Bijoux précieux, monnaies, pièces d'ambre, figurines et sculptures en ivoire, des milliers d'objets antiques ont été dérobés dans une banque durant les combats de la révolution libyenne. Connue sous le nom de «Trésor de Benghazi», une collection numismatique, d'une valeur historique inestimable, a été pillée du sous-sol de la Banque nationale du commerce de Benghazi, après un incendie criminel de diversion faisant croire à un acte de rébellion. La collection «unique au monde», selon les spécialistes, comportait près de 7700 pièces d'or, d'argent et de bronze découvertes dans les années 1920 au cours de fouilles du Temple d'Artémis, en Libye, dans l'antique cité de Cyrène, aujourd'hui Shahat, une ancienne colonie grecque et romaine dévolue à Cléopâtre par Marc Antoine. Considéré par les spécialistes comme une catastrophe inégalée, rappelant la mise à sac du Musée de Baghdad, le pillage de la Banque de Benghazi a été opéré en mai dernier. La perte de ce patrimoine libyen est un dommage exceptionnel, selon Serenalla Ensoli, archéologue italienne de l'université de Naples et spécialiste d'antiquités libyennes. Ce trésor était resté à l'abri depuis sa découverte, il y a plus de 80 ans et n'avait fait l'objet d'aucune étude scientifique. Des sources proches du département d'archéologie à l'université de Benghazi indiquent que des pièces d'or islamiques et grecques ont circulé récemment dans les boutiques d'or à Benghazi. Des rumeurs font état d'arrestation au port d'Alexandrie, en Egypte, d'un individu qui aurait tenté de faire passer en fraude 503 pièces d'or et une statuette de 7,5 cm en or provenant du butin. Curieusement, les nouvelles autorités libyennes ont informé l'Unesco «en privé» en juillet seulement. Après ce laps de temps, qui a joué en faveur des criminels, Interpol serait dans l'incapacité de pister les traces de la collection. De nombreuses pièces remontent à l'époque d'Alexandre le Grand, d'autres ont été frappées vers 570 avant l'ère chrétienne. Selon un archéologue libyen du Royal Collège de Londres, les voleurs ont agi comme des professionnels, connaissant parfaitement la valeur des objets volés. Le butin emporté comporte également une cinquantaine de figurines en ivoire, en bronze et en verre.
