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4 nouveaux partis... et après ?
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Publié dans El Watan le 11 - 11 - 2011

«Il y a dans cette décision un air de 1991… On se retrouve avec une sorte de casting ‘'idéal'' où tout le monde est représenté : un laïco-démocrate, un islamiste, un nationaliste, un capitaliste, note un ancien officier de l'armée.
Séduisant ? Oui, mais il n'y a que les étrangers pour se laisser berner.» En début de semaine, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a annoncé l'arrivée de quatre nouveaux partis dans le paysage politique. Dès l'adoption de la nouvelle loi sur les partis, l'Union pour la démocratie et la République (UDR) de Amara Benyounès, le Parti pour la liberté et la justice (PLJ) de Mohamed Saïd, le Front démocratique (FD) de Sid Ahmed Ghozali et Al Adala de Abdallah Djaballah devraient ainsi être les premiers à entrer en scène pour les législatives de mars 2012. Faut-il se réjouir d'une telle «ouverture» ? Non, répondent les anciens cadres de l'Etat, militaires, opposants, intellectuels – et même certains politiques concernés par le nouvel agrément ! – que nous avons contactés. Pour la majorité d'entre eux, cette décision s'apparente à une recomposition factice du champ politique visant à répondre aux pressions internationales exigeant que le pouvoir engage de réelles réformes pour donner des gages de respectabilité. Pourquoi ? Ils avancent cinq arguments.
Ces nouveaux leaders n'incarnent ni le changement ni l'ouverture. «On les connaît tous, ironise un ancien haut cadre de l'Etat. A Skikda, tout le monde vous parlera de Djaballah comme d'un ancien vendeur de beignets qui, dès qu'il quitte un parti, obtient un agrément pour un autre parti ! Benyounès est surtout connu pour s'appuyer sur les réseaux de l'argent, bref des réseaux mafieux. Mohamed Saïd est un honnête homme, mais il reste lié à l'histoire d'Ahmed Taleb Ibrahimi.» En résumé, le pouvoir a pioché parmi ceux qu'il connaît bien, des rentiers de la politique qui gravitent en son sein ou autour de lui comme des satellites, depuis des décennies. Karim Tabbou, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), est encore plus catégorique : «La nouvelle loi sur les partis politiques n'a rien d'une ouverture, c'est un tour de vis. Elle transforme les partis politiques en annexes des services de police, avec comme nouvelle tâche la mobilisation des foules, nous a-t-il déclaré. Dans le texte, tel qu'il a été voté lors du Conseil des ministres, le mot «ministère de l'Intérieur» est cité vingt-deux fois alors que les «partis» ne sont cités que onze fois.» Et sur cette question, le Parti des travailleurs est d'accord avec le FFS. «Le ministère de l'Intérieur, ou l'administration, peut s'immiscer dans nos affaires internes», dénonce aussi Djelloul Djoudi, porte-parole du parti.
Ces partis ont un problème de représentativité. «Ils ne représentent rien à part eux-mêmes, affirme un ancien décideur. Et le pouvoir le sait bien. C'est pourquoi on leur permet d'occuper la scène.» Une idée que partagent nombre d'observateurs de la vie politique. «Ils sont là pour satisfaire ceux qui les ont choisis, dans quelques salons de Club des Pins», «On les a sélectionnés pour occuper les journaux et bluffer les étrangers»… «Encore une fois, le pouvoir reconfigure la classe politique par le haut, ce n'est pas la population qui décide», relève Karim Tabbou. D'où la difficulté de déterminer la base de ces partis. Celle du FD ? «Quelques anciens nostalgiques de la Fonction publique et des anciens cadres de Sonatrach», plaisante un patron. La base de l'UDR ? «Des modernistes qui s'opposent à l'utilisation de la religion à des fins politiques», clame Amara Benyounès qui promet «d'être présent dans les 48 wilayas». Un slogan qui rappelle celui du RCD qui, lors des dernières législatives de 2007, avait réalisé… 3,36% des voix. «Nous ne sommes pas là pour chasser sur les terres du RCD ou du FFS, nous a-t-il répondu. Nous visons l'électorat algérien et celui de l'immigration.» La base du PLJ ? «Les déçus du MSP qui s'est fourvoyé avec le pouvoir. Une base conservatrice qu'il est difficile d'évaluer mais qui pourrait aussi voter pour Djaballah…», estime un proche. Abdallah Djaballah, que nous avions rencontré quelques semaines auparavant, refuse d'être catalogué «islamiste». «Une notion occidentale. Qu'est-ce que l'islamisme politique ?
Nous sommes une société musulmane évoluant dans le cadre de lois inspirées par l'islam ! L'islam est une vision globale de tous les aspects de la vie, religieuse et étatique, sinon Dieu ne l'aurait fait loi. Tous, selon nos compétences dans la société, sommes responsables de cette religion : le leader politique, l'imam, l'enseignant, l'universitaire, l'ouvrier, l'agriculteur, etc.» Un tiroir dans lequel Mohamed Saïd refuse aussi d'être rangé. «Je ne suis pas d'accord avec ce découpage de salon. La base du PLJ existe. Elle est composée de démocrates, de nationalistes, d'islamistes modérés. Attendons de voir les élections qui nous diront quel est le poids réel de chaque formation…» Nous avons aussi contacté Mohamed Djemaâ, porte-parole du MSP. Pour lui, cet «effritement» de l'électorat est préoccupant. «Ce n'est pas le système qui est en cause mais une tendance de certains politiques à quitter leur formation pour aller en créer une autre. Et on aurait tort de croire que les islamistes sont les seuls touchés : le mouvement berbériste est aussi concerné, les nationalistes également (FLN, FNA, ndlr).» Pas de quoi se réjouir. Cette difficulté à se constituer une base électorale est sans doute ce qui a poussé Mouloud Hamrouche à renoncer à la création de son parti. Ce qui ne l'empêche pas de faire de la politique dans l'ombre… Avec Ali Benflis, ils seraient en train d'activer leurs réseaux dans l'attente d'un signal des «décideurs». «Car au fond, le vrai débat n'est pas entre le PLJ ou l'UDR, mais au sein de l'armée, entre les plus de 65 ans, qui soutiennent Hamrouche, et les moins de 65 ans qui soutiennent Benflis, affirme un ancien haut cadre de l'Etat. Ils ont même actionné le pauvre Benbitour, réduit aujourd'hui à l'image d'un gentil technocrate.» La preuve, s'il en fallait une, que cette fameuse base électorale n'est pas un élément déterminant.
