeuille foncier. Parce que tous les terrains sont privés, les projets structurants se heurtent au problème d'assiettes. Ainsi, et alors que la demande exprimée dans ce sens est estimée à 1500 dossiers déposés, les réalisations dans le domaine du logement social tournent autour de 210 unités livrées, alors que 30 sont en voie d'achèvement. La formule phare de ce programme social dit LSP n'a pas plus fonctionné : les 70 projets attendent toujours d'être lancés faute d'assiettes. En revanche, l'aide à l'habitat rural concrétisée à hauteur de 50 millions a profité à 300 postulants contre 200 dossiers en instance d'étude. Le problème de terrain a également amené les élus locaux à enterrer, du moins provisoirement, le projet des 100 locaux commerciaux à réaliser dans chaque commune dans le cadre de la politique de résorption du chômage. A ce propos, la commune a recensé 500 familles nécessiteuses, alors que pour tout dispositif social, elle n'a pu offrir que 40 postes d'emploi de jeunes et 120 de type filet social. Au plan sanitaire, la situation se présente plutôt mal que bien : plus de 1000 malades chroniques, affirment certains responsables rencontrés au siège de l'APC de Haïzer, 100 handicapés. La revendication de ces responsables est que l'on programme au moins une fois dans la semaine la visite d'un spécialiste à la polyclinique, que l'on dote la commune d'une ambulance et le village Slim, à 8 km à l'est de Haïzer, d'une salle de soins. Celle existante est toujours occupée par un détachement de la garde communale, qui veille sur la sécurité de cette localité de 2000 habitants et des environs. Avec un minibus, un camion aménagé et un fourgon de 18 places et ceux du privé, appelés en l'occurrence à la rescousse, le transport scolaire ne semble pas poser problème, selon nos interlocuteurs, pour desservir les localités de Aïn Allouane, Takbouchete, Slim, Guentoure, Tekssane, Aghercif et Ighil n'Sekssou. L'AEP, dont nos responsables incriminent la vétusté du réseau à Haïzer, le VRD, l'éclairage public, comme pour Takbouchete, village de 300 habitants, le revêtement des rues sont autant de préoccupations pour ces mêmes responsables.
Contexte social explosif
Evoluant dans un contexte social aussi sombre, où le présent et le futur semblent hypothéqués à jamais, la population de cette commune va trouver dans le mouvement revendicatif, qui a pris naissance en avril 2001, un exutoire à sa colère et ses revendications propres. Cette colère nourrie par des sentiments d'injustice de plus en plus forts va porter cette population au cœur de la contestation, brûlant, cassant, balayant tout sur son passage comme un véritable ouragan. Les premières victimes de cette ire populaire sans précédent vont être enregistrées parmi les édifices publics. C'est le siège de l'APC, c'est le parc communal qui vont partir en fumée, comme ces pneus qui dressent leurs colonnes de fumée noire dans le ciel de ce printemps 2001 sur la RN33 et les artères principales de la ville. Pacifiée à grand-peine, la population gardera de ces années un goût prononcé de la contestation au service de la citoyenneté. Elle trouvera dans le conflit qui opposait la localité d'Aguercif à Ighil n'Sekssou, à propos de la conduite d'AEP, une occasion pour donner libre cours à sa colère. Le 8 mars 2004, le siège de l'APC part en flammes. Le conflit est réglé, mais le mécontentement de la population est palpable à travers les rues, comme une promenade dans la ville a pu nous convaincre. Avec le premier groupe de jeunes composé d'étudiants et d'apprentis en formation, le ton devient vite accusateur et véhément. Cela faisait dix ans et plus que l'eau ne coule plus dans les robinets de beaucoup de maisons alors que la piscine semi-olympique, à côté du CEM Aïgoune, est largement alimentée. Les responsables sont montrés du doigt. Ils ont, par leur inertie ou leur parti pris, favorisé le marasme culturel, économique et social. Ils ont des forages, font profiter les membres de leurs familles ou ceux de leurs connaissances des dispositifs sociaux (filet social, emploi de jeunes). Seule la responsabilité les intéresse. D'où la recrudescence des vols et la délinquance. Le groupe s'étonne du dépôt de boissons alcoolisées ouvert récemment devant le CEM Aïgoune. L'autre groupe, formé notamment d'adultes, est plus incisif encore. Montrant l'état d'une rue sale, où se déverse un égout, l'un d'eux s'écrie : « Regardez dans quel état sont nos rues. Et que fait-on ? Rien. » Akli et Djamel abordent le problème des coupures d'électricité fréquentes qui se signalent le soir et qui durent parfois une partie de la nuit. Parlant de Takbouchete, Djamel affirme qu'à l'école Agache Amar, il n'y a pas de poêles dans les classes et les vitres (« J'en ai compté 38 », affirme notre interlocuteur) sont brisées. « Les élèves sont renvoyés quand il fait trop froid », assure le même interlocuteur, qui ajoute que l'école n'a pas de clôture et que les rues à Takbouchete ne sont pas goudronnées. Selon Omar, un citoyen d'Aghercif, à 4 km environ de Haïzer, pas de route, pas de transport scolaire, pas d'éclairage public, pas de système d'éclairage du tout dans cette localité. « Les élèves vont à l'école à pied », affirme-t-il. A propos du CEM Aïgoune, qui accueille en 9e année des élèves venus de Bouira, de Aïn El Hadjar, d'El Hachimia, des élèves exclus nés en 1986, 87 et 88 (alors que « le mien né en 1988 est exclu avec un 9,70 », déclare Omar), l'indignation est totale au sein du groupe. Le même groupe, qui voit l'hiver s'installer, manifeste sa crainte de voir se reproduire la même situation que l'année dernière, caractérisée par l'isolement total de la localité « pendant deux semaines », la pénurie de gaz et surtout l'absence de prise en charge des femmes qui ne pouvant être évacuées vers les structures sanitaires appropriées accouchent dans des conditions telles que les bébés meurent de froid. Un habitant de Slim ne comprend pas que le projet d'un CEM dans ce village important est en train de faire l'objet d'une délocalisation au profit d'un autre moins important, Idjarène, « qui ne compte même pas une école primaire » et situé de surcroît dans un endroit isolé. Ce dernier ne comprend pas non plus que son village, qui a donné 30 de ses enfants à la Révolution, alors qu'il ne comptait que 300 habitants, ne puisse recevoir la visite d'officiels pour honorer la mémoire de ces martyrs au cimetière qui leur est consacré dans ce village.


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