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ASSIKEL, AVEC CEUX DU HOGGAR /
Grand sud Leçons de désert...
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2004

Assikel : pour raconter le voyage... celui des Imohaghs, Berbères du Sahara central : les Touareg. Assikel signifie voyage en tamahaq, la langue écrite et parlée par eux. Et c'est bien à cet assikel que nous sommes, ici, initiés pour plonger dans sa signification profonde : avec les vaisseaux du désert, c'est une longue méharée qui nous mènera « comme au temps jadis », avec les gens du désert pour vivre avec eux la plénitude de cet autre espace... Suivons, donc, notre chef de caravane !
Mélouy est toute jubilation quand nous lui apprenons les pluies tombées durant notre voyage : « El khir ! » (le bien), commentent d'une seule voix nos chefs de caravane. Avant de poursuivre à 16 h, toute notre équipée s'est parée de ses plus beaux habits. Portés lentement par nos méharas, voilà qui apparaît au loin taharine (les figuiers) sur l'oued Tazrouk, là où se dresse le premier campement de la fête de Tazrouk, installé par les Rouani. Aflane et moi gardons avec nous les chameaux de bât, tandis que toute l'équipée se lance au pas de course vers le campement, lorsque j'entends au loin des femmes battre la cadence sur le tindi qu'elles accompagnent de chants et de youyous raisonnant comme les plus beaux sons dans ce désert décidément multiple ! L'ilouguène (danse des chameaux autour du tindi et de ses femmes) effectué par mes compagnons de méharée est un long moment d'élégance et de solennité que contemple également une nuée de pèlerins venus de tous les horizons du Sahara, voire d'Alger. Même les touristes occidentaux n'ont pas manqué ce début de rendez-vous de la ziara. 4, 5 et 6 août : le village aux soixante jardins est toute fête. Des centaines de personnes sont réunies autour de la ziara, ponctuées de retrouvailles, de visites insolites pour les touristes français et allemands surtout, de tindi, d'ilouguène et de baroud çà et là dans le village, des courses de chameaux auxquelles participent mes compagnons, de repas partagés entre tous et de liesse. Vendredi 6 août tôt le matin : c'est le moment solennel. Celui où tous les hommes chiquement habillés de tenue traditionnelle vont se recueillir au mausolée du sage Moulay Abdallah. La fatiha, puis des versets du Coran récités à la mémoire de celui qui était aimé et respecté de tous. Tout le monde se congratule en se promettant de se retrouver toujours « inchallah ! » à cette ziara. Mais la fête, elle ne fait que reprendre partout dans le village et dans le campement de tentes offert par Mohamed aux pèlerins de la ziara. Tindi, ilouguène et alliouène et allouème (chants a cappella des femmes) animeront jusque tard la nuit la place du campement.
Désert mutant, désert de l'inattendu !
7 août : notre méharée reprend son chemin vers Tamanrasset pour une direction inverse, toujours sud, sud-ouest. La longue piste qui trace notre retour s'avère pleine d'autres secrets encore dont regorge mon école du désert. Un désert qui m'est vital, comme une seconde peau ! Un désert qui surprend sans cesse. Pour vous montrer, par exemple, qu'il est capable de pluies soudaines et torrentielles survenant après des orages qui grondent sans prévenir ! Un moment de surprise et de joie que nous vivrons aux figuiers centenaires taharine, le temps de notre halte de midi sur le chemin du retour. Et alors que nous poursuivons sur nos méharas, le sol n'est plus le même, gorgé d'eau ! En symbiose, ce désert mutant, nos montures s'adaptent aisément au sol devenu alors glissant par les boues qui se mélangent au sable ou au roc... Sur l'oued Améjou, nulle trace de notre feu de veille qui a fait notre thé. Les pluies ont tout effacé. Dame Nature fait bien son travail ! De lieu en lieu, je continue de me purifier aux grande étendues qui nous rouvrent leurs espaces plats ou montagneux par les multiples oueds que nous reprenons : les oueds ! Ils sont les chemins aisés de pénétration par les caravaniers, les aires où se concentre la flore et où s'assure la pérennité de l'espèce ; les pâturages de piémonts où les animaux trouvent leur vie. Ces oueds nous les reprenons après des pluies si espérées... Un moula-moula (traquet du Sahara central noir et blanc), « l'oiseau de bon augure ! », nous accompagne un moment dans notre avancée joyeuse. Nous annonçait-il la merveille de Tileline ? Lorsqu'à la fin du jour, nous la retrouvons, la dame est encore plus belle ! Les mares d'eau sont partout ! Le sol est encore plus vert ! Une petite colonie de cigognes fait une halte autour d'un petit lac qui s'est formé, pour se reposer de son long voyage de l'Europe vers l'Afrique.
