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Quand les terroristes rackettent les fellahs
Exploitations agricoles de Boumerdès
Publié dans El Watan le 21 - 08 - 2011

L'islamisme armé fait encore parler de lui à ce jour en Algérie. Les attentats perpétrés ces dernières semaines dans les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira ont suscité moult interrogations quant à l'éradication définitive de ce fléau qui a mis le pays à feu et à sang durant la décennie noire. La peur et la crainte de lendemains incertains hantent de nouveau les esprits.
Les groupes armés, sévissant sous la bannière de l'ex-GSPC, ne semblent pas près à renoncer à leur logique criminelle, notamment dans les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira. Les populations de cette région vivent toujours sous la hantise de la violence terroriste. Les sbires de Droukdel s'en prennent à tout. Même aux agriculteurs, auxquels ils exigent le payement de «la dîme» afin de perpétuer leur sale besogne. Il y a quelques jours, une trentaine de paysans des localités de l'est de la wilaya de Boumerdès se sont plaints des pressions exercées contre eux par les groupes armés.
Ces derniers leur exigeaient le versement d'une partie des bénéfices engrangés après la vente de leurs récoltes sous peine d'être exécutés ou de voir leurs champs dévastés. Le fait n'est pas nouveau dans la région.
Le racket et l'extorsion de fonds des notabilités de la région n'est un secret pour personne. Aujourd'hui, l'opinion locale et nationale ne peut que s'interroger sur le sort de cet argent et les véritables sources de financement des groupes terroristes armés. Les dénonciations, dont ont fait part récemment certains paysans des localités à vocation agricole, ne sont qu'une infime partie de l'iceberg. Enfin, qui finance l'organisation terroriste et qui tire profit de la manne obtenue grâce aux actes de kidnappings perpétrés dans la région durant ces cinq dernières années ? Qu'en pensent les agriculteurs et quelles sont les difficultés auxquelles ils sont confrontés lors de l'exercice de leur activité ?
Pour répondre à ces questions, nous avons choisi d'effectuer un long périple à travers les localités abritant les terres les mieux cultivées et les plus fertiles de la wilaya. La première halte fût la plaine des Issers. Coincée entre deux oueds, cette contrée qui tire son nom du mot berbère Ighezer, semble à première vue désertée par les siens en cette matinée du premier week-end du mois de Ramadhan.
Ce qui attire l'attention du premier visiteur est le massacre que subissent les vastes surfaces du sud et de l'entrée ouest de la ville, à cause de l'avancée effrénée du béton. Les petites fermes coloniales se sont transformées en petits bidonvilles, érigés ça et là sans aucune norme et dans l'indifférence totale des autorités.
Les terres qui, jadis, nourrissaient même les Européens ne sont que de vastes champs abandonnés. «L'agriculture sans agriculteurs ! Les vrais paysans n'ont même pas de quoi acheter de l'engrais ou des semences pour cultiver leurs parcelles. Allez voir la ferme Ghanem, elle est squattée et occupée par des gens avides de terrain. L'Etat parle des milliards de centimes qui seraient destinés pour le développement de l'agriculture, mais on a rien vu venir. On connaît tous notre administration, elle ne donne que pour ceux qui en ont déjà», lance un quinquagénaire rencontré non loin de la coopérative apicole, au sud de la ville.
Le labour à l'orée des maquis
Poursuivant son constat, notre vis-à-vis soutient que même la situation sécuritaire y est pour quelque chose. «Les fellahs sont livrés à eux-mêmes. Les ''terros'' attendent jusqu'au moment de la récolte et viennent leur exiger leur part du gain. Pour le moment, tout le monde, y compris les autorités, sait qu'il y a ceux qui les financent mais contre leur propre gré et de peur de subir le pire.
Moi, je crois que c'est à l'Etat de les protéger et de pourchasser les terroristes», pense notre paysan, le visage labouré par les rides. Le sujet est un vrai tabou dans la région. Même les premiers concernés par cet épineux problème font semblant de tout ignorer. «On est une proie facile pour les terroristes. C'est notre vie qui est en jeu. Car la majorité travaille à l'orée des forêts. Parfois, ils passent même au milieu de nos champs. Mais on ne sait même pas si ce sont des militaires ou des terroristes déguisés», lance un fellah de Tamlakmenth.
«Il y a une année, un citoyen qui ramassait du bois aux alentours de Oued Issers m'a confié être tombé nez à nez avec des hommes armés. Ils lui ont conseillé de ne plus revenir sur les lieux sous peine d'être égorgé», ajoute-t-il. Nous quittâmes Issers en prenant la direction de Naciria, une autre localité à vocation agricole, située au pied des monts de Sidi Ali Bounab, de sinistre réputation. À première vue, rien ne montre qu'on est dans un chef-lieu de daïra. Le centre-ville offre un décor hideux. La menace terroriste semble toujours de mise. Le rond point qui jouxte le commissariat ciblé par un attentat kamikaze en 2008, est barricadé.
