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Le découpage administratif, cette chimère du 3e millénaire
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Publié dans El Watan le 06 - 07 - 2011

Telle a été la sentence, ex cathedra, d'un responsable du sommet de l'Etat dans une récente conférence de presse.
«On risquait de se retrouver avec 106 wilayas !» Et pourquoi pas ? Ce qui donnerait, dans l'absolue arithmétique, une wilaya pour 360 000 habitants et qui serait l'idéal rêvé pour gérer un territoire cinq fois aussi vaste que le plus vaste des pays européens. N'a-t-on pas affirmé et réaffirmé la volonté de rapprocher le citoyen de son administration ? La seule et unique voie logique à emprunter serait de s'implanter dans sa proximité immédiate et non l'inverse. Ce même responsable évoquait lui-même la perspective de créer, dans un premier temps, des circonscriptions administratives à l'effet de donner aux «heureuses élues» toutes les chances de réussite. Il y eut même des choix de terrains pour les futures structures projetées.
Pendant qu'on nourrissait l'espoir par des hypothèses de changement de statuts administratifs pour des régions qui ont fait les frais des découpages de 1974 et 1984, voilà qu'on efface tout et qu'on recommence. Là, il n'y a qu'un pas vers la dérive. Ce ne seront pas les marginaux sociaux ou les jeunes chômeurs qui feront du boucan, mais tout le monde. Et ce ne sera pas le malvivre qui en sera la cause, mais le déni et l'injustice qui seront la flammèche du désordre. Un des principaux motifs de cette «volte-face» serait la sous-administration du pays.
Ce motif, qui ne tient pas la route, est en totale contradiction avec les énoncés politiques qu'avance à chaque fois le gouvernement devant le Parlement pour rendre compte de son activité. Le nombre d'universitaires formés par la foultitude d'universités, de centres universitaires, de grandes écoles et d'instituts supérieurs contreviendrait à cette assertion. Il est tout aussi vrai que si les nouvelles promotions battent le pavé, les écoles de maîtrise verront leurs produits immédiatement phagocytés par l'environnement socio-économique du pays.
Où sont donc passés ces hauts lieux de la formation administrative qu'étaient les CFA, et où beaucoup de hauts cadres le l'Etat s'y firent les dents ? Y a-t-il eu vraiment une prospective en matière de gestion de ressources humaine ? L'honnêteté commande de dire : que non ! Si les wilayas d'alors pouvaient plus ou moins envisager des formations pour leur propre compte, justement au niveau de ces centre de formation, elles n'en ont plus la possibilité depuis fort longtemps. Elles dépendront du produit de la formation supérieure qui, comme tout le monde le sait, n'est pas faite à la carte encore moins adaptée au profil sociologique local. Il nous vient à l'esprit cette anecdote qui date déjà d'une vingtaine d'années, et dont l'acteur en était un cadre administratif de l'administration sanitaire qui officiait à Timimoun et dont la nouvelle affectation le «condamnait» à un transfert à Théniet El Had. Il refusait crânement de rejoindre son nouveau poste où il appréhendait ses hivers neigeux.
Une phobie peut-être, mais c'était un motif suffisant pour ruer dans les brancards, et à juste raison d'ailleurs. L'adaptation au poste de travail est l'une des conditions dont on doit tenir compte. En supprimant cette formation, on croyait candidement que le produit universitaire aller combler le vide créé par ce siphonage technique.
L'approche d'améliorer la qualité par l'élévation du niveau de recrutement n'est pas l'apanage de la seule administration des collectivités locales, on la retrouve dans tous les secteurs de l'administration. La construction forcenée d'un système de santé publique autour du seul médecin a généré une sorte de disqualification professionnelle des autres corps et le réinvestissement de l'hôpital par des pathologies anciennement prises en charge par le dispensaire. Il est admis, aujourd'hui, que la démographie médicale dépasse de loin la démographie paramédicale qualifiée (anesthésistes, puéricultrices, préparateurs en pharmacie, prothésistes dentaires). On retrouve les mêmes scories dans le monde de l'ingénierie et l'art de bâtir ; il y a plus d'ingénieurs que de dessinateurs-projeteurs. Le monde judiciaire n'est pas exempt de la règle, le nombre de greffiers est moindre que celui des magistrats. Il n'est pas encore admis, dans l'inconscient des gens, qu'une équipe ne peut se constituer sans tous les éléments qui doivent la composer. Et comme le dit si bien l'adage : «Une hirondelle, n'a jamais fait de printemps». Par manque de personnel de maîtrise ou profusion de cadres, ces derniers sont chargés de tâches
subalternes : protocole, bureau d'ordre, bureau des inventaires, parc automobile, etc.