Leçon de pluie...
Le désert n'est que plus passionnant encore quand il se gorge d'eau, donnant alors à contempler sa puissance écologique qu'il est capable de développer pour surprendre toujours ! Six jours de voyage, à notre retour, sont surtout l'image d'un désert franchement verdoyant, déployant davantage sa faune et sa flore comme pour démontrer qu'il n'est jamais aussi désert que ça ! Les pluies ont été abondantes dès notre arrivée à Tazrout. C'est à croire que la ziara qui a uni les personnes dans l'estime l'une de l'autre a donné sa baraka : les espoirs exprimés, sans cesse, par mes compagnons pour une bonne aguéna (qui désigne, rappelez-vous, à la fois nuage et pluie) n'ont pas été vains. Et les vœux que j'ai formulés à la vue de toutes les étoiles filantes dans nos hôtels de nuit ont-ils eu leur effet ? Le désert impose l'humilité, il est vrai ; mais j'ai envie que Dieu m'ait écoutée lorsque j'ai exprimé une prière pour que la pluie vienne réjouir ceux du désert... Les miens... Le silence de l'espace permet toutes les méditations, et celles-ci m'ont souvent dicté des pensées pour la pluie ! La pluie ! Elle est sous sa plus belle expression à Tilelline dont le taghézit (l'oued sec) s'est miraculeusement muté en angui (l'oued coulant) ! J'ai peine à reconnaître le lieu de notre précédente halte ! Notre « abri sous roche » est plongé presque dans l'eau. Les herbages, chlorophylles, ont déjà poussé en si peu de temps ! L'odeur de terre mouillée s'ajoute à celle du tataït pour titiller nos narines et celles de nos chameaux qui s'accordent, sans nous consulter, des arrêts pour humer les parfums soutenus de leur plante favorite qu'ils voudraient brouter. Les traces d'animaux effacées par les pluies abondantes ont vite fait de réapparaître. Celles des gazelles sont très nombreuses, et souvent nous le apercevons bondir dans leur grâce. Cela alors que d'autres espèces d'oiseaux migrateurs survolent notre méharée comme pour me rappeler, qu'ici dans le Hoggar, c'est déjà l'automne en ce début d'août.
Leçon d'oued... acte 2
Tadjerfest, qui signifie l'omoplate en tamahaq, est un autre accès vers Tanget que nous entreprenons sans monter nos chameaux, tant cette montagne est vertigineuse et superbe à la fois. De son long col, nous descendons sur une piste très encaissée qui nous réserve un panorama des plus prenants sur le génial Tanget. Tout en donnant un coup de main pour aider à la progression de nos chameaux de bât le long de l'oued qui dégringole, je m'accorde ici à Tadjerfest plusieurs moments de contemplation sur les paysages au loin, ainsi que sur les spécimens d'oliviers de Laperrine et de jujubiers agrippés aux rochers. Dans le Hoggar, les oueds qui recèlent la presque totalité de la flore sont toujours couverts d'une végétation luxuriante, même en cette période où la pluie commence seulement à s'annoncer. A Tanget, que nous retrouvons après une heure et demie de traversée de Tadjerfest, c'est à l'ombre du Tabarakat wan amayas, le Tamaris du guépard, que nous campons : c'est là, sur les solides branches horizontales du vieil arbre qu'un guépard trouve habituellement son repos ! Nous ne le rencontrerons pas bien sûr ! Et même s'il était là, il a sûrement filé en sentant nos odeurs arriver vers sa maison. Nous pardonnera-t-il alors de la lui avoir empruntée pour un après-midi ? Sur le lieu, ses griffures sur le tronc de l'arbre ne doivent pas dater de longtemps, aussi ses excréments qui comportent des poils de gazelle laissent penser à une présence toute récente du fauve : je me sens dans la peau d'une naturaliste et j'aimerais tant me consacrer à l'observation de cet animal si beau et si craintif !
