Quelque 47 000 nécessiteux sont concernés par le couffin du Ramadhan et les opérations de solidarité durant ce mois de jeûne à Sidi Bel Abbès, selon la Direction de l'action sociale (DAS). Le dispositif de solidarité comprend également la distribution de repas chauds au niveau de huit restaurants dits de la «rahma». Au total, l'opération de solidarité coûtera la somme de 70 millions de dinars, cette année à Sidi Bel Abbès contre 53 millions en 2010. Comptant près de 700 000 habitants, dont presque la moitié se concentre au chef-lieu de la wilaya, Sidi Bel Abbès a vu le nombre de démunis s'accroître ces dernières années. Parmi eux, figurent, en première ligne, des chefs de famille sans emploi bénéficiant de l'Indemnité d'activité d'intérêt général (IAIG), des handicapés et des personnes âgées. L'année passée, on rea censé à la même période moins de 30 000 nécessiteux à travers les 52 communes de la wilaya. Cette évolution significative est particulièrement révélatrice de la misère sociale qui frappe des pans entiers de la société. Pour la seule ville de Sidi Bel Abbès, le nombre de démunis a presque quadruplé en l'espace d'une année, passant de 650 en 2010 à 2 400 en ce Ramadhan 2011, selon des élus locaux. Si pour les petites et moyennes bourses, gérer son budget est un vrai problème durant ce mois sacré, pour les personnes sans ressources, c'est carrément la galère. Pour s'en rendre compte, il suffit d'une petite virée dans les marchés de la ville. Que ce soit au marché des fruits et légumes d'El Graba, celui du centre-ville ou à Souk Ellil, les plus pauvres se débrouillent comme ils peuvent pour subvenir aux besoins vitaux de la famille. Ils passent le plus clair de leur journée à récupérer des légumes que personne ne veut acheter. Parmi eux, beaucoup n'ont pas eu le «privilège» de figurer sur les listes des bénéficiaires des colis alimentaires distribués par la commune. D'autres vont plus loin, n'éprouvant plus aucune gêne à fouiller les sacs à ordures, abandonnés ici et là, sous le regard indifférent des passants. «En fin de journée, des contingents de démunis s'échinent à fouiller dans les poubelles pour trouver de quoi préparer le repas de rupture du jeûne», confie Djillali, un habitué du marché d'El Graba. Selon lui, la récupération de denrées altérées ou en voie de péremption est l' ultime moyen pour certains citoyens écrasés par la misère pour assurer leur pitance journalière. La mendicité s'érige en métier Au milieu de ces laissés-pour-compte, des dizaines de mendiants, venus de villes voisines, parfois de wilayas lointaines, marquent leur présence aux quatre coins de la ville. Au carrefour des Quatre horloges, près des boulangeries, mosquées, banques et agences postales, leur nombre s'accroît sensiblement en ce mois sacré, synonyme de charité et de compassion. Cette autre catégorie de démunis, ou prétendue comme tels, constituée en majorité de femmes, souvent très jeunes, se «déploie» dans les principales artères du chef-lieu de la wilaya juste après la rupture du jeûne. Adossées au mur ou assises à même le sol, elles se lancent dans une longue litanie à faire fondre les cœurs. Encouragées par la générosité des jeûneurs durant le mois de Ramadhan, certaines n'hésitent pas à utiliser enfants en bas âge pour apitoyer les passants. «Elles font de la mendicité un métier lucratif, contrairement à ceux qui sont vraiment dans le besoin et qui n'ont d'autre alternative que de tendre la main pour ne pas crever de faim», fait remarquer Merouane, la trentaine, serveur dans une crémerie qui, selon lui, il existe deux catégories de mendiants : les occasionnels et les professionnels. «Vrais ou faux, les mendiants reflètent parfaitement la misère sociale que révèle au grand jour le mois de carême», dit-il.