Les fonctions d'attachés d'administration, jadis confiées aux candidats justifiant d'un cursus scolaire d'une ou deux années de lycée, ayant suivi une formation dans un CFA, ne le sont plus maintenant. Il faut, pour ce faire, détenir une licence de l'enseignement supérieur et l'inscription à un concours de recrutement.
Quel serait alors l'état d'esprit de ce fonctionnaire mis en subordination de son collègue issu de l'Ecole nationale d'administration (ENA). S'il y a sous-administration, ce n'est certainement pas le fait du nombre, mais de la qualité dont on oublie souvent la stricte nécessité. Il faut reconnaître aussi que la ressource humaine est encore éludée dans la plupart des structures étatiques.
Confiés à d'archaïques bureaux des personnels, les effectifs, de plus en plus nombreux, déambulent dans les coursives, donnant une désagréable sensation de désœuvrement. Les chefs de ces bureaux se sont, au fil du temps, érigés en véritables potentats auxquels il faut prêter allégeance. La délégation de signature peut même les rendre des «intouchables» et dont la prééminence bureaucratique escamote celle de beaucoup de cadres supérieurs de l'administration locale ou même centrale. Voilà ce qui peut être dit du sous-encadrement administratif. Le véritable problème est, sans nul doute, cette navigation à vue et dont tous les secteurs d'activité en supportent les contrecoups. Au lieu de se revisiter et se remettre constamment en cause, on pérore sur nos capacités d'analyse qui sont souvent erronées.
A l'heure où nous écrivions ces lignes, l'équipe nationale du sieur Raouraoua recevait une déculottée historique d'une équipe qui n'a jamais eu la prétention de faire partie du gotha mondial du football. Le crédit déjà entamé du pays ne doit plus souffrir d'atermoiements, il est impératif d'y mettre un terme salvateur. Comprendra-t-on enfin que ce n'est surtout pas une affaire de moyens matériels, mais de volonté. En définitive, «les pouvoirs publics veulent éviter de créer une circonscription dont on sait qu'elle fonctionnera mal et aura pour effet de dégarnir du personnel de celles qui existent déjà».
Est-ce le résultat d'un audit d'évaluation ou un simple sentiment ? Si c'est cette dernière option qui a présidé à la décision de surseoir au découpage administratif, il y aura tout lieu de croire que le tâtonnement n'a pas encore fini de sévir. Car, les quelques régions postulantes se comptent sur le bout des doigts d'une seule main. Leur argumentaire, ressassé maintes fois, tient en quelques lignes. Ce sont généralement d'anciens sièges d'arrondissements de l'époque coloniale et dont on ne peut pas dire qu'elles sont dans le dénuement administratif.
Leur savoir-faire administratif a servi et pendant longtemps leurs nouvelles wilayas de rattachement au moment de leur création. «Le jour viendra où nous aurons un surplus d'encadrements, et là nous relancerons la question». Amen ! Sous d'autres cieux, auxquels on fait souvent référence, le citoyen est cette entité humaine qu'on se garde de leurrer, parce que tout responsable, et quelle que soit son autorité, est d'abord citoyen. Donc, il se doit du respect.
On ne leurre pas l'administré par des vœux pieux, mais on affiche clairement sa volonté d'apporter des solutions au problème par un échéancier comportant la date, le jour et l'heure. Faire dans le vague ne fait d'exacerber les tensions déjà insupportables, aussi bien pour le citoyen que pour les pouvoirs publics qui ne peuvent plus se dérober devant les attentes citoyennes, constamment entretenues par la magie des télécommunications et de l'Internet.
