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Etre musulman à New York : Libertés et compromis…
Dix ans après les attentats du 11 septembre
Publié dans El Watan le 11 - 09 - 2011

Les musulmans, des citoyens new-yorkais comme les autres ? C'est tout du moins ce que s'efforcent de montrer tous les jours les quelque 800 000 fidèles recensés par les institutions cultuelles installées dans la ville. Car, au lendemain des attentats perpétrés par Al Qaîda contre le World Trade Center, la vie de millions de musulmans a basculé en même temps que celle d'une cité et d'une nation.
Ils crachaient sur les musulmans !» Assise derrière un étal, en face de l'entrée du Centre culturel islamique de New York, Meriem, Guinéenne d'origine, se méfie des «seculars», des laïques, ou plutôt des non-musulmans. Sous son voile et son djilbab noir, elle scrute, l'œil inquisiteur, les allées et venues. Sur la petite table en bois sont achalandés des articles allant de petits sachets de dattes à des chapelets, en passant par des bouteilles d'eau. «Nous sommes passés par des moments très difficiles. Tout le monde nous regardait avec suspicion et haine parfois. Juste après les attentats, des musulmans ont été agressés. Nous rasions les murs», se souvient la quadragénaire. Dire que la communauté musulmane a connu l'hostilité d'une population entière est peu dire.
Les témoignages sont édifiants et racontent tous le même malaise, et à quel point il ne faisait pas bon vivre d'être musulman dans le New York post-11 septembre : les femmes étaient obligées d'enlever leur hidjab ou de démissionner, chômage et licenciements. Afin d'éviter les persécutions, certains ont préféré changer leur nom en des noms à consonance chrétienne. «Il y a eu quelques lois adoptées par le Congrès, par exemple, qui étaient franchement hostiles à notre communauté», relate Meriem. «De nombreux fidèles ont été arrêtés, objets d'enquêtes et de poursuites, d'autres emprisonnés ou déportés à l'étranger», poursuit-elle. «Des boutiques et des lieux de culte appartenant à des musulmans ont été attaqués», se souvient Kadi, un Algérien de 29 ans.
Cela était devenu quasiment impossible pour un musulman de trouver un emploi ou de faire les études de son choix. «Certaines branches ont été interdites aux musulmans, surtout les musulmans arabes. Ce sont surtout les filières scientifiques, chimie ou autres», déplore Serigne, un Sénégalais de 21 ans.
Nouvelle image pour survivre
Mais plus grave. «Des citoyens, au nombre de cinq, ont même perdu la vie suite à des expéditions punitives ou des agressions dans la rue», affirme Omar S. Abou Namous, imam du Centre islamique culturel de New York. Cet établissement, l'un des rares lieux de culte de la ville ayant l'architecture extérieure d'une mosquée, est aussi l'une des plus importantes de Manhattan en termes d'affluence. Elle reçoit près de 2000 fidèles pour les prières du vendredi. Les jours de semaine, la fréquentation est moindre. «Pour les cinq prières, on y retrouve différentes personnes, des employés dans le quartier dans la journée et des riverains dans la nuit. Ils sont quelque 200 personnes pour chaque prière», explique, dans un sourire encadré d'une barbe grise soigneusement taillée, le religieux, un Palestinien. Djellaba et burnous immaculés, l'œil vif et le verbe loquace, l'imam a sur son bureau des ouvrages sur l'Islam, un livre traitant de Jésus et de la Vierge-Marie, ainsi qu'un document traitant de finances.
Il est la preuve vivante que les musulmans ont dû apprendre à «se vendre», obligés d'offrir une autre image d'eux-mêmes, afin de redorer un blason terni par quelques fanatiques et des années de laxisme. «Après les attentats et toute la violence qui en a découlé à l'égard de notre communauté, nous avons dû faire de gros efforts afin de faire comprendre à nos concitoyens que nous ne sommes pas dangereux et que nous ne sommes pas des terroristes», explique-t-il. Ce qui n'a pas été des plus aisés, tant les préjugés étaient ancrés et les plaies vivaces. «Cela a duré deux ou trois ans durant lesquels les musulmans ont dû faire attention. Puis, à force de communication et de preuves de bonne foi, la situation a commencé à s'améliorer pour nous», assure l'imam.
Plus difficile d'être musulmane que musulman ?
D'ailleurs, 10 ans après, l'hostilité est-elle toujours la même ? Les avis sont mitigés. Parfois même contradictoires. Si les uns affirment jouir de tous leurs droits et ne ressentir aucune inimitié, d'autres, comme Meriem, est outrée par la marginalisation dont ils peuvent être l'objet. «Les autres Américains sont persuadés qu'il est mauvais d'être musulman, et que nous avons peur de l'être. Des évangélistes viennent dans nos quartiers et tentent de nous convertir», s'énerve-t-elle, se radoucissant à l'approche d'un client. En bonne musulmane, elle lui «donne la paix», chose qu'elle ne fait qu'à ses coreligionnaires. Hamida, une Bengalie, qui vit de la charité des fidèles du centre, abonde dans ce sens. «Dans certains quartiers à forte fréquentation musulmane, la police est souvent présente. Parfois, les gens font encore l'amalgame entre Islam et Al Qaîda», déplore-t-elle. Parce qu'elles sont femmes et revêtent leur appartenance religieuse, elles sont plus exposées aux regards, qui est souvent lourd à porter et à supporter. Même dix ans après.