Certains profils ont tout pour séduire les Occidentaux. A l'image de Sid Ahmed Ghozali, l'homme au nœud papillon, qui, il faut bien le dire, apparaît aux yeux des Occidentaux comme plus crédible que ses rivaux. «Comme tous les francophones, il est plus visible. Propre sur lui, civilisé, plus intelligent, plus moderniste que les autres, il rassure, reconnaît un ancien décideur. Les Européens se disent : ‘'Il vaut mieux Ghozali qu'un barbu'', en oubliant que c'est lui qui a ramené le FIS au pouvoir…» Bémol : même le concerné, que nous avons eu au téléphone, dénonce ce «leurre fomenté avec les puissances dominantes». Pour l'ancien chef de gouvernement, ces dernières demandent «un semblant d'ouverture au pouvoir afin d'échapper au désordre que connaissent les autres pays arabes. Pourquoi m'accorder un agrément alors que je l'ai déjà ? s'interroge-t-il. J'ai déposé les statuts de mon parti en 2000. Selon
la loi, si l'administration n'a pas émis d'avis au bout de soixante jours, le parti existe de fait. Je refuse de participer à cette nouvelle mascarade, je l'ai déjà fait il y a dix ans, pas question de recommencer. La solution passe par le départ de ce régime qui contient les germes de sa propre autodestruction.» Amara Benyounès est aussi «un client très présentable pour les Occidentaux qui véhiculent le cliché du Kabyle pro-occidental», souligne un observateur. La forme y est, mais pas le fond, relève malicieusement Karim Tabbou. «L'UDR n'est que l'étape après le RCD. Ces partis bénéficient de la même manière des largesses et des avantages que leur accorde l'Etat.»
En trois mois, les partis n'auront pas le temps de se préparer pour les élections. Elaborer un programme crédible, trouver des candidats dans toutes les wilayas, mobiliser l'électorat et l'argent nécessaire à leur campagne. «On part avec un handicap, s'emporte Amara Benyounès. Le FLN possède 3000 locaux. Le RND, 600. Le PT, entre 180 et 200. Le MSP, 600. Alors qu'un parti comme le mien doit trouver seul les moyens financiers.» Au Parti des travailleurs, Djelloul Djoudi considère au contraire que ces trois mois suffiront à «ceux qui, en réalité, s'activent depuis longtemps.» Il ne les nomme pas mais il est admis que les seuls à «travailler» leur électorat sont finalement les islamistes. Et plus encore, les salafistes, «qui, grâce à la prédication, tissent des liens avec la population sur le long terme, relève un ancien cadre de l'Etat. Entre les salafistes et le pouvoir, finalement, il n'existe au milieu aucune force politique crédible. Ces nouveaux partis ne représenteront pas une alternative au pouvoir, dont les décisions sont toutes contestées par la rue. D'ailleurs, le grand projet de Bouteflika était de créer un parti islamique, type AKP ou Ennahda, avec tous les mouvements islamistes. Sauf qu'il n'a plus le temps de le faire» et qu'il n'est pas prêt aujourd'hui à donner des agréments aux anciens du FIS. «Ce pouvoir est coupé de la réalité. Il pense que Djaballah va canaliser l'électorat salafiste. Que Benyounès prendra celui du FFS et du RCD. Que Mohamed Saïd absorbera une partie du FLN et que Ghozali récupèrera les votes démocrates. En gros, on revient aux années 1990, en pire. Car à l'époque, il y avait un pouvoir public fort et une cohésion du mouvement islamiste autour du FIS. Maintenant, la seule carte qui reste au pouvoir est la rente pétrolière.»
L'enjeu des législatives – et de la succession – n'est pas la création de nouveaux partis. «Il ne faut pas se leurrer : l'enjeu des législatives est ailleurs. La crédibilité de ces élections tiendra à la participation du FFS», souligne un ancien responsable. Une décision sur laquelle Karim Tabbou, premier secrétaire du parti, en bon politique, refuse pour l'instant de se prononcer. «Pour que le FFS participe aux législatives, deux conditions devront être réunies, nous a-t-il déclaré. L'égalité des chances pour tous les partis – donc la neutralité de l'administration – et la garantie de la régularité des élections. On ne sait pas encore si l'ouverture envisagée est de bonne foi. Si les conditions restent les mêmes, je préfèrerais, à titre personnel, qu'elles n'aient pas lieu.» Mohamed Saïd préfère jouer la carte de la sincérité sans extrapoler la démarche du pouvoir. «Pour moi, cette ouverture est une brèche dans laquelle j'essaie de passer, se défend-il. Toute politique repose sur un calcul. Le pouvoir a intérêt à ouvrir le champ pour assurer sa survie ? A nous d'apporter l'oxygène pour le changement. En attendant, je ne veux pas préjuger de ce que fait le pouvoir. On verra sur le terrain comment ça va se passer.» n


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