La région est connue pour la production de raisin de table et de melon. Les automobilistes qui ont l'habitude d'emprunter la RN12 auront certainement remarqué les jeunes désœuvrés ayant érigé des baraques de fortune de part et d'autre de la rue pour faire face au chômage qui y fait des ravages. Des parcelles appartenant aux exploitations agricoles communes (EAC) sont inexploitées en raison du manque d'eau.
Le barrage réalisé au village agricole de Boumeraou n'a pas été d'un grand secours pour les fellahs. Le réseau d'irrigation est défaillant.
Il présente des centaines de fuites qui attendent d'être réparées depuis plusieurs années. «Pour le moment, il n'y a que les terres des alentours qui sont irriguées et avec nos propres moyens. Car le réseau n'a été réalisé que dans la partie aval, du côté de Chender», note un agriculteur qui se plaint des lenteurs enregistrées dans l'octroi des aides annoncées par la tutelle dans le cadre du FNRDA. «L'Etat fait des lois qu'on n'a jamais appliquées sur le terrain. J'ai formulé une demande pour l'achat d'un économiseur d'eau et une pompe depuis plus d'une année. Mais on m'a signifié que c'est moi qui devais l'acheter, après on me rembourse», ajoute-t-il avec amertume.
Les paysans évoquent tout, sauf les rançons et les terroristes. Certains soulignent que ce sont les propriétaires des parcelles reculées qui sont menacés. Ils rappellent le cas d'un fellah qui a été tué, au début des années 2000, suite à l'explosion d'une bombe artisanale placée au milieu de son champ de vigne, qui a été déraciné quelques semaines auparavant par les éléments de l'ex-GSPC. Mais il n'y a pas que lui qui a subi les affres du terrorisme. D'autres, natifs des localités de Cap Djinet, Legata et Sidi Daoud en ont également payé les frais pour la simple raison qu'ils avaient refusé de céder au chantage des terroristes. A Cap Djinet, quatre champs de vigne ont été pillés durant ces cinq derniers mois dans le seul village de Ben Ouali.
Les vergers sont détruits en une nuit. Leurs propriétaires ont été ruinés. Le même crime s'est produit également dans la commune de Legata, où l'on fait état d'un agriculteur qui a retrouvé la moitié de son verger déraciné, une semaine après avoir refusé de plier devant les exigences des membres de la phalange terroriste locale.
Les fellahs «très attachés» à leurs terres
Après Naciria, nous retrouvons Baghlia, une région connue comme étant le fief des acolytes de Droukdel et la terre nourricière de la wilaya. Avant d'atteindre la ville, il a fallu passer par deux barrages fixes dont le premier est installé avant le pont de l'oued Sebaou. Il est 14h, les habitants vaquent le plus normalement du monde à leurs occupations.
Baghlia est célèbre aussi pour son raisin de table, l'un des meilleurs à l'échelle nationale –notre visite intervient en pleine récolte – mais aussi et surtout pour ses vergers de pommes qui longent l'oued Sebaou. Aujourd'hui, les fellahs de la région sont très fiers de cette réputation.
Mais ils vivent souvent la peur au ventre. La menace terroriste plane toujours sur leur tête.
La plupart d'entre eux se sentent oubliés par l'Etat, mais cela ne les a pas poussés pour autant à renoncer au travail de la terre. «L'agriculture coule dans notre sang. Abandonner mes terres serait pour moi un sacrilège et une véritable trahison», tempête le fellah, spécialisé dans les cultures maraîchères, qui se plaint de la spéculation et des difficultés auxquelles les paysans font face pour écouler leurs produits en raison du diktat des gros mandataires et du monopole exercé sur le stockage.
Notre interlocuteur dénonce également le laxisme des autorités quant à la lutte contre le pillage du sable au niveau de l'oued Sebaou et la réalisation de forages leur permettant d'irriguer leurs vergers.
A toutes ces difficultés s'ajoutent la pression exercée sur les fellahs et les investisseurs de la région, de la part des éléments de la sériate terroriste locale, dirigée par un certain Slimani, qui a rejoint les maquis en 1994. Cette sériate serait en effet à l'origine de nombreux rapts perpétrés contre les agriculteurs de la région. Le dernier en date remonte au mois de mai 2010.
La victime du rapt a été libérée après plus de 20 jours de séquestration et après une large mobilisation des citoyens de la localité. Cette mobilisation a été enclenchée grâce au P/APC, assassiné deux mois après par la horde intégriste. De l'autre côté de l'oued Sebaou, l'on retrouve la localité de Sidi Daoud (ex-Abbo).
Une commune dont la majorité du territoire est parsemé de raisin, notamment sa variété «sabel». Les habitants de cette région, qui englobe également les communes de Benchoud, Dellys, Taouarga et Afir, ont payé un lourd tribut durant la décennie noire. Les groupes armés qui y sèment encore la terreur se réfugient dans les fameux maquis de Ghezeroual et Sahel Boubarak.


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