Les réseaux sociaux ont supplanté les faiseurs de révolutions en moins de temps qui leur a fallu pour se trouver une devise. «Au début, nous avions décidé de créer au plus six nouvelles wilayas dans des régions enclavées, mais avec le temps, nous nous étions rendu compte que chaque citoyen, élu, député ou responsable voulait sa wilaya et on risquait de se retrouver avec 106 wilayas».
Si chaque citoyen, élu, député ou responsable a exprimé ce vœu, c'est qu'il est partagé par toutes les franges de la population, et c'est déjà le consensus général. Heureux, enfin, que l'on se mette d'accord sur une démarche publique d'intérêt général. Où serait donc la pierre d'achoppement ? Probablement dans le seul fait du prince. «D'autres paramètres d'ordre politique et social avaient contribué à bloquer l'opération». Pourquoi a-t-on attendu tout ce temps pour faire une déclaration aussi réductrice ? Est-ce à dire que le premier effet d'annonce n'était adossé à aucun paramétrage préalable ?
Ou bien c'était tout simplement la fièvre préélectorale qui a fait dire des choses dont on se déjuge aujourd'hui. Le grief n'aurait pas été retenu pour la partie qui n'aurait pas remporté le suffrage, ce qui n'est, malheureusement, pas le cas. Faisons comme si et voyons de près ce binôme de paramètres qui a fait que l'on bloque l'opération. Si le premier relève exclusivement du politique, le second serait beaucoup plus socio-économique que social exclusivement.
Le citoyen, plus que tout autre, est le seul confronté à cette machine administrative qui lui fait débourser des sommes d'argent qu'il puise dans ses réserves vitales pour se faire délivrer un document, qui ne peut l'être qu'en échange d'un déplacement éprouvant et parfois humiliant. Tout citoyen a compris depuis longtemps qu'il ne pourra avoir accès aux meilleurs soins, à la meilleure éducation pour ses enfants, au transport, aux loisirs, au logement que s'il résidait au chef-lieu de wilaya. La preuve matérielle en est l'université, le parc omnisport, la piscine olympique, la maison de la culture, l'aéroport, la gare ferroviaire quand ils existent, le théâtre, l'hippodrome, le musée, le cinéma et une multitude de petits conforts que l'on ne peut trouver qu'au chef-lieu de wilaya. Il n'a jamais été ou peu tenu compte, dans les perspectives de développement de la densité de la population, à couvrir mais du seul statut administratif de la localité.
Les exemples d'agglomérations, dont la population dépasse de loin celle du chef-lieu de wilaya ou de daïra, foisonnent, et le dépit de celles-ci est aussi dense que leur population.
On suggère enfin qu'on légifère pour trouver un statut spécifique aux grosses agglomérations «congestionnées», tel a été le terme utilisé.
Alger ne disposait-elle pas d'un statut particulier pour qu'aujourd'hui on vienne le redécouvrir ? Faut-il des lois pour gérer les équilibres macro et microéconomiques dans une même région ? L'indice démographique n'est-il pas, à lui seul, un paramètre d'évaluation des besoins exprimés et des besoins ressentis ?
Ce paramétrage ne participe-t-il pas en même temps à la bonne gouvernance et à l'équité sociale et économique. Le développement local a été, de tout temps, cet unijambiste dont l'équilibre précaire l'a rendu instable à chaque soubresaut. La wilaya, cet avant-poste de la représentation et de l'efficience de l'Etat, ne doit plus être tenue comme socle de la seule autorité régalienne, mais comme un véritable pôle d'excellence, regroupant les meilleures compétences de son environnement immédiat.
Elle doit puiser dans ses propres ressources universitaires, littéraires et culturelles. On peut y recourir à temps partiel sous forme d'audit, d'expertise ou autres. Il est temps que les socio-anthropologues, les psychologues et autres spécialités en sciences humaines investissent la citadelle, elle ne s'en portera que mieux.


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