Liberté de culte respectée
Ressentir ce que ne partage pas Fatima, Gabonaise, installée aux Etats-Unis depuis une dizaine d'années. Elle travaille dans une mosquée du Midtown de Manhattan. L'entrée, une modeste porte verte coincée entre deux échoppes, est flanquée d'une pancarte où il est mentionné «Islamic Society». Au bout d'un long couloir, duquel parviennent les échos d'une voix d'homme prêchant en anglais, se trouve le «bureau» de Fatima. Des présentoirs sur lesquels sont exposés divers ouvrages religieux, des CD, ainsi que des qamis, divers modèles de coiffes et de hidjabs, des misbahas, ainsi que des biscuits et autres confiseries «hallal». Installée derrière le comptoir, la «sister» au voile pailleté suit attentivement le darss donné par le prédicateur. «Il est très facile d'être musulman ici. Les gens et la loi sont très respectueux de tout un chacun», estime la femme. «En dépit de tout, les Américains sont ouverts et tolérants. Ce qui n'est pas le cas d'autres pays, tels que la France», insiste Fatima.
Discrimination «partielle»
Car les Etats-Unis restent le pays de la liberté de culte par excellence. «Pour ce qui est de la chose publique et des officiels, il n'y a aucune discrimination de la part des autorités. Pour le reste, l'hostilité n'est plus ouverte comme ce fut le cas. L'agressivité n'est plus apparente, mais elle est déguisée, implicite. Dans le secteur privé par exemple», analyse l'imam Omar S. Abou Namous. Certaines compagnies et entreprises privées pratiquent parfois, selon lui, une discrimination «partielle».
Pour ce qui est de la sphère sociale et privée, dans les rues par exemple, les musulmans jouissent d'une pleine liberté. Les femmes sortent, travaillent ou font du shopping avec leurs foulards, cela sans anicroches. «Je vois même des hommes sortir avec leurs gandouras et autres qamis traditionnels. Ce que je ne fais pas. Je ne porte ma tenue que dans ce centre. Lorsque je sors, je revêts mon costume occidental», s'amuse-t-il. Pourquoi ? «Je ne vis pas à Manhattan, mais dans le New Jersey. J'utilise pour mes déplacements les transports publics. Et porter ce type de tenue dans les métros ou les bus veut dire que vous voulez attirer tous les regards», explique le Palestinien.
Tolérance contre «intégration et discrétion»
Est-ce donc à dire que les musulmans doivent se cacher et observer un profil bas ? Pas vraiment. Mais presque. Même s'ils qualifieraient cela d'être «discret». «Nous nous devons d'être patients et de ne pas répondre aux provocations», estiment Meriem et Hamida. «Les musulmans peuvent s'exprimer, se montrer, organiser des parades et autres événements culturels ou cultuels. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Ils construisent des mosquées ouvertement, ils achètent des églises qui n'ont plus de congrégations», énumère l'imam Abou Namous. Seulement, en contrepartie, ils doivent montrer qu'ils se sont «intégrés».
«Aujourd'hui, nous appartenons à cette nation, nous nous sentons citoyens à part entière. Ce pays est notre terre d'accueil et d'adoption, et nous voulons le construire au même titre que n'importe quel autre Américain. Ce qui est d'ailleurs parfaitement incompatible avec le fait d'avoir de la haine et de la malveillance.»
Il faut être Américain et «patriotique», enchaîne-t-il. Alors, si la «paix retrouvée» signifie une plus grande tolérance de la part d'une société traumatisée par le spectre terroriste, elle est surtout le fruit des efforts de communication accomplis de part et d'autre. Mais pas seulement. Car les musulmans new-yorkais ont dû et doivent toujours montrer patte blanche, de l'aveu même de l'imam, qui estime que «les musulmans ont changé». «Au cours de ces 10 ans, ils se sont modérés. Ils comprennent mieux la culture américaine et s'y sont adaptés», insiste-t-il, quitte à forcer les traits.
Les musulmans doivent, de ce fait, faire plus d'efforts et de concessions afin de démontrer qu'ils sont tolérants et ouverts à la société. Qu'ils ne constituent pas un danger en somme.
Aujourd'hui, ils sont d'ailleurs nombreux à rendre service aux USA et à la société. Et ils font leur possible pour que cela se sache.
«Il y a une association caritative, affiliée à notre centre, qui distribue de la nourriture aux démunis et aux sans-abri. Cette assistance est offerte aux musulmans et aux non-musulmans, sans distinction», argue l'imam. Vaincre les maux en propageant le bien et en prônant un Islam de paix et d'ouverture, ce qui semble séduire.
Une religion en expansion
Ainsi, paradoxalement à cette défiance envers la religion musulmane, tout le monde s'accorde à dire que durant ces dix années, les conversions ont battu des records. «Dans notre centre, nous enregistrons de 10 à 15 conversions par mois», affirme Omar S. Abou Namous, imam du Centre islamique culturel de New York. «Je pense que les attentats ont mis l'Islam sous les projecteurs, ce qui a permis à nombre d'Américains de découvrir cette religion qu'ils ont fini par adopter», juge, non sans fierté, Serigne, qui ajoute, à brûle-
pourpoint : «Même des artistes et des rappeurs se sont convertis !» Ce que confirme Abdelhak, 46 ans. Il est l'adjoint de l'imam d'une mosquée de Manhattan. Né juif, il s'est converti au christianisme. Puis, en 1997, il embrasse l'Islam, car il «a décidé de croire en tous les prophètes».
Il semblerait que ce sont les femmes qui soient le plus enclines à se convertir, «pratiquement tous les jours». «Après ces tragiques événements, il y a eu de nombreux curieux et, au final, beaucoup de chahada. C'est une religion en expansion», estime-t-il. «La société américaine sent que l'Islam se propage en Amérique, et que cette religion aura de l'influence et du poids», prédit Abou Namous.Lorsque l'on sait qu'ils sont près de 7 millions aux Etats-Unis. Ils étaient 5 millions en 2008…


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