Leçon d'histoire...
Dans mon école, le multiple désert m'arrête un moment sur une halte d'histoire alors qu'il venait juste de me surprendre dans sa démesure ! Alors que notre navigation se poursuivait sur la montagne Inaylalane, l'observation en direct, depuis mon chameau, d'une source d'eau qui a jailli, là, sous mes yeux, m'a laissée émerveillée par le spectacle que seul un privilégié peut observer. Le secret d'un jaillissement d'une source m'a été révélé par mon désert. Et que m'apprendra-t-il encore ? Le secret d'une bataille historique que seul un Saharien apprendra. Le mont Tanhart est atteint après celui d'Issiguen le long d'une piste très sinueuse. Mohamed guide son chameau vers une plateforme qui surplombe l'oued Tanhart, avant de m'inviter à le suivre : « Tu vois toutes ces tombes : c'est là qu'ont été enterrés plusieurs guerriers de Barka, fils d'Ahitaghel qui ont tenu tête aux guerriers ajjers lors de la grande bataille de Tanhart que je t'ai racontée l'autre soir. C'est ici exactement que la bataille a été livrée ; et c'est là-bas, en face, sur le col que tu vois, que les troupes ajjers ont surpris celles de Barka... » Dans la leçon d'histoire, Mohamed n'omet presque aucun détail des faits qu'il me narre in situ. La bataille de Tanhart comme si j'y étais ! Survenue en 1789, elle est, m'explique Mohamed, le seul combat qui ait eu lieu sur le sol du Hoggar entre les Kel-Ajjers et les Kel-Ahaggar : l'enjeu était pour le guerrier ajjers Amma Ag Akhanokhen de se venger de l'aménokal (chef suprême) du Hoggar, Ahitaghel, qui s'était introduit avec ses troupes dans le territoire des Ajjers pour sauver des femmes nobles « imenane » (descendantes de Kel-Ahaggar) de l'emprise du chef redoutable, aménokal des Kel-Ajjers, Ghoma, qui était lui de la tribu des Oraghen. En son absence, Ahtitaghel qui guerroyait au Mali contre les Oulmédène envoya son fils Barka affronter les Kel-Ajjers. Mais le nombre d'hommes étant inégal et en faveur des troupes ajjers, les guerriers de Barka moururent pour la plupart avec leur chef sur le champ de bataille à Tanhart. C'est une année plus tard qu'Ahitaghel est allé prendre sa revanche sur le territoire même des Kel-Ajjers et remporta ainsi la bataille en emportant avec lui le tribut de la guerre. Mon ressourcement va de richesse en richesse, et voilà que notre piste caravanière nous rapproche progressivement de Tamanrasset que nous atteindrons en longeant de nouveau les oueds Messmessi, Tinaftaouine et Tagleft. Notre halte de Tagleft se fait, elle, sur les traces du campement de Mohamed, revenu alors à ses souvenirs d'enfance dans la tribu noble du Hoggar qui est la sienne : les Kel-Ghella. Tagleft est le domaine de cette tribu, avec celle de Adjuh n'Téhlé. C'est ainsi que Mohamed me raconte ses liens très amicaux de jeune garçon avec son aîné Moussa. Mais aussi tous les apprentissages qu'il a faits auprès de Mouloud Ag Aberguali, grand frère de Moussa. 12 août : Hamayden nous a humblement salués pour aller rejoindre son campement, tandis que nous autres poursuivons sur l'oued Tagleft jusqu'à Izervène. Lorsque nous l'atteignons presque, les compagnons s'en vont au galop jusqu'au campement en huttes, nous laissant derrière eux, Moussa, Mohamed et moi avec les chameaux de bât... Signe de liesse : au village, j'entends youyous et tindi... C'est le retour au campement... Les femmes sont joyeuses... Repas de fête, thé et longs palabres sous la voûte céleste !...


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