Vide juridique et ambiguïté des textes régissant le foncier sont, dans la plupart des cas, à l'origine de longs et coûteux conflits. L'implantation de 50 locaux à usage professionnel dans le quartier du 8 Mai 1945 de Mila soulève l'ire des habitants de la cité. C'est la levée de boucliers chez ces derniers qui remettent en cause le choix du site censé abriter des espaces verts. Les choses ont commencé à s'envenimer à partir du mois de septembre, lorsque l'entreprise détentrice du projet, dont le maître de l'ouvrage est la DUC, a pris ses quartiers sur les lieux et entamé les premiers travaux. Les épargnants de la promotion immobilière CNEP-OPGI, autrement appelée les 320 logements, ne comptent pas se laisser faire. «C'est une transgression flagrante des lois sur la copropriété, d'autant plus que certains épargnants détiennent l'acte de propriété et le livret foncier. Par quel subterfuge, dès lors, les poches urbaines résiduelles sont affectées à l'édification d'équipements publics, alors qu'aux yeux de la législation elles sont destinées à faire office d'espaces verts ?», ont-ils tonné. Selon nos interlocuteurs, les cours, les terrains à usage de parking ou de jardin et les voies d'accès à l'intérieur de la cité relèvent du strict domaine de la copropriété. Ils se référent à l'ordonnance n° 75-58 du 26/09/1975 du code civil qui définit clairement les parties communes relevant de la copropriété, notamment dans les dispositions des articles 744 à 750. «Il ne s'agit pas d'espaces verts, mais de terrains communaux alloués en priorité aux équipements publics. Et l'intérêt public passe avant tout. Quant au choix du terrain, il a été effectué il y trois ans», a renchéri le directeur de l'urbanisme et de la construction. Pétitions et mouvement de protestation Les plaignants nous ont confié avoir tenté de s'opposer pacifiquement à la mise en œuvre du projet. A ce propos, ils déclarent: «Nous avons, en ce sens, adressé des pétitions au wali, au chef de daïra et au P/APC. Mais, après deux mois d'attente, nous avons constaté que ces correspondances sont restées lettre morte». Face au mutisme des pouvoirs publics, une action de protestation a été organisée le 14 novembre dernier. «Ce jour là, nous avons bloqué pour quelques heures la route longeant notre cité, juste pour démonter aux pouvoirs publics que nous ne cédons aucun iota de notre revendication», a expliqué B. Seddik. «L'entrevue des cinq délégués avec le chef du cabinet du wali n'a pas abouti sur une réelle volonté de prise en charge de notre problème», a regretté, de son côté, A. Mohamed-Chérif. Notons que des lettres dénonçant la violation des espaces verts ont également été transmises au directeur de l'environnement et au responsable de la police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement. Qui a décidé du choix du terrain ? Est-ce que le wali a été informé par la DUC et l'APC sur la nature juridique de la cité du 8 Mai 1945 ? Autant de questions qui taraudent les concernés et qui ne trouvent pas de réponse. En tout état de cause, les résidants ont promis d'aller, le cas échéant, vers des actions de protestation autrement plus radicales. Le bras de fer ne fait, en somme, que commencer.