Faut-il finir par croire, comme le dit le vieil adage populaire, que les «jours qui passent sont meilleurs que ceux qui viennent» ? En tout cas, aucun signe ni indice perceptibles, à l'heure actuelle, ne peuvent convaincre du contraire. Le quotidien des Algériens – celui des jeunes en particulier – ne connaît aucune amélioration depuis au moins une décennie. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir tenter, au péril de leur vie, l'aventure de l'exil. Mêmes préoccupations, même désir de sortir de la précarité, de la «malvie» et du désespoir toujours présent au fil des ans, dans un environnement qui paraît figé, sclérosé… Il est vrai que rien n'encourage à l'optimisme, c'est plutôt le règne de l'incertitude pour beaucoup, pour les plus vulnérables et les plus exposés. Un sentiment que renforce une certaine vacuité du pouvoir, complètement autiste aux attentes des citoyens et, malheureusement, dépourvu de la moindre initiative. Le diagnostic vaut pour tout le monde, de l'Exécutif à l'Assemblée nationale, du président de la République aux maires en passant par le gouvernement. Le vide sidéral ou presque, puisque les seules initiatives prises ça et là vont plus dans le sens d'une «glaciation», d'un durcissement de cet environnement avec le verrouillage des libertés d'association, de la presse et d'expression, de l'activité partisane, etc. On est surpris par «tant d'énergie déployée» pour renforcer encore davantage l'autoritarisme d'un pouvoir déjà fortement oppressant, alors que par ailleurs, il suffit qu'il pleuve quelques heures sur la capitale pour que, dix ans après les inondations de Bab El Oued, des intempéries fassent encore un mort à Alger. Tandis que la Kabylie s'enfonce dans un climat d'insécurité, accentué par les «bavures» des services de sécurité, de plus en plus fréquentes, à l'égard d'une population déjà ciblée par le terrorisme, dans l'indifférence de l'Exécutif et des élus de la nation. Le paludisme tue encore en 2011 en Algérie, après la peste bubonique, la typhoïde et le choléra. La réapparition de la gale, de la tuberculose et d'autres maladies de la «misère» que l'on croyait éradiquées depuis longtemps a de quoi susciter l'indignation de tous, sauf des députés mal élus, du gouvernement, du président de la République. Pas de commission d'enquête ni d'interpellation des ministres en charge de la Santé ou de l'Intérieur, occupés qu'ils sont dans une campagne électorale avant l'heure, ni de Conseil du gouvernement ou des ministres pour se pencher sur ces questions. Rien. Peut-on s'attendre à autre chose de la part d'un pouvoir absent, immobile ? Une vacuité que seraient tentés de combler, inspirés par les «succès» de la récupération et de l'entrisme «accomplis» par les islamistes dans le sillage du Printemps arabe, leurs homologues locaux, qu'ils fassent partie ou non de l'Alliance présidentielle, encouragés, est-ce utile de le préciser, par une passivité du pouvoir à la limite de la complicité.